En France, une partie de la communauté scientifique accuse les différents livres de Philippe Even et de Michel de Lorgeril ainsi que le documentaire d’Anne Gorget d’amener des patients à arrêter leur traitement. Les auteurs seraient, d’après les critiques, responsables d’un certain nombre d’évènements cardio-vasculaires qui aurait pu être évités si les patients avaient continué leur traitement.
Des confrontations très frontales
Les débats autour de cet enjeu prennent un ton très violent. Les sociétés savantes, en général assez sobres, utilisent un registre de langage nettement moins neutre que dans leurs publications sur les statines ou sur leurs effets secondaires.
En février 2013, de nombreuses associations de patients et de médecins ont rédigé un communiqué de presse commun à propos de la parution de 2 livres (non cités) critiquant les statines et les gliptines. L’impact médiatique de ces livres est d’après eux injustifié. « De nombreux scientifiques ont souligné le côté provocateur et très imprécis de ces livres, par des auteurs dont les champs de compétence médicale sont à la fois limités et discutables dans ce domaine d’expertise. […]L’importance donnée à ces ouvrages témoigne des travers de notre société - ou scandale rime trop souvent avec succès - mais nous ramène aussi à une médecine d’un autre siècle, préjudiciable pour tous. » (« Communiqué de Presse - CHOLESTEROL : ATTENTION DANGER !! | Société Française de Cardiologie », 2015)
En décembre 2017, la Société Française de Cardiologie publie un communiqué de presse similaire en réaction à la rediffusion de l’émission «Cholestérol : le grand bluff » le 28 novembre 2016, préalablement diffusée le 18 octobre 2016. « La rediffusion de cette émission «à charge» est choquante encore une fois par son caractère d’ordre négationniste, par les attaques qu’elle porte envers le monde médical et par les répercussions qu’elle peut avoir pour les patients. » (« Cholestérol et maladies cardiovasculaires: le point de vue scientifique de la Société Française de Cardiologie », 2017)
Evaluations de l’impact médiatique de la polémique
Six cardiologues parisiens ont souhaité évaluer l'impact du livre "La vérité sur le cholestérol" de Philippe Even, sorti en février 2013 et ont présenté leur résultat aux Journées Européennes de la Cardiologie. Avec les résultats d’une étude de 2009 sur les conséquences d'un arrêt de traitement, ils ont estimé que 1 159 décès et 4 992 infarctus pourraient être imputables à la publication du livre de Philippe Even. (« L’arrêt des statines aurait pu causer 1150 décès par an », 2014)
La réplique de Philippe Even est que " Ce travail fait rire tous les statisticiens. Car, si l'on applique les règles élémentaires en la matière, le risque d'erreur est de plus ou moins 180 000 décès. Ça n'a donc aucun sens. " (Jeanblanc, 2013)
Des chercheurs de CHU et de l’université de Bordeaux, ont recalculé la proportion de patients ayant arrêté leur traitement avec la base de données de l’Assurance Maladie. Ils annoncent une augmentation de 40% des arrêts de traitement en 2013. "Il est difficile d'établir un lien direct entre communication médiatique et arrêt de traitement, nuance Julien Bezin, on peut juste observer qu'à partir du moment ou le livre est sorti, il y a eu plus d'arrêts de traitement par statines, alors que sur le plan scientifique, il n'y a pas eu de nouveautés majeures pendant la période étudiée pouvant l'expliquer." (Mascret, 2016)
En septembre 2015, un communiqué de presse de la Société Française de Cardiologie tente de décrédibiliser l’auteur du livre. Pour décrire son propos, les adjectifs "diffamatoire " , "délirant " ou "rocambolesque" sont utilisés. (Société Française de Cardiologie, 2015)
Utilisation des données sur la mortalité liées au maladie cardio-vasculaires au cours du temps
En Août 2016, ont été publiées les données de l'INSEE sur le nombre de décès en France après validation de l'INSERM. Michel de Lorgeril notamment, est revenu sur les résultats l’évaluation de l’impact du livre de Philippe Even. D’après l’INSEE, il n’y a pas d’augmentation du nombre de décès visible en 2013.
Ces données sont considérées comme une victoire par les personnes refusant l’hypothèse lipidique et démontrerait que l’amélioration de l’hygiène de vie suffit dans la plupart des cas. "On peut penser, écrivent les auteurs, qu’une partie des patients qui arrêtent leur statine en 2013 sous l’influence de la controverse ont aussi compris que modifier son mode de vie était probablement plus efficace et moins dangereux que prendre des médicaments." (« Pas d’augmentation de la mortalité en France après arrêt des statines », 2016) Sauf erreur de notre part, la Société Française de Cardiologie n’a pas communiqué sur ces résultats.