On parle souvent d’intolérance au lactose. Cela décrit une incapacité ou une difficulté à digérer le lactose contenu dans le lait animal. Le lactose est le glucide naturellement présent dans le lait.[1] Celui-ci est transformé dans l’organisme par une enzyme appelée la lactase. En l’absence de la lactase (hyplactasie), le lactose n’est pas digéré dans l’intestin grêle, mais par la flore bactérienne du colon, ce qui a pour conséquence la production d’acides gras à chaîne courte et de différents gaz, ce qui conduit aux symptômes observés: flatulence, la diarrhée, le météorisme.
L’absence totale de lactase dans l’organisme est une maladie extrêmement rare qui ne concerne que 60 cas dans le monde [2]. Plutôt que d’intolérance au lactose on devrait parler de mal-absorption.
L’intolérance au lactose ne doit pas être confondue avec l’allergie aux protéines contenues dans le lait (caséine et albumine).
Origine de l’intolérance :
Le déficit en lactase peut être d’origine primaire (patrimoine génétique), ou acquise suite à des maladies affectant l’intestin, et dans ce cas réversible. La répartition géographique des personnes intolérantes au lactose n’est pas uniforme, comme le montre la carte ci-dessous.
L’origine de l’intolérance au lactose est encore mal connu, mais cette non homogénéité géographique peut fournir une piste d’explication: il semblerait que la tolérance au lactose soit plus courante dans les régions avec un passé d’élevage de mammifères laitiers (l’Europe, la Russie et le Nord de l’Afrique sur la carte ci-dessous). Qu’est-ce qui pourrait expliquer cette corrélation? Peut-être la capacité d’adaptation de l’organisme à son environnement, évoquée dans notre article sur la consommation du lait dans le monde.
Quelles sont les solutions?
Le nombre exact de personnes concernées par l’intolérance au lactose reste encore aujourd’hui sujet à discussion: certaines estimations [3] donnent jusqu’à 75% de la population française qui ne digère pas le lactose. Mais ces estimations comportent toujours une part de subjectivité: où commence l’intolérance? Aux moindres maux de ventre, qui pourraient être causé par d’autres facteurs?
Une idée consiste à dire que les intolérants au lactose devraient boire du lait afin de se désensibiliser et d’augmenter leur seuil de tolérance au lactose. C’est l’avis défendu par le CNIEL et par un article de Swartz J datant de 2000 [4]. Les industriels du secteurs voient eux un nouveau marché : ces dernières années se sont multipliés les laits « faciles à digérer », allégés en lactose, comme par exemple Matin Léger de Lactel ou Grandlait léger et digeste de Candia.
Les produits dérivés du lait sont-ils concernés?
Les produits dérivés du lait de vache comme les fromages et les yaourts posent en principe moins de problème d’intolérance au lactose car le lait a été fermenté et la quantité de lactose a nettement diminué. En effet la fermentation a permis une hydrolisation du lactose. Cependant les produits dérivés ne semblent pas pouvoir remplacer entièrement le lait car ils ne possèdent pas de vitamine D, essentielle à l’assimilation du calcium. C’est pourquoi on peut recommander de consommer « trois produits laitiers par jour » même aux personnes ne digérant pas le lactose.
[1] CNIEL.Les Produits Laitiers [site internet], mis en ligne en France, mise à jour régulière. Lien. Résumé.
[2] entretien avec Brigitte Coudray réalisé par notre équipe. Voir entretiens.
[3] SOUCCAR, Thierry. Lait, Mensonges et Propagande, Thierry Souccar Editions, 2008.
[4] KLOMPMAKER, TR, Lifetime high calcium intake increases osteoporotic fracture risk in old age, Medical Hypotheses, vol 65, no 3, pp 552-558, 2005. Résumé.