Que disent les chiffres ?

          Les statistiques obtenues grâce aux simulations numériques sont en bon accord avec les mesures que l’on peut faire, et permettent de faire des prédictions, d’après l’experte en pneumologie Isabella Annesi-Maesano. Cependant, il faut interpréter ces statistiques.

Les simulations numériques révèlent des différences géographiques importantes dans la pollution atmosphérique, à toutes les échelles.

Quantité moyenne de PM10 dans l’air pour l’année 2011. Source : European Environment Agency, Air quality in Europe — 2013 report
Quantité moyenne de PM10 dans l’air pour l’année 2011.
Source : European Environment Agency, Air quality in Europe — 2013 report

           Ainsi, les chiffres de pollution annoncés par une région sont toujours des moyennes dans l’espace. Lorsque la France donne ses valeurs de particules fines dans l’air, ces valeurs sont bien inférieures à celles que l’on peut mesurer à Paris, Lyon et Marseille, et supérieures à celles du Sud-Ouest. De même, à l’échelle d’une ville, la pollution en particules fines n’est pas la même près d’un grand axe routier et dans une zone piétonne. A titre d’exemple, le site d’Airparif, un organisme de surveillance de la qualité de l’air, propose une carte détaillée de la pollution atmosphérique en Ile-de-France. D’après le professeur Annesi-Maesano, il est possible de voir des variations notables en termes d’effets sur la santé sur une distance aussi courte que 200m. Cela ouvre une nouvelle question sur le choix des normes, et sur l’échelle à laquelle elles doivent s’appliquer, si l’objectif des normes est de limiter l’impact des particules fines sur la santé.

A cela s’ajoutent des variations de la pollution en fonction des conditions topographiques. D’après Isabella Annesi-Maesano, le relief et le climat jouent un rôle déterminant dans l’état de pollution de l’atmosphère. Par exemple, le pic de pollution du 14 mars était dû en partie à l’absence de pluie pendant une période inhabituellement longue.

            De même qu’il y a des inégalités géographiques en ce qui la quantité de particules fines présentes dans l’atmosphère, la concentration de ces particules varie également dans le temps. Pendant les périodes de trafic intense, typiquement de 7h à 9h et de 16h à 18h, le taux de particules fines est beaucoup plus élevé que durant le reste de la journée.

A cela s’ajoutent les effets météorologiques. Le taux de pollution en particules fines est ainsi très variable au cours de la journée. Les chiffres donnés par les autorités sont, ici aussi, des moyennes dans le temps. Les chiffres sont donc toujours une approximation de la réalité, et justement, cela peut poser problème. Notamment, quelqu’un qui circule au moment où le trafic est le plus élevé est soumis de façon régulière à un fort taux de particules fines, bien plus élevé que les chiffres officiels.

Le contrôle des normes est donc relativement compliqué, et même si les normes sont effectivement respectées en moyenne dans le temps et dans l’espace, certaines populations sont malgré tout soumises à de fortes concentrations de façon régulière. Or c’est cette exposition régulière qui est déterminante, d’après Isabella Annesi-Maesano. Le problème n’est donc pas entièrement résolu ni par l’introduction ni par le respect de normes, ce qui pousse certains acteurs comme les Amis de la Terre à demander l’interdiction pure et simple du diesel en ville.

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