Alors que certains craignent pour l’emploi humain, d’autres voient dans la robotisation un véritable tremplin pour développer la compétitivité des entreprises françaises.
Une révolution bénéfique pour la compétitivité
Les réactions face au nombre grandissant de robots sont très partagées : bon nombre d’économistes non spécialisés, ont répondu, souvent suite aux propositions de
Cette thèse est partagée par
“La prospérité, c’est la production (…). Celle-ci ne provient plus d’intermédiaires mais de producteurs de services ou de biens qui sont capables de mobiliser les innovations robotiques et numériques pour modifier radicalement leurs processus de production. Les gains de productivité des entreprises de services les plus avancées sont déjà quinze fois supérieurs à ceux de la moyenne du secteur. (…)
Les obstacles restent nombreux, qu’ils reposent sur une fiscalité du capital désincitative à l’investissement de long terme, de nouvelles technologies encore méconnues, un droit du travail inadapté aux exigences de la production moderne, des formations trop lentes à s’adapter (…).”
La robotisation, source de déséquilibres sociaux et fiscaux ?
Mais tous ne voient pas la robotisation comme un progrès technique et économique, et certains, comme
Cette peur du robot voleur d’emploi n’est pas nouvelle et a été montrée du doigt dès les années 1990 ; pour un même travail, recourir à un robot est souvent avantageux pour une entreprise, ce qui conduit à une concurrence déloyale. Toutefois, même parmi les partisans d’une taxation des robots, tous ne considèrent pas qu’une substitution complète des travailleurs humains est à craindre. Par exemple,
“Certainly there will be taxes that relate to automation. Right now, the human worker who does, say, $50,000 worth of work in a factory, that income is taxed and you get income tax, social security tax, all those things. If a robot comes in to do the same thing, you’d think that we’d tax the robot at a similar level.” [2]
Un autre argument modéré en faveur de la taxation, proposé par
Les acteurs industriels impliqués dans le débat
À l’inverse, des acteurs privés prennent parti pour le développement de la robotisation ; par exemple le SYMOP, un groupement d’entreprises, présente en ligne son argumentaire en faveur de mesures d’investissement et défend des thèses hostiles à une taxation des robots. [5]
Et alors que
Le
« Pour contextualiser le paysage de la robotique industrielle française, je tiens à préciser que la France est très clairement en retard. »
Ces idées sont aussi partagées aux Etats-Unis, comme en témoigne la conclusion de l’article d’opinion « San Fran Politician Considers Legislation To Tax Robots » publié par Zero Hedge en avril 2017 :
« Perhaps Bill Gates and Jane Kim have suddenly forgotten that American companies compete in an international marketplace? Or, perhaps they’re convinced that China will simply ‘pinky swear’ to not take advantage of America’s festering, misinformed, liberal policies.” [8]
De manière similaire, en France, de nombreux industriels considèrent que la continuité de la politique industrielle du pays serait mise à mal et que l’esprit d’une taxe sur les robots serait en contradiction avec celui des mesures précédentes, notamment le suramortissement des machines achetées par les PME entre 2013 et 2015. [9]
Les avis divergent donc quant à la robotisation, et pour certains la taxation s’impose pour répondre à ses effets délétères. Les conséquences économiques de la robotisation sur l’emploi sont elles aussi sujettes à de nombreux débats.
Pour approfondir les raisons en amont de l’adoption d’une taxe robot, vous pouvez vous diriger vers la page sur les effets sociétaux de la robotisation. Si vous préférez une approche en aval de cette taxe, vous pouvez vous diriger vers la page sur ses critères de mise en oeuvre.
Sources :
[1] Grondin, Anaelle. « Taxer les robots : Bill Gates sur la même longueur d’onde que Benoît Hamon ». Les Echos, 20 février 2017.
[2] Gates, Bill. Bill Gates: the robot that takes your job should pay taxes. Quartz, 17 février 2017.
[3] Passet, Olivier. « Faut-il taxer les robots ? » Les émissions de Xerfi Canal, 15 mars 2017.
[4] Couturier, Brice. « Taxer les robots ? Les subventionner plutôt ! » France Culture, 24 mars 2017.
[5] « Manifeste pour l’investissement productif », octobre 2016.
[6] « La commission Affaires juridiques du Parlement européen a adopté le rapport de l’eurodéputée luxembourgeoise S&D Mady Delvaux sur l’encadrement juridique de la robotique – Europaforum Luxembourg – Janvier 2017 », 12 janvier 2017.
[7] Cosnard, Denis. « La taxe sur les robots exaspère le PDG de Verallia ». Le Monde.fr, 25 mars 2017, sect. Économie.
[8] Hedge, Zero. « San Fran Politician Considers Legislation To Tax Robots ». Blogs – Finance (blog), 4 avril 2017
[9] Siquier Delot, Delphine. « La taxe robots, un nouvel ovni dans le paysage fiscal ? » Les Nouvelles fiscales, 15 mai 2017.




Économiste français libéral, directeur du cabinet de conseil Asterès et co-fondateur du groupe de réflexion du Cercle de Belèm. Il prend régulièrement position dans les médias grands publics français, notamment au sujet des peurs pour l’emploi suscitées par les avancées technologiques. Son dernier ouvrage publié (paru en 2017) s’intitule Le travail est l’avenir de l’homme.
Économiste français, directeur général de Paris Région Entreprises. Investi dans le débat public, il siège au conseil scientifique de la Fondapol et donne cours à Sciences Po sur la robotique et le numérique. Il a publié notamment Relancer notre industrie par les robots (Du Quesne, 2012) et a contribué au Manifeste pour l’investissement productif (Symop, 2016).
Économiste américain, lauréat du prix de la Banque de Suède en sciences économiques (dit « prix Nobel d’économie ») en 2013. Il appuie les propos de Bill Gates dans The Guardian, par un article abondamment cité par des journalistes d’autres médias (notamment américains et français). À noter que Robert Shiller a 116K followers sur Twitter et que cet article a été retweeté 169 fois à ce jour. Il écarte l’idée du revenu universel, non par principe mais par le fait qu’elle ne trouverait aucun soutien dans l’opinion publique américaine. Comme Bill Gates, il évoque un reversement de la taxe en faveur des travailleurs déclassés et se réfère plus précisément aux concepts de « wage insurance » (assurance de salaire) et de « livelihood insurance » (assurance des moyens de subsistance), pensions temporaires qui seraient versées aux travailleurs victimes de l’automatisation.
PDG de Microsoft. Il a donné une
Candidat aux primaires du Parti socialiste français puis aux élections présidentielles de 2017. Son
Maître de conférence en droit privé, HDR (Université d’Artois) spécialisée dans les domaines du droit de la robotique et de la technologie. Auteure du Traité de droit et d’éthique de la robotique civile (janvier 2017) et initiatrice d’une pétition en réaction à la proposition de la commission européenne Règles de droit civil sur la robotique, concernant la personnalité juridique des robots (Open Letter to the European Commission : Artificial Intelligence and Robotics). Elle est également fondatrice de Robotics Legal Consulting, un Cabinet de conseil en droit et en éthique de la robotique, notamment partenaire du Symop.
Professeur de droit fiscal suisse et international à l’Université de Genève et avocat. Il a récemment travaillé et s’est publiquement exprimé au sujet de la mise en œuvre juridique et fiscale et des enjeux d’une taxation des robots. Cité par un article du Monde en février 2017 , il a également donné une