Les procédures d’homologation retiennent l’attention des collectifs d’apiculteurs et des scientifiques. Sont-elles réellement adaptées?
Le principal objet des homologations est de déterminer la dose de produit qui est susceptible d’entrer en contact avec le fruit et les insectes compte tenu de sa nocivité. Pour les nouveaux insecticides systémiques qui sont appliqués avant semis cela revient à analyser différentes parties de la plante traitée pour déterminer la dose moyenne de substance active qu’elle contient.
Pour être sûr du caractère inoffensif du produit sur les abeilles c’est la concentration de produit dans le nectar qui est importante, elle doit être inférieure à une dose létale. Pour tous les insecticides concernés par la controverse comme le Gaucho, le Régent ou le Cruiser ces critères ont bien été respectés.
Pour évaluer le niveau de toxicité des matières actives comme le fipronil ou l’imidaclopride (voir Lexique) qui composent les insecticides controversés, les entreprises phytosanitaires doivent fournir des essais de laboratoires standardisés comprenant une étude de l’action sur les insectes pollinisateurs. On peut difficilement prévoir ce que les produits sont susceptibles de produite sur les abeilles après l’épandage de tel ou tel produit lorsqu’il sera commercialisé. Les circonstances d’une application sont aléatoires et étendent le champ des conséquences possibles. Il faut considérer tous les facteurs naturels susceptibles d’influer sur les polinisateurs : le climat, le stade de développement du plant traité et plus généralement les points qui influencent la pollinisation. D’autres facteurs techniques rentrent en jeu comme le dosage du produit et plus spécifiquement les effets cocktails entre plusieurs insecticides. Il faut traiter régulièrement (pratiquement tous les ans) un champs pour lutter efficacement contre les insectes qui s’attaquent aux cultures. Les traces laissées par chaque traitement peuvent rester sur des intervalles de temps plus longues et donc ainsi plusieurs produits peuvent se côtoyer. La proximité de deux champs traités est aussi à prendre en compte bien entendu, c’est dire la quantité de combinaisons de facteurs possibles.
Le nouveau challenge pour la sauvegarde des abeilles et leur étude est de trouver des moyens d’évaluer directement sur le terrain l’influence des pesticides. L’idée est de réaliser des expériences de grande envergure sur des populations importantes d’abeilles dans des conditions bien maitrisées. En effet, pour le moment les résultats obtenus en laboratoire sont très difficilement extrapolables en champs.