Maisons et pôles de Santé

Les suggestions du rapport Hervé Maurey

Un rapport de l’Observatoire National de la Démographie des Professions de Santé (ONDPS) de 2008 intitulé « le renouvellement des effectifs médicaux » montre des éléments illustrants la mobilité inter-régionale des jeunes diplômés et le caractère non déterminant de la région d’internat pour le choix du lieu d’exercice.

Ceci invalide les mesures visant à inciter les étudiants à s’installer en zone sous-dotées en prévoyant une période minimale de « stage » dans une de ces zones pendant la formation. Les étudiants s’insurgent contre cette mesure via l’ANEMF.

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Figure 13 : Pourcentage des médecins exerçant dans la région où ils ont eu leur diplôme

Source : ONDPS

Maisons et Pôles de Santé Pluridisciplinaires

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Le rapport Hervé Maurey promeut également les regroupements pluridisciplinaires dans des maisons de santé. Cela est en accord avec les « 10 propositions de l’ANEMF pour lutter contre les déserts médicaux » livré en 2012. En effet, les étudiants en médecine suggéraient de miser sur l’interdisciplinarité en créant des maisons de santé pluridisciplinaires qui répondent au souhait des jeunes de ne plus avoir un exercice isolé. Ils relevaient toutefois que cela nécessite une meilleure préparation au travail en équipe, une sensibilisation aux autres disciplines que celle choisies actuellement.

Hervé Maurey relève également quelques obstacles à soulever pour la création de Maisons ou Pôles de Santé Pluridisciplinaires : selon lui, le mode de rémunération à l’acte est inadapté aux exercices pluri professionnels coordonnés car il ne couvre pas la totalité des actions à mener en plus des actes curatifs : il cite « coordination, prévention, éducation thérapeutiques, évaluation, etc. ». En outre la fragilité est pour lui aussi humaine puisque la mobilisation des professionnels de santé qui a permis le lancement d’un projet de MSPou PSP doit s’inscrire dans la durée ce qui nécessite un engagement sans faille de ces acteurs.

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En outre, Le Quotidien du médecin (« Quand les maisons et pôles de santé se heurtent à l’hostilité des élus », 2 mai 2013) révèle que les médecins investis dans des projets tels que les MSP et PSP sont confrontés au manque de concertation des élus et à des ambitions contradictoires. Le journal collecte le témoignage de deux docteurs : le Dr Barnabé, président de l’association des pôles et maisons de santé libéraux (APMSL) des Pays de la Loire, et le Dr Mallard, impliqué avec trois autres médecins et trois professionnels de santé dans la création d’une maison de santé à Torfou. Ils ont du se confronter à la « complexité des rapports entre professionnels de santé et élus » lors de l’ouverture d’une nouvelle structure sur le territoire de trois communautés de communes. En effet, deux des trois communes qui ont vu leur cabinet médical déménager vers la nouvelle maison de santé ont pris l’initiative d’accueillir, juste après son ouverture, deux médecins Roumains. Or selon le Dr Barnabé :

                    l’initiative des élus déstructure l’offre libérale. En Loire-Atlantique, à Blain, un superbe projet collectif est bloqué par un président de communauté de communes. Cela a eu pour conséquence la scission même de l’association qui travaillait depuis trois ans. À Torfou, on voit que le consensus qui se dégage autour de l’utilité des regroupements vole en éclats car des élus veulent « leur » médecin, c’est absurde. »

Pourtant il existe aujourd’hui des comités d’aménagement du territoire santé qui réunissent dans chaque département les représentants de l’ARS, les élus et les professionnels pour piloter de tels projets. Leur travail n’est donc pas respecté selon le Dr Barnabé.

Malgré ces obstacles le Gouvernement a proposé tout récemment, en mars 2015, la création de 200 maisons de santé supplémentaires qui s’ajouteront aux 600 financées par l’Etat depuis 2012.

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Figure 14 : Nombre de maisons de santé depuis 2012

Source : Ministère des Affaires Sociales, de la Santé et des Droits des femmes

Les MUSt

Le 3 septembre 2012 un collectif de médecins blogueurs a publié un document présentant une série de propositions pour palier aux déserts médicaux.

Parmi elles on retrouve le développement des MSP allant de paire avec un nouveau type de structure : les MUSt, Maisons Universitaires de Santé. Ce sont des MSP affectées d’un statut particulier permettant d’héberger des externes, internes et chefs de clinique. Elles deviennent un équivalent des CHU associé à la médecine de ville.

Pour faciliter leur mise en place et leur gestion (cf. les difficultés évoquées pour les MSP ci-dessus), ils proposent en outre la création d’un nouveau métier de santé : « Agent de gestion et d’interfaçage de MUSt » (AGI) qui se veut distinct du métier de secrétaire médicale.  Il s’agit ici d’assurer les rapports avec les ARS et l’Université, la facturation des actes et les tiers payants et de façon générale « l’activité administrative liée à la MUSt et à son activité de soin ».

Marisol Touraine a répondu rapidement, via Twitter, qu’elle était favorable à de telles mesures, jugeant ces idées prometteuses : « toutes les idées sont bonnes à prendre, je suis prête à travailler avec vous » déclare-t-elle ainsi sur le réseau social.

Dans les faits une première Maison Universitaire de Santé et de Soins Primaires (MUSSP) a ouvert ses portes début mars 2015 à Chenôve (agglomération dijonaise). 8 étudiants en médecine de second ou troisième cycle universitaire y travaillent au côté d’une dizaine de professionnels de santé et d’une assistante sociale.

« Ce type de structure permet à un futur médecin de s’ouvrir aux autres métiers et de voir ce qu’ils peuvent lui apporter », explique le docteur Jean-Noël Beis, qui est à l’origine de ce projet dans un reportage pour France 3.

Cette structure s’étend sur 900 m2 et correspond au réaménagement d’une plateforme de santé pour un montant des travaux de 1.450.000 euros, soit un peu plus que ce que prévoyaient le collectif de médecins. Il déclarait en effet en septembre 2012 :

« Dans le cadre d’un appel d’offres national, le coût unitaire d’une MUSt ne dépassera pas le million d’euro (1000m2. Coût 900€/m2) ».

 

D’autres structures du même type sont selon eux en développement.

Incitation senior

Une autre proposition du rapport de Hervé Maurey rejoint celle des étudiants en médecine : l’exonération de cotisations des médecins retraités poursuivant leur activité en zone sous-médicalisée. En effet, toujours parmi les 10 propositions de l’ANEMF il est fait mention d’un contrat d’incitation senior à l’exercice libéral (avantages financiers, aides logistiques, garantie de reprise du cabinet à la retraite).

Le collectif de médecins blogueurs sus-mentionné soutient également une telle proposition dans le cadre du développement des MUSt : ils prévoient d’accorder aux médecins seniors qui acceptent de s’y installer et d’y enseigner un statut d’enseignant universitaire avec une adaptation de la rémunération attractive.

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