Le point de vue des entreprises phytosanitaires

La confiance dans les recommandations et l’absence de preuves de synergies néfastes

Devant ces accusations de la part du monde apicole, les entreprises productrices de pesticides se sont regroupés dans une union, l’UIPP (Union des Industries de Protection des Plantes), afin de défendre au mieux leurs intérêts. L’organisation insiste sur le fait que les industries agissent dans le cadre strict de la loi, et qu’il n’est pas prouvé de façon irrévocable que les associations de pesticides utilisées suivant les recommandations sont un cause de la disparition des abeilles. Le directeur général de l’UIPP, Jean Charles Bocquet écrit ainsi dans le Global Magazine en novembre dernier:

« Dans les phénomènes de disparition d’abeilles, plusieurs hypothèses sont avancées dont celle des pesticides. Mais je peux vous dire que les pesticides autorisés aujourd’hui, utilisés selon les conditions d’emploi, ne présentent pas de risques pour ces insectes »

Selon lui, les législations en vigueur sont suffisantes pour assurer la non dangerosité des produits utilisés pour les abeilles. Il convient que certains pruduits ou interaction de produits sont dangereux pour les abeilles, mais insiste sur le fait que ces mélanges sont interdits.

« On étudie l’effet potentiellement cumulatif de plusieurs produits. Cela explique que certains mélanges sont interdits en présence d’abeilles. On a montré que certains fongicides employés avec certains insecticides pouvaient modifier le comportement des abeilles en freinant un petit peu leur capacité à s’échapper ou à voler. Donc, ces mélanges sont interdits »

Il existe en effet ce que le responsable stewardship de la société productrice du Cruiser, Syngenta, que nous avons rencontré appelle un “cas malheureux” d’une association entre un fongicide et un insecticide qui a été interdite par les pouvoirs publics suite à une étude de l’INRA lancée après des plaintes d’apiculteurs. Ces deux pesticides pouvaient auparavant être utilisé simultanément, puisque lors de l’AMM les laboratoires sollicités ne peuvent raisonnablement pas tester toutes les interactions existantes.

Les recommandations d’utilisation des pesticides ne sont pas suivies?

En plus de cette difficulté à produire des preuves irréfutables, ce qui pose la question de l’expertise, les industries phytosanitaires rejettent parfois le tord sur les agriculteurs qui ne respecteraient pas les conditions d’utilisation lors de l’épandage des produits phytosanitaires. Notre contact chez Syngenta, lui, nous a dit que ce problème est de plus en plus marginal, d’autant plus qu’il coûte cher à l’agriculteur d’épendre trop de produits. Il soulève également le cas d’apiculteurs utilisant des produits traitant sur leurs abeilles de manière “folkloriques”, pouvant être dangereux pour elles. Toujours selon lui, le grand public est partial dans cette controverse puisqu’il n’est pas à même de considérer directement les bénéfices des pesticides et n’en voit que es risques. Cela explique alors pourquoi ce débat a pris une telle importance médiatique.

Ces différences de points de vue intègrent immanquablement dans la controverse la question de l’expertise, puisque c’est grâce à elle que l’on construit une vérité.