A Londres, le projet de péage avait au départ rencontré une forte opposition des londoniens et des commerçants. L’acceptabilité a pu augmenté quand une forte réduction a été accordée aux résidents de la zone soumise à tarification et une exemption totale de charge aux handicapés. Un autre facteur bénéfique a été le reversement intégral des recettes au financement des transports. Le maire a abondamment consulté les usagers concernés sur une période de 18 mois, en utilisant largement la radio, les journaux. Les trois paramètres du péage que sont les limites géographiques, les heures de fonctionnement et le niveau du péage, ont été influencés par les résultats de ces consultations. Cependant, il n’a jamais été question de soumettre la décision à référendum.
Quant à l'acceptabilité même, en 2003 plus de 50 % des Londoniens (du Grand Londres, donc bien au-delà de la zone centrale) soutenaient cette démarche, et seulement 30 % des habitants se prononçaient contre (d’après une evaluation économique de Transport for London, 2003).
Le maire de Londres a été élu sur ce projet en 2000 mais également réélu en 2004, c'est-à-dire un an après la mise en fonctionnement du péage, avec un projet d’augmentation du niveau de péage (effectif en 2005) et d’extension de la zone à péage (effectif en 2007).
L’expérience du péage de Londres montre comment une volonté politique forte, conjuguée à un consensus sur le caractère critique de la situation, a permis de passer outre l’impopularité de cette mesure qui paraissait initialement insurmountable: l’acceptabilité, profondément mauvaise aux premiers pas du péage, a pu se transformer grâce au dialogue et l’adaptation menés par le maire avec les usagers.
Plus globalement, l’opinion était toujours contre le péage urbain. Cependant, un changement d’opinion s’est doucement opéré après le démarrage de celui-ci. De même à Stockholm[3] , le choix a été donné à la population de poursuivre la politique de taxation des véhicules allant au centre-ville après six mois d’expérimentation, et alors meme qu’avant la realisation du projet celui-ci était totalement impopulaire, la population a souhaité conserver ce péage. En effet, le péage urbain a permis de répondre à trois problèmes : la congestion, le financement des infrastructures, et la pollution. Dans ces cas, le succès du péage urbain résultait d’une union politique droite-gauche-écologistes.
1. ↑Zheng Zuduo, Liu Zhiyuan, Liu Chuanli Shiwakoti Nirajan “Understanding public response to a congestion charge: A random-effects ordered logit approach”, Transportation Research Part A-Policy and Practice, Dec 2014, Vol n°70, pages 117-134
2. ↑Charles RAUX, Stéphanie SOUCHE, Damien PONS (2009) Trois expériences de péage urbain en Europe: évaluation et bilan socio-économique. Rapport final pour la DRI. PREDIT. Laboratoire d'Economie des Transports, Lyon
3. ↑Schuitema, G., Steg, L., & Forward, S. (2010). Explaining differences in acceptability before and acceptance after the implementation of a congestion charge in Stockholm. Transportation Research Part A: Policy and Practice, 44, 99-109