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Christiane Taubira

christiane taubira

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Né en 1952 à Cayenne, Christiane Taubira est diplômée en sciences économiques et en sociologie, elle détient également un certificat en ethnologie afro-américaine. Elle a débuté sa carrière politique en tant que militante indépendantiste en Guyane, en contribuant au mouvement guyanais de décolonisation. Elle est  très populaire au sein des territoires d’outre-mer, notamment en Guyane et en sera la députée de 1993 à 2002 puis de 2002 à 2012. Garde des sceaux jusqu’en février de cette année, elle s’est imposée comme une actrice principale de cette controverse suite au dépôt de son projet de loi en 2001, qui a été adopté sous son nom. Dans les années 90, plusieurs députés d’outre-mer ont essayé de faire passer un projet de loi quant au statut juridique de l’esclavage. Finalement, c’est celui de Madame Taubira, député de Guyane à ce moment-là, qui s’est imposé. Bien qu’elle fût la force derrière cette loi, son implication dans les controverses conséquentes est limitée, se réduisant souvent à de simples commentaires.

La loi Taubira

La loi Taubira constitue un tournant dans notre controverse car c’est la première fois que le gouvernement dans son ensemble confronte ouvertement cette partie sombre du passé du pays. Pour bien comprendre la polémique autour de cette loi, il est nécessaire de revenir sur le processus d’émergence et d’adoption de cette loi.

En 1999, Christiane Taubira, alors députée de la Guyane, présente un texte de loi qui sera adopté deux années plus tard. Les grandes lignes de ce texte sont la reconnaissance de la traite négrière comme un crime contre l’humanité, l’intégration de l’esclavage dans les programmes scolaires et la création d’un comité de personnes qualifiées chargé de la pérennité de la mémoire de l’esclavage.

Cette loi a été adoptée à l’unanimité en 2001, mettant en exergue une première source de polémique entourant cette loi. Certains historiens soulignent le manque de débat qui a précédé l’adoption de cette loi. Par exemple, l’historien André Larané voit ce processus comme une loi votée « sans réflexion et sans débat » (article concerné).

Une autre polémique associée à cette loi est que, pour certains, elle racialise le phénomène de l’esclavage sous deux aspects. Tout d’abord parce qu’elle omet les autres formes d’esclavage que la traite négrière par les blancs européens sur les noirs d’Afrique. Or, il y eu d’autres formes d’esclavage perpétrées par d’autres ethnies que les européens dans l’Histoire telles que la traite arabe ou intra-africaine. L’historien Guy Pervillé considère que ces omissions laissent penser que soit « ces traites n’ont pas existé, soit qu’elles ne sont pas des crimes contre l’humanité contrairement à la traite européenne » (article concerné). D’autre part, cette loi orchestrée par le gouvernement, corps représentatif de la France et des Français, peut donner l’impression que tout Français actuel a pour ancêtres des acteurs de la traite négrière et serait donc responsable. Or, à l’époque, la majorité des Français n’était pas impliqué dans ce commerce et rendre ainsi toute la nation responsable de ce crime semble pour certains démesuré.

Une des dernières polémiques tournant autour de cette loi est qu’elle se caractérise par un certain anachronisme. En effet, c’est le gouvernement d’aujourd’hui qui condamnent des actes vieux de plusieurs siècles, une condamnation qui manque donc de fondement pour Pierre Vidal-Naquet, « Est-ce que les Grecs d’aujourd’hui vont décréter que leurs ancêtres les Hellènes commettaient un crime contre l’humanité car ils avaient des esclaves ? Cela n’a pas de sens ! ». (article concerné) A ce sujet Guy Pervillé a dit « De toute façon, cette qualification pénale de faits vieux de plusieurs siècles est un non-sens juridique. » (article concerné). D’autres historiens pensent également que cette loi n’a pas été déclenché par souci de pérennité ou de sous-évaluation de la gravité, mais pour répondre à des demandes communautaires, mettant en doute la légitimité de cette classification. D’après ce point de vue, cette démarche a été amorcée pour apaiser des tensions inter-communautaires qui est déjà préjudiciable à cette loi, d’autant plus qu’elle a un effet inverse. En classifiant ce passé de crime contre l’humanité, elle risque de donner une certaine légitimité à ceux qui développent de l’hostilité envers ceux qu’ils perçoivent comme les descendants des esclavagistes.

Les historiens ne sont pas les seuls à avoir émis des réserves quant à cette loi. En effet, des acteurs politiques s’en sont également mêlés tel un groupe de députés UMP avec à leur tête Lionnel Luca. Ils sont tout particulièrement contre l’idée d’incorporer la traite négrière comme crime contre l’humanité dans les programmes scolaires. Ils en appellent « au souci d’égalité de traitement » en référence à l’abrogation effectuée par le conseil constitutionnel de la loi de février 2005 sur le rôle positif que la France a eu pendant la colonisation. La partie de cette loi indiquant que le rôle positif  de la colonisation (terme ayant causé un long débat) doit être un point abordé dans l’enseignement a été supprimée. Se basant ainsi sur ces événements, les députés ont cherché à obtenir une pareille suppression pour le projet de loi Taubira, sans succès. Ainsi, il semblerait que l’approche adoptée dans l’enseignement de cette période de l’Histoire soit un point de concentration des débats de notre controverse. Les différents acteurs se battent pour influencer l’opinion des futures générations, des futures citoyens votants.

Cette classification en tant que crime contre l’humanité peut sembler anodine mais elle est lourde de conséquence. En effet, elle facilite l’attaque en justice de ceux qui porteraient un jugement plus mélioratif sur la traite négrière. Cela a été mis en évidence par l’affaire Pétré-Grenouilleau. Olivier Pétré-Grenouilleau a en effet critiqué cette classification en tant que crime contre l’humanité car l’on fait alors automatiquement un rapprochement avec la Shoah qui sont pour lui deux événements bien différents. Selon lui, la traite négrière est complètement différente car elle ne consiste pas en l’exécution systématique d’un peuple mais dans la réduction d’un peuple à une valeur marchande que l’on cherche à faire fructifier. De telles déclarations ont donné lieu à de vives protestations, de par le contenu et le contenant. En effet, étant professeur à l’université, Olivier Pétré-Grenouilleau est à même de transmettre ses opinions personnelles au plus grand nombre (on retombe sur le problème débattu de l’éducation). Cette affaire met également en exergue un autre point de débat autour de la controverse, la réduction de la liberté de parole autour du sujet de l’esclavage.

Mise en pratique des réparations

Une des conséquences de la loi Taubira est la création d’un comité, le comité national pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage, chargé de « garantir la pérennité de la mémoire de ce crime » (article 4 de la loi Taubira).  Par cette mission, le comité est chargée de mettre en place les réparations cautionnées par le gouvernement, c’est-à-dire des réparations sous la forme d’actions et de mémoriaux. Il se pose dès lors la question de savoir si ces actions menées sous l’égide du gouvernement sont considérées comme suffisantes par les associations réclamant des réparations, à la fois en terme d’échelle et de type de réparations. Bien que certaines associations le demandent plus ouvertement que d’autres, il n’est pas rare que des demandes de réparations financières soient faites. Le CRAN réclame par exemple des réparations financières sous le couvert d’un jour férié qui serait rémunéré ou le remboursement à Haïti de la dette que ce pays a payé à la France pour son indépendance. Ainsi, une question qui reste en suspens est le type des réparations à mettre en œuvre, vu que certaines associations ne sont pas satisfaites par la construction du mémorial de Nantes en 2012.

Un autre débat, lié au précédent, se concentre sur les modalités des réparations si celles-ci prenaient la forme de réparations financières. La première question concerne l’accusé qui serait contraint de payer. La première entité à laquelle l’on pense est l’Etat. Mais est-il raisonnable de demander au gouvernement actuel, et donc au citoyen lambda, des réparations pour un crime commis par les ancêtres d’une minorité. Une autre idée du CRAN est de demander à des organisations ou entreprises précises des réparations car elles ont profité de l’esclavage. Le CRAN a par exemple déposé une plainte contre la Caisse des Dépôts et Consignations. Ce « bras armé » de l’Etat en matière financière est accusé d’avoir profiter du remboursement de la dette haïtienne pour s’enrichir via des intérêts exorbitants.

Le deuxième problème qui se pose est de savoir qui serait éligible pour recevoir ces compensations financières. Il est quasiment impossible de trouver des critères permettant de distinguer les personnes dont les ancêtres ont subi des préjudices qui ont eu des conséquences sur la vie qu’ils mènent actuellement. Ainsi, bien que demandées, ces réparations financières ne s’implanteront sûrement jamais à cause de leur mise en pratique impossible et du refus catégorique du gouvernement de les envisager. M Hollande est en effet pour une réparation morale mais non financière, la jugeant impossible et s’appuyant pour cela sur le concept d’impossible réparation cher à Aimé Césaire.

Pour lire le texte de loi sur légifrance, cliquez ici.

Pap N’Diaye

pap n'diaye

http://www.sen360.fr/societe/pap-ndiaye-aux-etats-unis-la-societe-postraciale-est-une-perspective-lointaine-324614.html

Pap N’Diaye est un historien français. Il s’est intéressé à la cause des noirs après avoir fait ses études aux Etats-Unis pendant lesquelles il a vu qu’il existait des communautés noires, lui qui se sentait français avant tout a commencé à s’intéresser à la question des discriminations raciales.

Il a pris position à différentes reprises pour lutter contre les discriminations raciales, héritières de l’esclavage. En tant qu’historien il a pu décrire avec précision les différentes conséquences de l’esclavage et les différentes actions de réparations.

Il maintient que cette question n’est pas nouvelle. Elle prend source dès la fin de la période esclavagiste avec la demande d’anciens esclaves d’avoir des compensations financières pour les nombreuses années de dur labeur qu’ils ont passés. Ce fut la première forme de réparation demandé par les esclaves et leurs descendants. La seconde forme de réparation date de la même époque mais ne cible pas les esclaves. En effet, suite à l’abolition de l’esclavage, les maîtres ont demandés à ce qu’on leur dédommage la perte de leur esclave, ils avançaient que cette perte allait entraîner leur faillite. Sous cette pression l’état a cédé et a débloqué des sommes d’argent pour compenser la perte des esclavagistes. Les descendants d’esclaves n’ont pour l’instant ni été compensé au niveau financier ni au niveau des terres, ceci se ressent aujourd’hui car les inégalités entre descendant d’esclaves et d’esclavagistes est encore très marquée. Ainsi, en Martinique, 70% des terres est encore aux mains des Békés (blancs de Martinique). Il faudrait compenser ceci à l’aide d’une réforme agraire rendant au noir une partie des terres afin qu’ils puissent vivre.

D’autre part, l’esclavage a laissé une balafre encore visible dans les structures sociales. Racisme et discriminations se font ressentir, que ce soit à l’emploi ou dans les conditions de vie, les noirs ont une place dévalorisée par rapport à celle des blancs, et l’état ne fait rien pour que ça change. Il se contente d’annoncer des actions s’avérant non fructueuses mais depuis 2005 rien n’a changé. Pap N’Diaye pense que ceci vient du fait que les politiciens ont peur de se placer en faveur des minorités. Avec la crise, la situation de beaucoup de français c’est fragilisée, ceci les poussant à discriminer. Par peur de perte de leur électorat les politiciens ne prendraient donc pas partie.

Le point essentiel ayant surpris Mr N’Diaye est que le racisme biologique ait pris le pas sur le racisme culturel. En effet, ce dernier était devenu prépondérant, et il a cru que le racisme biologique ne ressurgirait pas. Seulement, à partir des années 2000, cette forme de racisme c’est amplifié énormément. Évidemment, ceci provoque des indignations morales, c’est une chose nécessaire pour montrer le soutiens envers cette cause, mais historiquement, l’indignation a été utilisé (notamment par SOS racisme dans les années 80) mais nous voyons resurgir ce racisme pour autant, ce n’est donc pas la solution clé mais une solution pour apaiser pour quelques temps.

Sur la question de la forme des réparations à envisager, Pap N’Diaye pense qu’il ne faut pas réduire la question à l’aspect purement financier. Il est évidemment hors de question de distribuer des chèques personnellement aux descendants d’esclaves, si tant est que ce soit possible. Il préfèrerait une lutte contre le racisme institutionnel et les discriminations.

Louis-Georges TIN

Louis_Georges_Tin

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Louis_Georges_Tin.jpg

Louis-Georges TIN s’est rapidement présenté comme étant l’acteur majeur français de cette controverse. Depuis qu’il a succédé à Patrick Lozès à la tête du CRAN   (Conseil représentatif des Associations Noires) en 2011, Louis-Georges TIN a pris position à de nombreuses reprises. Il s’est engagé dans cette lutte pour des raisons personnelles car, étant Martiniquais, il ne pouvait ignorer le désastre social ayant lieux sous ses yeux. Les inégalités dues à l’héritage de l’esclavage est encore très présent à de nombreux endroits en France et particulièrement dans les îles. Les héritiers des esclavagistes sont devenus les riches propriétaires blancs terriens, laissant le reste de la population ultramarine dans une misère et souvent avec des taux de chômage dépassant grandement ceux de la métropole.

réparation au cours du temps

Nombre d’appartition du mot réparation en fonction du temps

Comme le montre ce graphique, la controverse a décollé à partir de 2011.

Avec l’appui du CRAN, son président a effectué différents évènements afin de combattre ces inégalités et d’autres sont encore envisagées et en cours. Parmi ces actions, différentes pétitions, des tribunes, des actions de rue (comme le colonial tour, visite des différents monuments ou places ayant eu un lien avec l’histoire colonialiste de France. Louis-Georges TIN a fait visité ces différents lieux à une dizaine de journaliste pour leur remémorer ce que beaucoup de français ont oublié ou encore n’ont jamais su, l’importance du passé colonialiste de France) , des conférences, des articles de presse, des actions politiques (comme les propositions de loi que le CRAN a déposé auprès de l’Élisée au début du mandat de Monsieur Hollande), différents sondages ou encore des actions judiciaires (dont 5 sont en cours, notamment pour les réparations pour la rançon d’Haiti ou encore l’affaire Spie au Congo).

TIN au cours du temps

En violet le nombre d’article où le nom TIN apparait

On voit qu’il apparait dans plus de 20 articles par demi-année après 2012. C’est donc un acteur très actif dans cette controverse.

CRAN au cours du temps

En violet, le nombre d’articles où le mot CRAN apparait.

Le CRAN apparait donc comme un acteur majeur à partir de 2011, date à laquelle Louis-Georges TIN a pris sa présidence.

Sur le site web du CRAN, beaucoup de leurs actions sont décrites et leurs idées sont exposées.

Louis-Georges TIN est donc vraiment la personne qui a permis le déclenchement de cette controverse, on peut voir que son arrivé au CRAN fait exploser le nombre d’article au sujet des réparations pour l’esclavage. Et donc rappelons le, c’est à parti de 2011 que ceci c’est passé. Les actions majeurs qui ont étés menées par la suite sont le congrès international pour la traite et l’esclavage transatlantique ayant eu lieux du 9 au 11 avril 2015, la création de différentes associations aillant le même but que le CRAN dans d’autres pays (USA, Gabon …) et le 12 octobre 2012 il lance un appel au débat dans le monde, débat suivit par différentes personnalités dont Olivier Besancenot, Jack Lang, Eva Joly, Daniel Cohn-Bendit, Edgar Morin et Françoise Vergès), partis politiques (le NPA, le PCF et EELV) et des syndicats (la CGT et le Syndicat de la magistrature). Mais le président de la république s’y oppose.

Mr TIN milite pour que des réparations soient effectuées par les différents acteurs de l’esclavagisme. Il souhaite que chacun paye pour les tords qu’il a causé. Ainsi, la mémoire de l’esclavage est à mettre au premier plan, et ceci grâce à la création de musées et à la réforme des programmes scolaires notamment. Le deuxième point serait de lisser les inégalités causées par l’esclavage. Ceci servirait à faire émerger les pays que la dette de l’esclavage et ses conséquences laissent en grande difficultés tant financières que sociales. De plus, l’État français devrait payer 21 milliards pour la rançon que leurs prédécesseurs ont extorqués aux haïtien pour leur indépendance, et que Haïti a dû rembourser jusqu’aux années 1950. Dans le même ordre d’idées, la restitution des biens mal acquis (comme les œuvres d’art volées lors de la période coloniale par exemple) aux pays colonisés devrait être effectuée.