Les solutions internes à l’élevage

Si certaines réactions au rapport de la FAO sont allées jusqu’à remettre en cause l’existence de l’élevage, une grande partie du débat s’est orientée vers ce que nous appellerons des solutions internes à l’élevage, de réforme de celui-ci. De nombreux acteurs se sont prononcés pour une évolution du système de production de manière à produire moins de gaz à effet de serre (GES). Cependant tous ne prônent pas les mêmes solutions et celles-ci aussi sont controversées. 

L’intensification

Quels sont les avantages de l’intensification ?

Face au problème des GES, une solution parait évidente: augmenter la production par animal. En effet, la principale source d’émissions de GES dans le système de production étant l’animal lui-même, « La fermentation entérique représente 52% des émissions totales » Dollé et al., il faut le rendre le plus productif possible. Dans cette optique, intensifier la production permettrait de produire plus par vache en utilisant moins de surface et donc plus d’intrants. Cette intensification de la production a déjà été expérimentée aux Etats-Unis par exemple, mais aussi dans certains pays de l’Europe du nord (comme le Danemark) à d’autres échelles.

Ainsi la concentration des vaches dans des espaces restreints permet de gagner de l’espace (ce qui est intéressant dans des pays comme le Danemark où le prix de la  terre est élevé). Un autre aspect de ce type de production est l’hyper spécialisation des animaux, et donc par exemple une séparation stricte entre les systèmes de production de lait et les systèmes de production de viande dans le cas des bovins.

  »Aux Etats-Unis c’est très spécialisé, c’est à dire qu’ils élèvent les animaux dans les Rocheuses, les grands espaces, et ensuite on les rassemble dans les feedlots, parce que l’alimentation des animaux n’est pas la même quand ils sont en phase de croissance, on les engraisse à la fin, pour leur donner plus de gras. »

Source:  XXX

Ce type de système permet de réduire l’empreinte carbone par litre de lait ou Kg de viande produite:

« Au niveau de l’animal, l’intensification de la productivité́ par vache est la solution la plus mise en avant car, en augmentant la ration (diminution du temps de séjour dans le rumen) et en diminuant la quantité de parois végétales dans celle-ci (augmentation des concentrés), la quantité de méthane émise au litre de lait diminue. L’intensification animale diminue la production de méthane par kg de lait. »

Source: Sontag et al. 

L’idée de l’intensification est d’allier efficience économique et écologique en limitant les pertes et les défauts liés à une mauvaise gestion du troupeau, ce qui passe par une sorte d’industrialisation de la production de viande.

Quelles sont les limites de l’intensification ?

Des problèmes de mesure

Cependant, il existe des problèmes de mesures et comme de nombreuses études ne prennent pas en compte l’empreinte carbone nette (absorption de carbone par les prairies, haies etc…), il est difficile de comparer les systèmes intensifs et les systèmes extensifs qui, eux, permettent l’existence de prairies par exemple. De plus si l’on compare globalement ce type de systèmes aux systèmes extensifs, il n’est pas évident qu’ils soient plus efficaces en terme d’empreinte carbone du fait de la spécialisation des animaux. C’est ce qu’affirme Jean Louis Peyraud, chercheur à l’Inra :

« Dans les systèmes très intensifs, la vache laitière ne produit quasiment pas de viande, donc on crée des troupeaux de viande, on crée des feedlots. […] En fait dans un bilan GES  d’un élevage intensif laitier il faudrait compter ces feedlots qui eux émettent beaucoup aussi. C’est la somme des deux qui compte car le consommateur mange du lait et de la viande. »

Il ajoute plus loin quant à la question de la spécialisation des ateliers :

« Je pense que la stratégie à double finalité est plus performante globalement. »

Celle-ci consiste en l’utilisation de vaches capables de produire aussi bien du lait que de la viande (certaines races normandes par exemple). Ces vaches seront moins productives sur chacun des produits  mais l’empreinte carbone sera divisée entre chacun de ces produits et donc probablement réduite (il y a encore peu d’études sur l’efficacité environnementale  d’un tel système).

On voit également qu’au travers de ce doute sur l’efficacité écologique des systèmes très intensifs se pose  une question majeure de l’échelle de la mesure. En effet, du point de vue d’une seule exploitation laitière très intensive, il semble que l’empreinte carbone du lait produit intensivement soit plus faible. Mais lorsque l’on passe à l’échelle d’un pays ou d’une région et que l’on prend en compte l’ensemble de la production de produits animal, elle n’est plus nécessairement la meilleure option. Il faut donc réussir à prendre en compte la production suffisamment globalement tout en arrivant malgré tout à prendre en compte la spécificité des différentes régions et systèmes de production.

Si l’optimisation des systèmes intensifs est remise en question écologiquement, ils posent également d’autres problèmes d’un ordre non quantifiable.

La question de la valorisation du territoire

On peut prendre dans ce cadre l’exemple de la valorisation du territoire, qui pose un problème en France. L’intensification implique une concentration de la production et donc la fin de l’élevage dans certaines régions. Or celui-ci fait partie du paysage local. Ainsi certaines régions dépendent énormément de l’élevage puisque celui-ci est la seule raison pour laquelle le territoire est habité, comme pour le massif central ( J-L Peyraud). Il s’agit de choisir entre une région recouverte de forêt inhabitée ou bien de prairies et donc quelques villages:

« Aux Etats-Unis, il y a des espaces naturels et des espaces qui sont hyper-industriels. En France, le paysage est quasiment tout le temps cultivé ou entretenu, et donc la nature et l’agriculture sont mêlées, [...] c’est un critère qui pourrait avoir des conséquences. »

En France, l’élevage extensif permet notamment une valorisation du territoire, de plusieurs manières :

  • En participant au paysage qui nous entoure :
    Les paysages que nous connaissons ne sont pas apparus spontanément et l’élevage a participé à leur développement. Tout d’abord, les troupeaux permettent de maintenir l’herbe rase ce qui offre à la vue un espace dégagé. De plus, les éleveurs entretiennent les champs et leurs alentours, ce qui structure l’espace. Ainsi, les prairies sont, d’une certaine façon, entretenues par l’élevage.
  • En valorisant des zones défavorisées :
    Les prairies se situent souvent sur des territoires non-cultivables ou peu fertiles. Sur ces terres, les céréales ne peuvent pas être cultivées. L’élevage peut donc permettre aux populations de ces régions difficiles de développer une activité économique.
  • En produisant des zones de régulation écologiques :
    Les haies ou les prairies sont appelées « zones de régulation écologique » ou « éléments agroécologiques » car elles sont gérées de manière extensive et abritent une grande diversité d’organismes vivants. Or, cette biodiversité est essentielle dans les différents cycles naturels.

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Ainsi, serions-nous d’accord pour supprimer ces champs et les remplacer, à d’autres endroits, par des élevages intensifs ?

Des problèmes économiques

En outre, des problèmes de mesure sur la question de l’efficacité économique se pose aussi. Un système très intensif est aussi très intensif en capital et demande des investissements très importants. Seulement, cela aboutit à des taux d’endettement très importants dans certaines exploitations qui ne semblent plus êtres viables, comme ce serait le cas des systèmes danois avec des taux touchant les 90%. (J-L Peyraud).

L’intensification induit également une réduction du nombre d’emploi dans le secteur, et pose un problème de chômage dans une société où il est considéré comme l’un des plus grands fléaux économiques. C’est ce que constate  J-L Peyraud:

« Un million de litre de lait au Danemark fait vivre une famille, un million de litre dans le massif central ça en fait vivre 4 ou 5. »

Or comme nous l’avons vu, le Danemark est un pays qui a privilégié l’intensification.

« La ferme aux milles vaches »

La ferme aux milles vaches est un projet dans le nord de la France qui a du faire face à une très forte opposition et est devenu en quelque sorte le symbole de l’opposition à l’intensification de la production française.

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Le projet consiste en l’exploitation d’une ferme de milles vaches laitières et 750 génisses, une échelle jamais atteinte en France où les exploitations sont en moyenne 15 fois plus petites.  L’ambition du projet est d’industrialiser le processus de production laitière et de l’intensifier pour avoir des animaux plus productifs. Le projet s’inspire du modèle allemand ou encore américain. En effet, en Allemagne, les fermes de milles vaches ne sont pas rares.

L’organisation traditionnelle du travail dans les exploitations agricoles français sera aussi bouleversée puisque l’on s’approchera d’une organisation plus industrielle, (ces détracteurs l’appellent aussi la ferme-usine) avec des employés et des chefs de projet, comme le rappelle l’article dans le journal Le MondeVaches : l’étable des multiplications :

  »Autre rupture : pour gérer cette structure d’élevage et piloter l’installation de la future ferme, M.Ramery [l'entrepreneur à l'origine du projet] a recruté un chef de projet salarié, Michel Welter, et des employés. »

De plus, un méthaniseur de taille importante sera installé sur le site pour rentabiliser les déjections animales et utiliser le méthane qu’elles produisent pour faire de l’électricité et le revendre. Ceci vise à rendre la ferme plus efficace aussi bien économiquement qu’environnementalement.

Millesvaches21.03.14

 Etat des travaux au 21/03/14. Source: Novissen

Cependant ce projet a vu une forte opposition se former, notamment au travers d’une association de riverains et de producteurs locaux, Novissen (Nos Villages se soucient de leur environnement). Leur opposition se fonde sur plusieurs arguments:

Tout d’abord, ceux-ci s’inquiètent des risques liés à la taille, selon eux industrielle,  du méthaniseur qui sera aux normes agricoles. Mais aussi aux risques sanitaires, et notamment les risques de propagation d’épidémies dans la promiscuité des étables leur semble aussi poser un véritable problème de santé. 

Le traitement des déjections pose problème puisque pour pouvoir épandre les quantités importantes de lisier produites par l’exploitation, il faudra amener en camion des déjections toxiques et les épandre dans de nombreuses exploitations agricoles aux alentours. Le projet est d’ailleurs notamment bloqué par certains agriculteurs qui refusent de vendre leurs terrains ou d’épandre le lisier produit par cette ferme.

Il y a également un véritable problème d’acceptabilité sociale d’un tel projet pour les raisons que nous avons énoncées. Mais il pose aussi un problème d’emploi puisque ce projet empêchera des jeunes agriculteurs de s’installer dans la région au vue de sa taille, et on retombe alors dans des problèmes similaires à ceux que nous avons évoqué précédemment. Des millions de litres de lait feront vivre assez peu de familles et cela va dans le sens d’une libéralisation du secteur agricole non voulue par de nombreux producteurs français

Les actions en justice et les actions par les activistes sur le chantier montrent la forte opposition de la société civile face au projet et donc la difficulté de modifier l’élevage français dans cette direction. Cela justifie aussi le fait que la décision de production ne peut pas se faire sur des calculs environnementaux et économiques uniquement, l’analyse du problème doit être multicritère comme le demande INTERBEV par exemple. 

L’adhésion relativement faible du système d’élevage français a mené à la revendication d’autres systèmes innovants en dehors du cadre de l’intensification. 

Les systèmes Extensifs

En fonction des systèmes déjà existants, et du type de mesures adoptées, plusieurs initiatives de modification de l’élevage sont défendues.

Ces modifications répondent à différentes dynamiques: d’une part , celle des producteurs eux-mêmes, qui cherchent à répondre aux accusations concernant l’impact environnemental de l’élevage. C’est le cas par exemple d’initiative comme celle du Centre d’Etude pour une Développement Agricole Plus Autonome (CEDAPA).

« Les agriculteurs du CEDAPA, par soucis d’ordre social, ont pris l’initiative de changer de mode de production, et ont essayé de mettre en place un système de production qui permette de produire de l’eau propre, c’était leur motif essentiel au départ. Ils ont créé eux même un cahier des charges, nous les chercheurs nous n’étions pas là pour créer un système, on a aidé bien sûr, on a défini avec eux, certains paramètres, certaines orientations, certaines stratégies. »

Source: Entretien avec Michel Journet

D’autre part, le rapport “Tackling climate change through livestock” a aussi mis en exergue la nécessité d’un cadre institutionnel incitatif et adapté pour la mise en œuvre des recommandations institutionnelles. En France, le projet de Loi d’Avenir pour l’Agriculture, l’Alimentation et la Forêt (LAAF), cherche ainsi à mettre en valeur les initiatives d’agroforesties.

Le système herbager

L’élevage en France n’est ainsi pas aussi intensif et spécialisé qu’aux États-Unis. La majorité des exploitations sont de taille familiale (entre 50 et 100 vaches en moyenne, d’après les données de l’Institut de l’élevage), et sauf dans certaines régions (le Massif central par exemple), les étapes d’élevage sont toutes sur la même exploitation:

Dans ce cadre, les associations professionnelles, comme INTERBEV, défendent plutôt le maintien et l’expansion des systèmes d’élevage en prairies, en faisant valoir la capacité de la surface en herbe, et celle des haies, à capturer le CO2 émis par le bétail, par le biais d’expertises auprès des éleveurs.

Cette initiative s’inscrit effectivement dans le cadre d’une analyse multicritère, à plusieurs titres:

  • Elle compense partiellement les émissions de GES, via la captation du CO2 par les haies et l’herbe au sol des prairies;

  • A l’inverse du système intensif relégué à un espace géographique spécialisé dans l’élevage, elle désanctuarise l’élevage en le replaçant dans le paysage, et notamment en évitant l’abandon des terrains: cette problématique a été l’un des leviers de prise de conscience des risques de l’élevage intensif dans les années 80, comme le rappelle Michel Journet:

“A l’époque on parlait d’extensification [...]. C’était pour lutter contre ce qu’on appelait la déprise agricole, c’est à dire qu’il y avait une concentration très importante des productions, il y avait la production laitière en Bretagne… Je me rappelle le pays d’Auge, qui était une région très riche, s’embroussailler complètement.”

  • Elle entretient le “lien au sol” de l’élevage, ce que la LAAF appelle le “cercle vertueux” de l’agriculture, et que l’on pourrait rapprocher aussi des déterminants de l’indicateur PAEP. Cette méthode de mesure part du principe que plus un système repose sur des ressources internes à l’élevage (les cycles naturels du carbone et de l’azote notamment), issues de l’atmosphère et du sol, notamment via les capacités de recyclage des végétaux, plus il est durable.

  • Elle permet une augmentation de la biodiversité en multipliant les espaces verts autonomes.

Les résultats obtenus autour de ce système sont controversés. Notamment, dans son article “Policy and technological constraints to implementation of greenhouse gas mitigation options in agriculture”, l’équipe de P.Smith met en avant l’incertitude qui entoure le calcul de la traçabilité du carbone dans l’élevage, ainsi que de l’impermanence du calcul. En effet, selon les chercheurs, le sol ne capte les GES que dans un laps de temps de 1 à 33 ans.

Ces mêmes auteurs pointent un autre problème de ces mesures: celui de sa viabilité économique. En effet selon eux, les sacrifices de production associés à l’émergence de cette méthode seraient trop élevés pour rester rentables du point de vue des éleveurs. Si ce système d’élevage dispose ainsi d’une très grande acceptabilité sociale, renforcée par un ensemble de campagnes de communication à propos de l’élevage local, il pourrait pâtir d’un manque de compétitivité vis à vis du système intensif s’il est appliqué seul.

L’impact de la modification de l’alimentation des animaux

D’après les calculs entrepris via l’indicateur PAEP, l’importance des compléments azotés, comme le soja, a beaucoup à voir avec le déséquilibre du système d’élevage. Sa fabrication, très coûteuse en énergie, aggrave ce constat. Le succès des compléments azotés, quant à lui, est lié à sa rentabilité pour les éleveurs.

Réduire les compléments azotés, et revenir à une alimentation essentiellement herbagère, permettraient de réduire l’impact environnemental de l’élevage.

Ce système va à l’encontre du modèle d’alimentation adopté dans l’élevage intensif, et implique une baisse de productivité. Cependant, pour réduire ce phénomène le CEDAPA a aussi mis en avant des aliments à forte concentration en protéines et en azote, comme les graminés, et en particulier le trèfle blanc. Par rapport aux intrants azotés, le trèfle blanc ne relève pas d’une production industrielle et permet donc un équilibre plus naturel du système herbager:

“Voilà comment fonctionne le système, » nous a expliqué Michel Journet  » à cette condition là vous pouvez réduire considérablement vos intrants, parce que vous produisez avec de l’herbe paturée qui est très riche, par conséquent vous pouvez diminuer le complément. Vous pouvez complètement supprimer les fertilisants puisque les mélanges légumineuses graminées fonctionnent sans fertilisants”

Du point de vue économique, si cette réduction des intrants passe par une baisse de la production, elle se solde tout de même par un gain économique pour les éleveurs, qui réduisent leurs dépenses en consommation électrique, ainsi qu’en intrants, puisque les ressources sur lesquelles ils s’appuient sont essentiellement disponibles dans la nature.

Réduire ou non la production?

La réduction des intrants passe aussi par l’élevage de vaches moins productrices, et qui demandent une alimentation moins énergétique. Cette dernière mesure proposée se place au coeur d’un des noeuds de la controverse au sein des systèmes internes à l’élevage: le passage à un élevage plus durable peut-il se passer d’une réduction de la production?

Pour Michel Journet, c’est indispensable. Pour retrouver un cadre équilibré, il faut réduire les intrants, mais aussi la consommation d’énergies fossiles. Cette dernière dimension est liée au niveau d’activité de l’exploitation, et notamment à son niveau de mécanisation et d’automatisation.

Ce point de vue est problématique dans la mesure où la demande de viande augmente dans le reste du monde. Une des réponses à cet impératif est de défendre une meilleure répartition mondiale de l’élevage: moins d’élevages dans les pays ayant déjà une forte concentration, et plus dans les pays qui ont justement besoin de ressources économiques et qui pourraient profiter des gains de cette activité.

Mais la transition vers ce système n’est pas évidente, et peut paraître d’autant plus problématique que les normes sanitaires ne sont pas homogènes dans le monde. Les dernières crises sanitaires à propos de l’origine de la viande ont accru l’inquiétude à propos des conditions d’élevage et de leur adéquation avec les habitudes culturelles locales.

Nombreux sont donc les acteurs qui cherchent à allier performance économique et performance écologique. Mais là encore, les méthodes adoptées sont divergentes. Dans un rapport publié sur le site du CIV, “concilier production et environnement en système bovins allaitants: état des lieux et pistes de progrès”, l’Institut de l’Élevage a cherché à quantifier les gains économiques ou les coûts de certaines mesures permettant de limiter l’impact des émissions de GES de l’élevage.

Avec trois types d’investissements financiers :

  • Certaines mesures représentent un gain financier pour les producteurs par une modification de la gestion de l’élevage plus que par des investissements;
  • les mesures qui ont un coût modéré comme la méthanisation ou l’instauration de prairies à haies provoqué par un investissement ou une faible diminution de la production;
  • Les investissements plus importants du fait du recours à des technologies spécifiques.

Cliquez sur l’image pour accéder au document complet et téléchargeable sur le site du CIV:

 

Les autres méthodes

Le choix d’un  système de production intensif ou extensif n’est pas le seul choix que peuvent faire les producteurs dans le cadre d’un effort pour réduire l’empreinte carbone de leur production. Ainsi il existe différentes techniques permettant de réduire cette empreinte qui n’appartient pas nécessairement à l’un des deux cas précédemment décrit:

L’installation d’un méthaniseur permet par exemple d’extraire le méthane du fumier ou lisier pour ensuite produire de l’énergie. Ainsi cette opération est intéressante écologiquement car sinon les excréments auraient délivré leur méthane dans la nature et celui-ci n’aurait servi à rien.

Le régime des bêtes peut aussi être modifié et dans le cas des bovins, la consommation d’acides gras polyinsaturés (notamment de graine de lin) permet une réduction des émissions de méthane au cours de la fermentation entérique, d’après Pauline Vanel de l’association Bleu Blanc Cœur, « on constate une réduction de l’ordre de 18% [pour les taurillons] ce qui est énorme, et plutôt de l’ordre de 12 à 15% pour la vache laitière. »

La modification génétique des vaches peut être aussi envisagée et pourrait permettre de donner une solution à plus long terme. En effet, une partie de la recherche se concentre sur ces aspects de génétique pour sélectionner les races les moins émettrices de GES.

Si ce type de solutions a généralement des aspects positifs du point de vue de l’environnement puisqu’elles sont pensées en fonction de celui-ci, elles ne sont pas toujours facilement applicables.

Ainsi l’efficience économique rentre en compte notamment avec les graines de lin qui coûtent chères, mais aussi le méthaniseur qui demande un très gros investissement et qui n’est donc possible que sur des exploitations de taille relativement importante.

De plus, cela peut aussi poser des problèmes d’acceptabilité sociale comme dans le cas du méthaniseur qui présente des risques d’explosions qui peuvent inquiéter les voisins.

Le méthaniseur:

Le lisier produit beaucoup de méthane, et ce dernier peut être extrait de manière à produire de l’électricité. Cette dernière peut ensuite être revendue et ainsi assurer un revenu complémentaire aux éleveurs. Or ce méthane était de toutes les façons perdu et allait se répandre dans l’atmosphère. Cette solution semble donc très positive pour l’environnement et pour réduire les émissions dues au stockage des effluents, qui représentent une part importante dans ces émissions de méthane. Selon Pitesky et al.  la méthanisation de ces déchets pourrait réduire jusqu’à 75% du CH4 émis par les déjections.

méthaniseur

Méthaniseur Source: Ministère de l’agriculture

Seulement un tel projet demande un lourd investissement allant de 300000 à 800000 euros selon le ministère de l’agriculture  et n’est par conséquent envisageable que pour les exploitations de moyennes à grandes tailles. Cependant, 10 à 30% de l’investissement initial pourra provenir d’aides de l’UE ou régionales. Ainsi pour  inciter les agriculteurs à pratiquer ce genre de solution, le ministère a mis en place un plan énergie méthanisation autonomie azote (EMAA), qui promeut le développement de la méthanisation à la ferme. 

Comme ce genre d’installation est difficilement réalisable sur des exploitations de petites tailles, on pourrait envisager d’installer des méthaniseurs de taille importantes dans certaines régions pour que les éleveurs des environs puissent y déposer les effluents. Seulement ce genre de solution se heurte au refus de la population avoisinante en effet selon J-L Peyraud:

« Du point de vue de ces gens, ils ne voient que des inconvénients, problèmes d’odeur, camions qui n’arrêtent pas de passer sur les routes, risque d’explosion, et face à ça un public d’éleveurs qui eux n’ont que des avantages. »

C’est de nouveau un problème d’acceptabilité sociale.

 L’initiative Bleu Blanc Cœur:

En changeant l’alimentation des animaux il est possible de réduire les émissions dues à la fermentation entérique. Ainsi, l’intiative Bleu Blanc Coeur  consiste à encourager les éleveurs à fournir plus d’oméga 3 dans la ration de leurs animaux, d’une part pour améliorer leur alimentation et la qualité du lait produit mais aussi pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

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