Les considérations économiques de la controverse

Les enjeux se mesurent aussi à travers les sommes engagées dans les différentes filières impliquées dans la controverse.

Concernant la production de miel en France, la filière apicole représente soixante-dix mille personnes pour plus d’un million de ruches. Face à ces chiffres il faut comprendre que cette pratique n’est pas réservée aux professionnels qui ne représentent que 2% des apiculteurs pour 45% de la production. Les enjeux économiques sont néanmoins importants pour les apiculteurs et la production de miel représente à peu près 20 millions d’euros d’après les chambres d’agricultures de France.

Bien sûr, ce chiffre est à mettre en relation avec celui de la filière phytosanitaire. Cinq entreprises se partagent la filière agricole mondiale dont trois sont au cœur de la controverse : Bayer CropScience (Gaucho), Syngenta (Cruiser), BASF (Régent). Les entreprises Dow AgroSciences et Monsanto prennent aussi une part importante du marché mais sont principalement connus pour leurs filières OGM. Le chiffre d’affaire de cette industrie en France représentait l’an dernier plus de 1,8 milliard d’euros. Autant dire un poids conséquent dans la balance. L’Italie par exemple a interdit la mise sur le marché de tous les nouveaux insecticides systémiques. Cela représente pour l’état Français un frein important au développement des entreprises.

Il faut également considérer que l’agriculture dépend fortement de la possibilité de pouvoir traiter efficacement les plantations contre les insectes. Même si ces dernières années ont vu éclore un renouveau du bio, sans agents chimiques, la consommation de produits phytosanitaires reste massive, 80 000 tonnes dont dépend la majorité des agriculteurs. Rappelons que l’activité agricole représente 1,8% du PIB français soit 67 milliards d’euro en 2010.

Les producteurs de pesticides refusent d’alourdir des procédures de réglementation des produits phytosanitaires déjà très longues et complexes aux vues des enjeux économiques que représente un retard de mise sur le marché d’un produit. Le rapport de force est ici largement favorable aux industriels et des batteries de tests supplémentaires pourraient nuire à la rentabilité des produits et de l’industrie phytosanitaire en France en général.