Consommation :
entre traditions, recommandations et habitudes

En 2013, un français moyen consommait environ 54L de lait par an, ce qui selon l’IPLC se situe dans la moyenne mondiale. La principale tendance de ces dernières années est à la montée en vitesse des laits spécifiques, comme les laits bios, les laits à teneur réduite en lactose et les laits aromatisés. Les principaux consommateurs restent les enfants et les adolescents: les moins de 17 ans, soit 19% de la population, consomment 33% des quantités de lait.

En ce qui concerne la consommation mondiale, la carte ci-dessous montre une grande inhomogénéité entre les différents pays. Les plus grands consommateurs restent les pays scandinaves. Les pays d’Afrique, l’Inde et la Chine reste de faibles consommateurs: un congolais consomme en effet dix fois moins de lait en moyenne qu’un norvégien! Des différences génétiques entre les différentes populations ont aussi pu être observées, notamment en ce qui concerne le gène codant la synthèse de la lactase par l’organisme, qui régit la digestion du lactose.

Consommation de lait dans le monde en 2007
Consommation moyenne de lait (brut ou transformé) moyenne par an et par habitant dans le monde en 2007 (Source FAOSTAT)

Ces différences peuvent s’expliquer par des contextes et des traditions différentes. En Inde, en Chine, l’alimentation traditionnelle fait très peu usage des produits laitiers. Il en va de même dans la plupart des pays d’Afrique. Cependant, ceci n’exclut pas la consommation de lait frais pour les populations rurales. En effet, la carte précédente donne les résultats du calcul de la consommation moyenne en se basant sur les données de production, des exportations et des importations de lait. Un paysan de la vallée du Nil qui boirait le lait de la vache dont il dispose pour ses travaux dans les champs n’apparaît pas dans ces calculs.

Pourtant, nos besoins en calcium semblent devoir être identiques. Quelles sont les recommandations nutritionnelles dans les différents pays?

Trois produits laitiers par jour?
Extrait d’un document de l’INPES: Trois produits laitiers par jour? Vive la variété!

-  « 3 produits laitiers par jour ». C’est ce que recommande le PNNS français [1]. En ce qui concerne les apports en calcium, l’ANSES recommande 900mg de calcium par jour pour un adulte de 40 ans.

- Aux Etats-Unis, le National Dairy Council recommande également « three daily serving of milk, cheese or yogurt » [2]. Le National Institute of Healthrecommande lui un apport journalier de 1000mg de calcium chez l’adulte [3].

- L’EFSA, Agence Européenne de sécurité des aliments, recommande elle un apport journalier de 860mg de calcium, là où la moyenne pour la consommation européenne est de 1000mg [4].

- Enfin, l’OMS recommande un apport journalier de entre 450 et 550 mg [5].

Pourquoi des recommandations différentes? Une première explication nous est fournie par Brigitte Coudray, du CNIEL [6]

« Parce que ce n’est pas du tout les mêmes objectifs. C’est-à-dire que en France, l’objectif des recommandations […] c’est de couvrir les besoins de 97,5% de la population. […] Donc ce que font les chercheurs qui déterminent ces recommandations, ils regardent le besoin physiologique minimal, et ils rajoutent deux déviations standard, c’est-à-dire qu’ils vont ajouter trente pour cents de plus, pour être sûrs de bien couvrir les besoins de tout le monde. Parce que vous, moi, ma voisine, on n’a pas les mêmes besoins. Chaque individu a des besoins particuliers. »

Selon elle, l’OMS s’adresse avant tout aux Etats des pays en développement, pour qui il serait insensé de recommander 1000mg de calcium, et pour qui l’ostéoporose n’est pas un problème de santé publique. Pourtant, on peut lire sur le site de l’OMS que:

« Une consommation suffisante de calcium (500 mg par jour ou plus) et de vitamine D dans les populations au taux élevé d’ostéoporose aide à réduire le risque de fracture. »

Un autre argument mis en avant par l’OMS [5] pour justifier les des recommandations est celui de l’adaptabilité. Notre organisme a toujours été capable de s’adapter à son environnement de manière à augmenter ses chances de survie. Cette adaptation est aussi présente dans le cas du calcium:

« Quand l’apport de calcium est abaissé, l’aptitude de l’organisme à absorber et à retenir cet élément augmente, alors que s’il est augmenté son utilisation peut être réduite. »

L’élaboration d’une recommandation n’est jamais simple. Nous vous conseillons de lire notre analyse des « 3 produits laitiers par jour ».  Une recommandation nutritionnelle doit s’appuyer:

  • sur des études scientifiques déterminant les apports requis par l’organisme: quelle est la dose de calcium journalière nécessaire?
  • sur une analyse des traditions de consommation, qui différent selon les publics et les pays visés.
  • sur une étude de la disponibilité de la ressource: tous les pays ne produisent pas ou n’importent pas du lait dans la même proportion.

SOURCES

[1] Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Santé, PNNS 2011-2015, Studio des Plantes, juillet 2013. Lien. Résumé.

[2] NDC. National Diary Council [site internet], mis en ligne depuis les Etats-Unis, tenu à jour.Lien. Résumé.

[3] National Institute of Health. Calcium Dietary Supplement Fact Sheet, NIH [site internet], mis en ligne depuis les États-Unis, mis à jour régulièrement. Lien.

[4] European Food Safety Authority. Scientific Opinion on Dietary on Reference Values for
calcium, EFSA Journal , année de publication inconnue. Lien. Résumé.

[5] OMS. Besoins en Calcium, Rapport d’un groupe d’experts FAO/OMS, 1962. < Lien. Résumé.

[6] entretien avec Brigitte Coudray Lien.

[7] OMS, Régime alimentaire, nutrition et prévention des maladies chroniques, www.who.int, mis à jour régulièrement. Lien. Résumé