Qui sont-ils ?
Les rats utilisés par le Pr Séralini pour son étude sont des rats de la souche Sprague-Dawley.
Ce sont des rats albinos, consanguins, dociles et de très bons reproducteurs. C’est l’une des deux souches les plus utilisées en toxicologie, l’autre étant les Wistar. Chaque souche de rats utilisée en laboratoire a été retravaillée par croisement pour en faire apparaître les caractéristiques propres. La souche Sprague-Dawley a ainsi vu sa genèse en 1925 dans les Fermes Sprague-Dawley du Wisconsin.
Selon Olivier Laprévote, toxicologue, il n’y a rien d’étonnant à ce que le Pr Séralini ait choisi cette souche de rats. Leur utilisation est extrêmement classique en toxicologie. Les Sprague-Dawley sont une souche excessivement sensible. Ils développent facilement des maladies. En ce sens, ils sont de bons modèles pour étudier l’influence d’une toxine. De plus, ce sont les mêmes rats qui sont utilisés par Monsanto pour les études toxicologiques menées sur ses nouveaux OGM.
Pourquoi leur utilisation par le Pr Séralini a-t-elle été critiquée ?
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L’espérance de vie des rats est de deux ou trois ans. La durée de l’étude du Pr Séralini est de deux ans. L’étude a donc eu lieu sur l’essentiel de la durée de vie des rats. Les rats vont donc nécessairement développer des pathologies du fait-même du vieillissement de leur organisme. Comment alors distinguer les pathologies dues à une absorption d’OGM et celles dues à l’âge ?
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Ces rats sont très fragiles et développent facilement des tumeurs. Selon une étude publiée dans Cancer Research en 1973, 45% des Sprague-Dawley développent une tumeur en 18 mois. Cette étude n’est pas la seule qui ait été menée à ce sujet. On peut également citer Solleveld et al. (1986), Hotchkiss (1995), Durbin et al. (1966), Kaspareitt et Rittinghausen (1999) qui toutes indiquent qu’au cours de leur vie entre 47% et 76% des femelles Sprague-Dawley développent des tumeurs mammaires. Stephen Hillen, vétérinaire chez un grand producteur français d’animaux de laboratoire, indique qu’il est exceptionnel que ces animaux parviennent à l’âge de deux ans sans problème physiques car ils sont très sensibles à la cancérogenèse et ont les reins fragiles.
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Ces tumeurs grossissent très rapidement. Selon Isabelle Goncalves, vétérinaire à l’institut clinique de la souris, elles passent de la taille d’une lentille à celle d’une balle de ping-pong en deux semaines ! On a donc reproché au Pr Séralini d’avoir mis en scène des rats développant des tumeurs énormes à des fins médiatiques.
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Ils sont extrêmement sensibles au stress. Si les animaux ont été stressés par l’équipe du Pr Séralini, cela a pu influer sur les résultats finaux.
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Leur alimentation influe directement sur leur propension à développer des tumeurs. Selon Marc Fellous, professeur de génétique à l’Inserm, lorsqu’ils sont nourris avec une alimentation protéinique ou riche en énergie comme le maïs, ces animaux sont d’autant plus susceptibles de développer des tumeurs, et ce, que le maïs soit génétiquement modifié ou non. La qualité nutritive de leur alimentation a un impact direct sur la santé des rats.
Pourquoi les mêmes reproches n’ont-ils pas été faits à Monsanto ?
Parce que Monsanto se livre à des études toxicologiques de trois mois. Les rats sont alors en général en bonne santé et développent spontanément peu de tumeurs. Bien sûr, cela ne signifie pas que les protocoles expérimentaux mis en œuvre sont exempts de reproches (puissance statistique trop faible, par exemple) mais la souche de rats utilisée semble, dans ce cas, adaptée.
Comment donc utiliser ces rats pour des études toxicologiques longues ?
Afin de distinguer de manière adéquate les pathologies dues au vieillissement de l’organisme des rats et celles dues à l’action éventuelle d’une toxine, il faut des échantillons de grande taille. Plus la durée de l’étude est longue, plus, logiquement, la taille de l’échantillon doit être conséquente.
Les tests officiels de cancérologie utilisent des groupes témoins de 50 mâles et 50 femelles pour détecter ce qui relève de la fragilité intrinsèque du rat et ce qui relève de l’influence éventuelle d’une toxine.
Le groupe témoin du Pr Séralini ne comptait que 10 mâles et 10 femelles, soit cinq fois moins. 30% de ceux-ci ont naturellement développé des tumeurs.
Continuer sur le problème de la durée des études.