La communauté scientifique débat sur certaines nuances concernant le cholestérol et ses dangers : Peut-on parler de bon ou de mauvais cholestérol ? Le cholestérol est-il un facteur de risque ? A partir de quel taux doit-on s'inquiéter ?
Il existe par ailleurs un autre groupe d’acteurs dans ce débat, caractérisé par une opposition marquée contre le consensus scientifique.
Explorez le débat de nuances ou alors découvrez l'opposition tranchée ci-dessous ...
Une opposition tranchée
Un désaccord de fond
Quel rôle le cholestérol joue-t-il dans l’organisme ? Jusqu’à il y a vingt ans, une grande majorité de scientifiques considérait qu’il existait un « bon » et un « mauvais » cholestérol. Cette théorie, confirmée par d’importantes études dans les années 1990, ne souffrait aucune contestation (Dupagne, 2017). Le docteur De Lorgeril est parmi les premiers à remettre en question cette hypothèse. Il est à l’initiative de l’Étude de Lyon, dont les résultats publiés en 1999 jettent un pavé dans la mare, puisqu’ils montrent qu’un régime méditerranéen (relativement riche en cholestérol) se révèle bien plus efficace qu’un régime à base de statines pour diminuer la mortalité. Refusant ces dénominations de « bon » et « mauvais » cholestérol, M. de Lorgeril met au contraire en avant les bienfaits de cette molécule, essentielle au bon fonctionnement du cerveau, des muscles, du système immunitaire, etc. Baisser le taux de cholestérol, selon lui, entraîne une dégénérescence musculaire, augmentation du risque de développer la maladie d’Alzheimer, etc.(De Lorgeril, 2014)
Il s’attache par ailleurs, dans les années qui suivent son étude, à démonter une par une les études dont les résultats mettent en avant un quelconque lien même statistique entre taux de cholestérol et risques cardiovasculaires ; il utilise pour ce faire un argument majeur : les conflits d’intérêts liant de telles études à des laboratoires pharmaceutiques.(De Lorgeril, 2018)
D’où vient cette idée d’un cholestérol dangereux ?
Mais au fait, pourquoi parle-t-on de « mauvais » cholestérol ? Cette question a été le point de départ choisi par Anne Georget pour réaliser son documentaire « Cholestérol, le grand bluff ». Il s’agissait en effet pour la réalisatrice de « remettre dans la perspective historique ce qu’on sait sur le cholestérol », dans le but de comprendre « comment cette idée [l’idée d’un cholestérol mauvais pour la santé] s’était forgée » (entretien avec Anne Georget, 13 avril 2018). L’hypothèse de « bon » ou de « mauvais » cholestérol ? « Ça n’a aucun sens, c’est du marketing » (entretien avec Anne Georget, 13 avril 2018). La réalisatrice s’attaque ainsi, de même que M. de Lorgeril, à l’hypothèse lipidique ; cependant, les stratégies des deux acteurs diffèrent amplement.
Le documentaire d’Anne Georget présente en effet l’hypothèse lipidique comme une théorie dont le succès est dû à un soutien appuyé de l’industrie agroalimentaire, qui y voyait à la fois la justification scientifique pour produire des huiles végétales en grande quantité et un moyen de « détourner l’attention d’un autre produit largement utilisé par l’industrie agro-alimentaire : le sucre. » (entretien avec Anne Georget, 13 avril 2018). Quant au choix de ne pas interviewer de représentant de fabricants de statines, il est parfaitement assumé : « tout le monde connaît leur discours » (entretien avec Anne Georget, 13 avril 2018).
« Ça n’a aucun sens, c’est du marketing .»
Si le documentaire est clairement à charge contre l’hypothèse d’un cholestérol mauvais pour la santé, il n’a cependant pas pour but la remise en question de la parole du médecin, en témoigne le dernier plan du documentaire : « n’interrompez pas vos traitements sans consulter votre médecin » (Georget A. (Réalisatrice). (2016). Cholestérol : le grand bluff. [Film Documentaire]. ARTE G.E.I.E / Quark Production [83’]). La relation patient-médecin demeure, selon la réalisatrice, « la base de tout traitement » (entretien avec Anne Georget, 13 avril 2018).
Chaque acteur a donc pour but d’attaquer les présupposés que défendent un certain nombre de scientifiques (« Communiqué de Presse - Cholesterol : ATTENTION DANGER !! | Nouvelle Société Française d’Athérosclérose », 2013). Cependant le documentaire vise avant tout à interpeller patients et médecins confondus par une approche chronologique, alors que M. De Lorgeril préfère attaquer les défenseurs d’un mauvais cholestérol sur la rigueur de leurs études. Deux stratégies pour une même finalité : mettre sur la table des sujets qu’un grand nombre de scientifiques refuse pour l'instant de considérer (« Communiqué de Presse - Cholesterol : ATTENTION DANGER !! | Nouvelle Société Française d’Athérosclérose », 2013).