Le robot : entre idées reçues et science fiction

   La représentation du robot prend ses racines dans des œuvres de science-fiction et les échos véhiculés par les média des avancées scientifiques en matière notamment d’Intelligence Artificielle, qui se mêlent parfois allègrement dans l’imaginaire collectif.

« […] le robot est aujourd’hui un objet de mythe et de fantasme dans l’esprit de beaucoup de gens. Il créé autant de fascination que de peur, souvent celle de la destruction. Or Terminator et Frankenstein restent de la science-fiction »

SYMOP

   En témoignent les références à cet imaginaire dans les premiers alinéas de la résolution du Parlement Européen. [1]

   De même, en introduction de sa conférence à l’université de Genève sur la taxe robot [2], Xavier Oberson, invoque les trois lois d’Asimov et des films de science-fiction dans lesquels les robots se confondent avec les humains grâce aux progrès scientifiques (comme le film Ex Machina évoqué dans la conférence).

Quelques exemples d'oeuvres de science-fiction mettant en scène des robots très sophistiqués et proches des humains

1 – Robot Visions – recueil de nouvelles et d’essais écrits entre 1940 et 1990 par Isaac Asimov
2 – I, Robot – film américain inspiré du roma du même nom (par I. Asimov), réalisé par Alex Proyas (2004)
3 – Metropolis – film allemand réalisé par Fritz Lang (1927), d’après le roman de Théa von Harbou (1925)
4- Real Humans – série télévisée suédoise créée par Lars Lündstrom (2012)
5 – Ex-Machina – film américain réalisé par Alex Garland (2014 – scénario original)

   Nathalie Nevejans s’oppose à cette vision « sensationnaliste » qui tend à surestimer les performances réelles des robots. Elle explique dans l’entretien qu’elle nous a accordé le 17 avril 2018 :

« Les rédacteurs de cette résolution [celle du Parlement Européen [1]] ont une vision trop futuriste et décalée de la robotique, plus proche de la science-fiction que de la réalité. Ils attribuent aux robots des formes d’intelligence artificielle forte, comme dans I Robot par exemple, alors qu’en réalité ces machines n’existent pas encore. Pour créer des robots humanoïdes, capables seulement de marcher ou d’attraper des balles (par exemple au Japon), il a fallu des années et des millions de dollars d’investissement. [À propos de la résolution] : Les choses qu’elle dit sont justifiées par les choses qu’elle ne dit pas. »

  Elle-même collabore avec des techniciens, des professionnels, et considère que l’état actuel de la robotique est loin d’être celui de robots aussi autonomes et perfectionnés. Elle les encourage à communiquer auprès du grand public de manière transparente, car l’état de l’art n’est pas aujourd’hui perçu en adéquation avec la réalité. Elle nous donne l’exemple des « fantasmes sur l’évolution des robots par exemple sur la possibilité de robots sexuels, qui pourtant n’existent pas aujourd’hui ».

Les androïdes ne sont pas encore présents dans l'industrie

   Confronté à cet argument du sensationnalisme, Xavier Oberson oppose celui de la nécessité de penser sur le long terme, mais aussi celui de la prise en compte la spécificité des robots par rapport aux machines traditionnelles dans la considération de la taxe robot : « la différence c’est que ce développement technologique est sans précédent car il s’agit cette fois non pas de remplacer un bras comme une machine, mais de remplacer un cerveau humain ». [2]

   Maintenant que vous avez un meilleur aperçu des multiples images associées au robot dans l’imaginaire et dans l’industrie, vous vous demandez peut-être comment sont posés, juridiquement et techniquement, les termes du débat (« Robot : késaco? »). Vous pouvez aussi choisir d’approfondir la question des modalités d’une éventuelle taxe s’appliquant aux robots, une fois ceux-ci bien caractérisés.

Avancement de la mission
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Sources :

[1] Résolution du Parlement européen du 16 février 2017 contenant des recommandations à la Commission concernant des règles de droit civil sur la robotique (2015/2103(INL)), P8_TA(2017)0051 § (2017).

[2] Université de Genève. Taxer les robots? Conférence de X. Oberson, 2017.