Les médias ici ont un rôle de transmission des savoirs et d’information. C’est par eux que les scientifiques communiquent leurs résultats (presse scientifique spécialisée), mais c’est aussi grâce à eux que les ficelles des débats se nouent. En effet, en rendant publics certains faits, ils invitent à la réflexion et enjoignent leurs lecteurs à prendre position.


La presse spécialisée

La physique des nuages est un domaine très dynamique en recherche, comme l'indique le nombre de publications scientifiques sur le sujet. La dynamique des publications est résumée par le graphique montrant les publications scientifiques par année dans les revues recensées par le Web of Knowledge. Le référencement des articles débute au milieu des années cinquante et fait apparaître une phase de stagnation des publications grand public, alors même que les techniques d'ensemencement sont activement développées par les Etats Unis dans le cadre de la guerre froide : l'ensemencement des nuages reste encore très secret et relève du fantasme.

Les années 70 montrent une hausse notable des publications : la communauté scientifique s'empare plus du sujet et l'intérêt reste constant jusque dans les années 80 (stagnation du nombre de publication). Les années 90 voient une nette hausse des publications ainsi qu'une grande irrégularité de leur nombre. L'avancée de l'informatique ayant permis une modélisation poussée des nuages explique le foisonnement d'articles de cette période. La dernière décennie voit une baisse des publications pour revenir au même point que celui des années 80, mais cet effet est peut être dû au fait que l'archivage des publications n'est pas encore achevé sur ces années. Si ce n'est pas le cas, on peut en déduire que la recherche théorique est "presque" terminée et que maintenant le relais est passé à l' ingénierie et au déploiement de la technologie, comme semble le confirmer la naissance de start-up d'ensemencement des nuages, ou bien que ce domaine reste encore en suspens.


Revues dans lesquelles paraissent majoritairement les articles





La presse grand public

Il existe un certains nombre de publications concernant le cloud seeding dans la presse écrite comme sur les portails d'informations sur internet. Ils se divisent très nettement en deux catégories : les compte-rendus tentant de mettre en perspective les différents enjeux ainsi que les communications enthousiastes.


Les articles d'analyse

Les compte-rendus présentent tous à peu près la même structure : ils sont longs, concernent des résultats d'expériences (et bien plus de succès que d'échecs de ces techniques) et mettent à peu près tous en relief les dangers éventuels sur la santé. Cela montre une certaine méfiance persistante des journalistes vis à vis de ces techniques, tout en leur attribuant l'attrait de la nouveauté. A cette technique souvent décrite comme ambitieuse. La technique précise de réalisation du cloud seeding est bien sûr vulgarisée, mais parfois disparaît complètement au profit d'une simple hypothèse de pouvoir manipuler le temps. Si cette licence permet effectivement d'envisager d'agir sur les nuages, elle occulte les développements techniques, les limitations et incertitudes actuelles liés à l'ensemencement des nuages. Lorsque ce dernier aspect est abordé, c'est pour montrer un scepticisme vis à vis des faibles résultats d'augmentation des précipitations ou pour considérer que l'on s'attaque à un domaine encore trop complexe et mal connu aujourd'hui. L'information est souvent introduite de manière ludique, comme si manipuler les nuages revenait à essayer d'attraper des bulles de savon dans l'air (voir l'introduction de cet article). Ces publications relèvent le plus souvent de journaux occidentaux disposant d'une publication papier, qui est mise à disposition sur le site internet du journal. Le Monde, The Independent, Le Figaro, The New York Times.


Les communications enthousiastes

L'autre catégorie d'articles correspond à des publications de format très court, presque de dépêche ou de brève, annonçant les démarrages de projet de cloud seeding ou bien le succès de l'ensemencement des nuages sur une période à grand renfort de pourcentages. Ils sont tirés de sites d'agence de presse, n'apportent pas d'analyse et occultent encore plus la technique utilisée : "ça marche, et c'est tout ce qui est nécessaire à savoir". Ils décrivent en détail l'opération de cloud seeding (mode opératoire, zone ensemencée) mais sans non plus rentrer dans la technique, et s'intéressent particulièrement au coût du cloud seeding, et surtout les économies qu'il permet de réaliser.

Exemple: les organes de presse les plus actifs en terme de publications de ce calibre sont les agences chinoises et indiennes, ainsi que les presses régionales aux Etats-Unis. On retrouve aussi ce genre d'article sur les sites web à travers le monde.


Communication et ratés sur l'ensemencement des nuages

La presse n'est pas forcément tenue au courant des utilisations du cloud seeding, ce qui a entraîné des emballements lorsque son utilisation est suspectée de menacer l'homme. Dans le cadre du Project StormFury aux USA, en 1965, l'ouragan Betsy était un bon candidat aux tests de technique d'ensemencement. Toutefois au moment où l'ensemencement allait débuter, l'ouragan s'est dirigé vers les côtes et à menacer des habitations. Les journalistes avaient été mis en courant de l'ensemencement du nuage, mais pas de son annulation. Le Congrès et les journalistes ont estimé que c'était justement le cloud seeding qui avait provoqué l'ouragan. Deux mois ont été nécessaires pour dénouer l'affaire.


Eveil de la presse grand public à l'ensemencement ?

Pékin 2008 : le rendez-vous de la Chine avec le monde. Tout devait être parfait pour la compétition sportive la plus regardée de la planète, avec plus de 2 milliards de spectateurs pour la cérémonie d'ouverture. Les autorités chinoises n'ont pas lésiné sur les moyens pour montrer le plus beau visage de leur ville, n'hésitant pas à clôturer des usines, donner des cours de bonnes manières aux citadins, laver la ville ou encore réglementer le trafic routier. Rien n'a été laissé au hasard, tout devait être maîtrisé, jusqu'au drapeau flottant fièrement au vent grâce à de petites souffleries installées dans le mât. Mais le grand facteur aléatoire, c'est le temps qui allait régner sur la cérémonie d'ouverture. Le risque d'averse estimé (50%) était particulièrement élevé pour la cérémonie d'ouverture. Un risque beaucoup trop important susceptible de gâcher la fête, en particulier le feu d'artifice final d'autant plus attendu que les chinois furent les inventeurs de la poudre, donc des roquettes ont pilonné pendant depuis quatre heures du matin jusqu'à vingt minutes avant la fin de la cérémonie de clôture pour assurer un ciel sans nuages. Mais cela n'est pas passé inaperçu aux yeux des médias du monde entier, à la fois préoccupés et fascinés par les transformations réalisées par la Chine pour l'accueil des JO. Mieux encore, les autorités chinoises ont su communiquer sur cet emploi de l'ensemencement des nuages en promettant un ciel bleu. C'est la première opération de communication massive et mondiale sur le cloud seeding. Des médias de tous les pays et de toutes les tendances se sont intéressés au phénomène, utilisant le prétexte de la cérémonie d'ouverture comme accroche pour leurs papiers ou bien répertoriant la technique au milieu des planifications chinoises de préparation des JO. Toutefois, si avant le coup d'envoi des jeux, le cloud seeding bénéficiait d'une attention certaine des journalistes, au point de culminer quelques jours avant la cérémonie, lorsque les prédictions météorologiques étaient peu favorables, elle est retombée comme un soufflet après le show planétaire de l'ouverture. Les journalistes sportifs ont pris le relais et les épreuves des jeux ont occulté l'utilisation d' iodure d'argent qu'a continuée de faire la Chine pendant toute la durée des jeux. Et le public dans tout cela? Il n'a que peu réagi et ne s'est pas emparé de ces thématiques, préférant pointer du doigt les droits de l'homme. Le cloud seeding a été noyé dans la masse des informations et ne s'est pas transformé en controverse médiatique déchaînant les passions.