Plusieurs acteurs de la controverse, notamment le gouvernement, s’accordent sur le fait que les évolutions démographiques et en particulier l’allongement de la durée de vie sont la cause d’un problème de financement des régimes de retraites. Dès lors que la réalité de ce problème est reconnue, plusieurs solutions peuvent être envisagées.
Dans ce cadre, il est possible de considérer deux modèles de systèmes de retraite : par répartition ou par capitalisation. La comparaison entre ces deux modèles fait l’objet de débats entre les experts, débats qui trouvent également un écho dans le domaine politique.
Quelle est la différence entre répartition et capitalisation ?
Dans un système de retraite par répartition, le financement des retraites est assuré par des prélèvements obligatoires auprès des actifs, redistribués aux retraités sous forme de pension. Les actifs ne cotisent pas pour eux-mêmes quand ils seront à la retraite, mais pour les retraités d’aujourd’hui. Leur retraite sera assurée par les actifs de demain.
Au contraire, dans un système par capitalisation, les actifs constituent une épargne, individuelle ou collective, qui est placée sur les marchés financiers. Quand ils atteignent l’âge de la retraite, ils puisent dans celle-ci pour financer leur retraite. Les pensions sont donc alimentées par une épargne antérieure, et non par une redistribution des actifs vers les retraités.
En France, avant 1945, les retraites étaient financées par capitalisation. Cependant, la guerre a fait chuter la valeur de l’épargne et ruiné les retraités. Les systèmes de retraite par répartition ont été instaurés pour remédier à cette situation de pauvreté des seniors.
Pour bien comprendre le rôle du système de retraite dans le financement des pensions, il convient d’expliciter la notion de retraite à plusieurs piliers. Les arguments mis en avant dans la comparaison des deux modèles et l’expression du débat entre répartition et capitalisation dans la controverse sur les retraites seront examinés ensuite.
Quels sont les quatre piliers de la retraite ?
Le langage des « piliers » est un langage usuel en matière de financement des retraites. Les piliers correspondent aux différentes sources de revenu dont disposent les retraités. On distingue ainsi quatre piliers (se reporter à l’interview de Didier Blanchet) :
Le minimum vieillesse
Le premier pilier procure une retraite de base, à laquelle tout le monde a droit sans conditions de cotisations passées. Ce pilier prend le plus souvent la forme d’une retraite minimale garantie par l’Etat.
L’épargne individuelle
Le troisième pilier est celui de l’épargne individuelle. Il ne s’agit pas de cotisations obligatoires, mais du choix de l’individu de mettre de l’épargne sur différents supports. Pour que ces supports soient adaptés à la retraite, il faut qu’ils fournissent des rentes, ou du moins qu’ils mutualisent le risque.
En effet, l’individu qui doit pourvoir à sa retraite est face à l’incertitude quant à la durée de celle-ci. Comme il ne veut pas prendre de risque, il doit donc assurer ses besoins sur la durée de vie maximale envisagée, ce qui coûte cher. Collectivement, chacun a par conséquent intérêt à mutualiser le risque pour payer moins cher. A posteriori, cela revient à dire que ceux qui vivent moins longtemps financent la retraite de ceux qui vivent plus longtemps.
Les revenus issus du travail
Le quatrième pilier correspond à la part des revenus de la retraite qui provient encore du travail. C’est le sens du cumul emploi-retraite.
Les cotisations passées
Le deuxième pilier est lié aux cotisations passées. Il dépend des salaires perçus durant la période d’activité et sur lesquels l’individu a payé des cotisations. Selon le système de retraite envisagé, ce deuxième pilier peut être géré soit en répartition, soit en capitalisation. C’est donc à ce niveau qu’intervient le débat entre les deux modèles de gestion des retraites.
Répartition et capitalisation aujourd’hui
En France, le système de retraite est géré presque totalement par répartition depuis plusieurs décennies, et la plupart des acteurs de la controverse sont favorables à ce modèle. C’est le cas des femmes et hommes politiques et experts de sensibilité de gauche, ce qui comprend les représentants du Parti Socialiste, de l’extrême gauche, ainsi que de la plupart des syndicats.
La droite et le gouvernement restent en faveur d’un système majoritairement géré en répartition, même s’ils envisagent la possibilité d’y introduire une plus grande part de capitalisation, idée encouragée par plusieurs experts de sensibilité de droite, comme Didier Blanchet.
Plusieurs catégories d’arguments en faveur de la répartition ou de la capitalisation interviennent dans le débat.
Pour naviguer dans cette partie, on pourra utiliser le schéma suivant (cliquez pour être dirigé vers la page correspondante) :
Commençons par leur sensibilité aux évolutions démographiques : Capitalisation et répartition, deux systèmes également sensibles aux chocs démographiques ?