« Pour la plupart d’entre nous, le sable évoque les vacances, le soleil, le bien-être mais c’est à peu près tout » [1]. Or le sable est omniprésent dans nos vies, il fait partie intégrante de notre société et est même l’un de ses constituants fondamentaux. Le sable est fondu pour être transformé en verre ; il est aussi la source de nombreux minéraux dont le dioxyde de silicium qui entre dans la composition d’une multitude de produits du quotidien, notamment les produits de haute technologie si bien que « les ordinateurs et toutes les puces électroniques ne pourraient pas être fabriquées sans sable » (Kiran Pereira, spécialiste en environnement) [1]. Mais, le secteur qui consomme le plus de sable, c’est la construction. En effet, associé au ciment il produit le béton, matériau « miracle » qui a complètement révolutionné nos sociétés. C’est aujourd’hui le matériau dominant à l’échelle de la planète. En effet, sur Terre « les deux tiers de ce qui est construit est en béton armé, le béton armé est constitué lui-même de deux tiers de sable » (Cyrille Simonnet, Directeur de l’institut d’architecture, Université de Genève) [1]. Ainsi pour construire une maison de taille moyenne, il faut 200 tonnes de sable, pour un bâtiment tel qu’un hôpital c’est 30000 tonnes et pour une centrale nucléaire on atteint les 12 millions de tonnes de sable. L’UNEP (United Nations Environment Program) estime la consommation annuelle de sable à 40 milliards de tonnes dont 30 milliards utilisées dans le béton soit assez pour construire un mur de 27m par 27m faisant le tour de la planète…[2]
Le sable est extrait des continents mais aussi de plus en plus aujourd’hui des mers. Il y a plusieurs décennies, il existait des carrières de sables à ciel ouvert mais rapidement elles ont été épuisées. On est alors allé chercher le sable en profondeur dans les continents mais aussi au fond des mers et des océans. Aujourd’hui, l’extraction de sable marin fournit une part importante de la production globale de sable mais que sait-on des impacts de telles extractions ? Sur cette question, les avis divergent tant au sein du grand public que dans la communauté scientifique et c’est pourquoi, notamment en France et dans les pays développés, de nombreuses voix s’élèvent régulièrement contre tout nouveau projet d’exploitation en mer. Dans les pays moins avancés sur les questions environnementales et sociétales, les exploitations se font majoritairement de manière illégale, à grande échelle et aux dépens de l’environnement qui est pourtant parfois exceptionnel au voisinage des sites d’extraction.
Quelles sont aujourd’hui les raisons de l’extraction des sables marins ? A quels usages est destiné ce sable ? Qui sont actuellement les acteurs majeurs dans ce domaine ? Quelles sont les interrogations soulevées par de telles exploitations et sur quels fondements se basent ces interrogations ? Existent-ils des alternatives à l’extraction du sable en mer ?
Ce site a pour objectif de donner quelques éléments de réponse à toutes ces questions sur la base de données recueillies dans les médias, sur Internet ainsi que par le biais d’entretiens réalisés avec des acteurs impliqués dans le sujet. Nous nous sommes plus spécifiquement intéressés au cas de la controverse en baie de Lannion (Bretagne) suscitée par la demande d’exploitation de la Compagnie Armoricaine de Navigation (CAN). Nous vous proposons un parcours thématique qui vous permettra de comprendre les débats soulevés par la controverse en baie de Lannion et vous donnera un aperçu de la problématique quant à l’extraction de sable marin dans le monde.
Rassemblement sur la plage de Tresbeur à Trebeurden (22/11/2015) [3]
(1) DELESTRAC Denis, Le Sable, enquête sur une disparition [Film], 2013
(2) PEDUZZI Pascal, Sand, rarer than onethinks, UNEP (United Nation Environment Program), Mars 2014
(3) PEIGNÉ Thierry, Trébeurden : le SOS des opposants à l’extraction de sable, France 3 Bretagne, (22 novembre 2015)