Comme tout médicament, les statines ont des effets secondaires, c’est-à-dire des effets qui ne sont pas initialement recherchés lors de la prescription.
Les effets secondaires dangereux pour la santé
Les effets secondaires indésirables des statines reconnus par l’Afssap ou par l’ANSM sont :
- Des effets secondaires bénins : troubles digestifs, maux de tête, éruptions cutanées, fatigue, insomnies, manifestations allergiques;
- Des effets secondaires graves : Douleurs ou crampes musculaires pouvant exceptionnellement aller jusqu’au rhabdomyolyse, problèmes rénaux, diabète de type 2.
(« Statines et risque de diabète : le rapport bénéfice/risque reste toujours positif - Point d’Information », 2014)
D’autres effets secondaires potentiels sont mentionnés dans la presse et sur les blogs des personnes qui alertent contre les dangers potentiels des statines.
Dans la pétition de l’institut pour la protection de la santé Naturelle à l’attention des responsables de l’Assurance Maladie et de l’ANSM, d’autres effets secondaires potentiels sont ainsi mentionnés :
"Les médicaments contre le cholestérol sont aujourd'hui accusés de :
- Augmenter le risque d'hémorragie cérébrale ;
- Augmenter le risque de cancers ;
- Augmenter le risque de déclin cognitif lié à l’âge, notamment la maladie d'Alzheimer ;
- Augmenter le risque de devenir aveugle ;
- Augmenter le risque de troubles de la sexualité dans les deux sexes, et notamment plus d'impuissance chez les hommes ;
- Augmenter le risque de pathologies articulaires inflammatoires. "
(« Pétition - Statines et autres médicaments contre le cholestérol », 2015)
Aux Etats-Unis, deux études ont montré que les statines diminuaient l’efficacité des vaccins contre la grippe. Cependant, en France, des adjuvants vaccinaux augmentent l’efficacité des vaccins ; les résultats de ces études pourraient donc ne pas être généralisables en France (« La prise de statines réduirait l’efficacité du vaccin antigrippal », 2015).
Origines de ces effets secondaires
Certains pensent que ces effets secondaires sont liés directement aux statines. Par exemple, beaucoup de sites de nutrition expliquent que les statines réduisent le taux de coenzyme Q10 qui serait responsable des effets secondaires. Pour les éviter, un complément alimentaire de cette coenzyme serait adapté (« La CoQ10 et les statines », 2017)(« Indispensable Q10 en cas de prise de statines », 2017).
D’autres pensent que les patients ne souffrent pas seulement de la prise de statines mais aussi de la baisse du cholestérol en soi. Les effets secondaires seraient alors un argument en faveur de l’innocence du cholestérol. C’est le cas de Michel de Lorgeril qui, sur son blog, liste les bienfaits du cholestérol dont les patients sous statines seraient privés : « on a de bons, voire de très bons, muscles ; on est doué pour les sports y compris de compétition ; on a de bons, voire de très bons, neurones ; on est plus intelligent, plus serein que la moyenne ; on est plus résistant au stress, moins tendance à la dépression (moins de suicide !) ; on a un bon, voire un très bon, système immunitaire; on se défend mieux contre les infections ; on a un risque diminué de développer un cancer ; on digère mieux les graisses ; on est plus allègre sexuellement et on se reproduit (faire des bébés) plus facilement.» (De Lorgeril, 2014)
Les acteurs décrivent de manières très différentes les effets secondaires. Alors que certains y voit un mal pour un bien, d'autres pensent que leur apparition montre l’inefficacité des statines.
Le rapport bénéfices-risques
Il est important de ne pas considérer seulement l'ampleur des effets secondaires d'un médicament mais aussi de questionner le rapport bénéfices-risques de celui-ci.
En 2016, des chercheurs pour la revue The Lancet ont mis en commun les résultats de 30 études incluant 140 000 patients (Collins et al, 2016). Le docteur Rory Collins, de l'Université d'Oxford, en tire un bilan très positif : "Nos résultats montrent que le nombre de gens qui évitent des infarctus et des accidents vasculaires cérébraux est beaucoup plus important que le nombre de gens qui ont des effets secondaires". ("Cholestérol : le rapport bénéfices-risques des statines est positif", 2016)
Certains scientifiques émettent néanmoins des réserves sur une partie des études qui ont été utilisée pour élaborer la revue (Wendling, 2016). Les nombreux liens d'intérêt entre les auteurs et l'industrie pharmaceutique sont critiqués (De Lorgeril, 2016).
Cette revue a fait beaucoup de bruit dans la communauté scientifique (elle a été citée 374 fois) et a été décrite dans la presse généraliste. Elle touche un des enjeux les plus importants car les plus concrets de la controverse.
Les effets secondaires bénéfiques
Certains effets secondaires bénéfiques de statines sont mentionnés dans la littérature scientifique et médicale. Ces effets sont appelés pléiotropiques.
Dans la Revue Médicale Suisse : « Avec toutes les statines il a été constaté une amélioration de la fonction endothéliale et du tonus vasculaire artériel. Ces effets participent certainement à la diminution de la pression artérielle constatée (notamment en synergie avec les hypotenseurs) lors des grandes études avec statines. […] Il a été évoqué par différentes études rétrospectives que les statines pourraient avoir un effet bénéfique sur la survenue d'un diabète de type II, ralentiraient l'ostéoporose ainsi que l'évolution de la maladie d'Alzheimer, et finalement auraient des propriétés immunosuppressives. Le spectre des effets pléiotropiques (non lipidiques) des statines est certainement très large et doit contribuer de manière non négligeable à leur effet de prévention des maladies cardiovasculaires. » (Netgen, 2002)
Ces effets pléiotropiques, tout comme certains effets secondaires indésirables, sont très souvent mentionnés au conditionnel car il est difficile de séparer les effets de la baisse de cholestérol des autres effets. De plus, les concentrations utilisées pour démontrer les effets biologiques des statines dans les études in-vitro (sur les cellules) sont plus importantes (Liao & Laufs, 2005).
Les effets secondaires des statines - positifs ou négatifs - sont très controversés. Dans la presse généraliste, ils sont listés et mentionnés presque uniquement de manière qualitative. Cela est en partie dû au fait que de nombreuses limites techniques existent pour les quantifier.