L’indicateur d’Accessibilité Potentielle Localisée (APL) est un outil construit par des chercheurs en économie de la santé de l’IRDES (Institut de Recherche et Documentation en Economie de la Santé) ainsi que par des chercheurs de la DREES (Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluations et des Statistiques), et dont le rôle est de quantifier la possibilité des habitants français d’accéder aux soins des médecins généralistes libéraux. L’élaboration de l’APL a été achevée en mars 2012. Aujourd’hui, l’indicateur est encore utilisé et va même peut-être se perfectionner.
Il tient compte à la fois du niveau d’activité des médecins pour mesurer l’offre et des sollicitations en matière de soins des habitants, différenciées par âge, pour mesurer la demande. Cet indicateur est local, c’est-à-dire qu’il est calculé au niveau de chaque commune mais il considère aussi l’offre de médecins et la demande des communes environnantes. L’APL peut s’exprimer en équivalents temps plein (ETP) puisque tous les médecins n’effectuent pas nécessairement le même nombre d’actes (consultations ou visites) au même rythme. Il tient également compte du temps qui sépare un patient de son médecin : plus ce temps augmente, plus l’APL diminue. A titre d’exemple, les chercheurs ont considéré que si la commune d’un patient et la commune d’un médecin sont séparées de cinq à dix minutes, l’accessibilité diminue de soixante-dix pour cent par rapport à une distance inférieure à 5 minutes. Si ces deux communes sont séparées de dix à quinze minutes, l’accessibilité diminue de quatre-vingt-dix pour cent par rapport à une distance inférieure à 5 minutes. Enfin, l’accessibilité est supposée nulle au-delà de 15 minutes.
Ayant pris en compte ces différents éléments pour élaborer l’indicateur, les chercheurs ont obtenu des résultats permettant de quantifier la répartition des médecins généralistes sur le territoire français (Fig. 8).
Figure 8 : Accessibilité potentielle localisée (APL) aux médecins généralistes libéraux
(Source : http://www.irdes.fr/Publications/2012/Qes174.pdf)
Ceux-ci peuvent d’abord être observés de manière globale : en 2010, l’APL moyenne est de 71 équivalents temps plein (ETP) de médecins généralistes libéraux pour 100 000 habitants en France. 0,20 % de la population en France a une accessibilité nulle aux médecins généralistes car elle vit à plus de quinze minutes du cabinet médical le plus proche. Cela correspond approximativement à 130 000 habitants.
Ces chiffres peuvent aussi être étudiés à l’échelle des communes. Celles-ci sont d’ailleurs réparties en six catégories dans l’étude de l’IRDES, du grand pôle urbain à la commune isolée en dehors des pôles. On constate alors une forte variabilité de l’indicateur selon les zones du territoire. En règle générale, les communes rurales ont une APL inférieure à la moyenne nationale. Les petits et moyens pôles ont quant à eux les APL les plus élevées du territoire (81 ETP de médecins généralistes libéraux pour 100 000 habitants), devant les grands pôles dont la valeur d’APL (75 ETP de médecins généralistes pour 100 000 habitants en moyenne) reste le plus souvent au-dessus de la moyenne nationale. Il convient cependant de remarquer que le pôle urbain de Paris constitue une exception, puisque la valeur de l’indicateur d’APL y est de 57 équivalents temps plein (ETP) de médecins généralistes pour 100 000 habitants.
L’intérêt de l’indicateur d’APL vient principalement du fait qu’il manquait, à l’heure de sa création, de tels indicateurs permettant d’objectiver la notion de désert médical. Effectivement, de même qu’il est difficile de s’accorder pour trouver une unique définition de ce qu’est un désert médical, il est difficile de quantifier les manques de médecins en France, à l’échelle locale. Par exemple, on mesure parfois le nombre de médecins par habitants. L’indicateur d’APL propose quant à lui de revisiter les constats sur les écarts de densité médicale et d’accès aux soins entre les zones urbaines et rurales, en intégrant plusieurs facteurs dans sa construction.