La question de la réforme du système de retraite français a été soulevée par un problème démographique bien connu : le vieillissement de la population. La diminution du taux de natalité au cours des dernières décennies a provoqué un vieillissement de la population qui devrait se maintenir dans les prochaines décennies. Ce phénomène se traduit en particulier par le départ en retraites des anciens enfants du baby-boom et une diminution forte du ratio actif/inactif qui conditionne le fonctionnement du système des retraites. Ce phénomène a engendré une aggravation du déficit du régime des retraites et pose donc la question suivante : notre système de retraites est-il durable ?
A cette question le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) a répondu par la négative. Selon ses analyses et ses projections si aucune réforme n’était mise en œuvre le régime des retraites accuserait un déficit de 75 à 115 milliards d’euros à l’horizon 2050. Cette conclusion est aujourd’hui largement acceptée au sein de la communauté des économistes et des statisticiens. Pour résoudre ce problème le COR propose une série de mesure et en particulier l’augmentation de la durée de cotisation et le recul de l’âge de départ en retraite (La réforme 2010).
Qu’est ce que le Conseil d’orientation des retraites ? Créé en mai 2000, le Conseil d’orientation des retraites est une instance indépendante et pluraliste d’expertise et de travail concerté. Composé de parlementaires, de représentants d’organisations professionnelles et syndicales, de membres de l’administration et d’experts, il est placé auprès du Premier ministre. Le Conseil est chargé de suivre et d’analyser les évolutions à moyen et long terme des régimes de retraites et la situation des retraités ; il est également chargé de faire des propositions dans ce domaine. |
Cependant au-delà de la simple polémique sur cette question de l’augmentation de la durée de cotisation au régime des retraites c’est ce diagnostic lui-même que remettent en cause certains acteurs (principalement d’extrême gauche ou de sensibilité altermondialiste), en s’appuyant sur deux arguments.
Premièrement, la France est le pays dont la démographie est la plus dynamique de toute l’Europe, les problèmes liés au vieillissement de la population s’y poseront donc de façon moins aigue et notre situation n’est pas comparable avec celle de l’Allemagne ou de la Suède. Les comparaisons avec l’étranger sont donc illégitimes.
De plus, une prolongation tendancielle des gains annuels actuels de productivité montre que la productivité des salariés devrait être multipliée par deux d’ici 2050, ce qui, à condition de mettre en place des réforme de redistribution de ces gains en faveur du travail, offre d’importantes marges de manœuvre pour maintenir notre système de retraites actuel.
A ces deux arguments le COR a répondu en affirmant que malgré sa situation démographique relativement favorable (qui avait déjà été prise en compte puisque principal fournisseur de données statistiques sur la société française est l’INC (Institut National de la Consommation) et est commun à tous les acteurs) cette approche reviendrait à sacrifié la quasi-totalité des gains de pouvoir d’achat pour le demi-siècle à avenir.
En effet, comme l’explique Didier Blanchet, démographe de l’INSEE (Institut National de la Statistique et des Études Économiques) et membre du COR (voir l’interview de Didier Blanchet), d’une part le vrai problème de financement du système des retraites provient non pas des variations de la fécondité mais de l’allongement de la durée de vie. Par ailleurs, l’argument des gains de productivité relève d’une mauvaise relecture rétrospective des chiffres. Ainsi, les cotisants au système de retraite ne sont pas prêts à accepter un taux de prélèvement trop élevé.
Face à cette situation, certains acteurs veulent envisager une solution radicale : changer de système.