Les associations
En tant que nouveau porte-étendard de l'industrie du nucléaire en France, l'EPR a immédiatement soulevé de nombreuses inquiétudes correspondant aussi bien aux problématiques traditionnelles du nucléaire (danger, problème des déchets...) qu'à des problématiques qui lui sont propres (opposition à l'installation d'une nouvelle ligne à très haute tension, taille accrue du réacteur...).
Ainsi, de nombreuses associations, souvent historiquement opposées au nucléaire, se sont mobilisées face à ce nouveau projet, aussi bien en termes de communication que par des actions concrètes (cf. des exemples par la suite), ce qui leur accorde tout naturellement le statut d'acteurs privilégiés dans le cadre de cette controverse. De plus, plusieurs associations ont été créées spécifiquement en réaction au projet EPR.
Le rôle fondamental joué par les associations dans la controverse et l'information de la population est souligné par une cartographie réalisée au cours de l'étude, qui souligne bien l'omniprésence et la forte structuration des sites environnementaux et associatifs dans le débat.
Parmi ces associations, souvent très liées les unes aux autres on compte notamment :
- Greenpeace: cette association très connue a été créée au début des années 1970 en réaction aux essais nucléaires américains de l'Alaska, ce qui explique sa vigilance constante au regard des programmes nucléaires. L'antenne française a été créée en 1977 et a entretenu des relations assez conflictuelles avec le gouvernement français (dont l'attentat du Rainbow Warrior est le meilleur témoin), notamment à propos du nucléaire français.
En ce qui concerne l'EPR, Greenpeace caractérise son programme par cette phrase très simple et significative:
Actuellement, nous militons sans relâche contre le programme EPR.
Ainsi, Greenpeace s'est signalé aussi bien par des actions sur le terrain (blocage du chantier de l'EPR à Flamanville le 2 avril 2007 par exemple) que par des campagnes d'information sur les dangers de l'EPR, par Internet notamment, comme en témoigne la vidéo suivante :
- le réseau Sortir du Nucléaire: il s'agit d'un réseau français antinucléaire créé en 1997 à la suite de la fermeture de Superphénix. Selon ses propres dires, Sortir du Nucléaire rassemble aujourd'hui 878 associations et plus de 27000 individus. Le réseau définit ses objectifs comme suit :
obtenir l'abandon du nucléaire en France grâce à une autre politique énergétique, en favorisant notamment la maîtrise de l'énergie, et le développement d'autres moyens de production électrique.
En ce qui concerne l'EPR, ils sont bien entendu totalement opposés à l'implantation d'un nouveau réacteur nucléaire en France, qui plus est de forte puissance nominative. Leurs actions contre le projet EPR prennent la forme de très nombreux communiqués soulignant les défauts du réacteur mais aussi de manifestations publiques.
Ils affirment également être en possession d'un document confidentiel-défense émanant d'EDF et soulignant la vulnérabilité de l'EPR face à un attentat aérien, document qui est abondamment repris sur de nombreux autres sites anti-nucléaires comme preuve de la faillite technique de l'EPR.
Ce document est disponible sur leur site Enfin, ils ont récemment proclamé (par un communiqué de presse du 24 mars 2010) leur refus d'assister au débat public sur le possible EPR de Penly, accusant ce débat d'être bidon
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le collectif Stop EPR: créé par Sortir du Nucléaire, ce collectif international rassemble aujourd'hui (d'après son site internet) 294 organisations nationales de 48 pays différents, et représente donc environ 70000 signataires. En effet, ce collectif se structure par la signature d'un Appel international contre l'EPR, dont le texte est disponible ici.
Bien évidemment, de par sa vocation initiale, le collectif se dresse contre l'implantation d'un EPR quelque soit l'endroit en France. Lors du débat public du 24 avril 2010 à Penly, Stop EPR s'est notamment fait entendre par sa demande d'un référendum sur l'EPR, qui révélerait le désamour des français envers le projet.
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La coordination inter-régionale Stop-THT: ce collectif se centre sur 3 départements (l'Ille-et-Vilaine, la Manche et la Mayenne) et focalise son action sur la lutte contre les installations des lignes à très haute tension, notamment celles induites par la construction des EPR. Comme nombre d'associations de ce type, cette coordination s'exprime principalement par lettres ouvertes et marches ou rassemblements publics.
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Le collectif les 7 vents du Cotentin : ce collectif, affilié au réseau Sortir du Nucléaire, est a publié en 2006 un rapport (lien vers le 11.5) intitulé "un courant alternatif pour le Grand Ouest", dans lequel ils détaillent durant 114 pages leurs analyses énergétiques et économiques, et présentent leurs alternatives, insistant tout particulièrement sur l'efficacité énergétique et la création d'emplois. Ce rapport a servi et sert encore de cheval de bataille aux écologistes opposés à la construction de l'EPR et aux chois énergétiques de la région, comme en témoigne dans son interview M. Gosselin, porte-parole du collectif Stop THT.
C.G : Il faut potasser ce document-là. C'est un document qui a été réalisé par "les 7 vents du cotentin", financé par le réseau Sortir du Nucléaire. C'est sur le site du réseau Sortir du Nucléaire. Cette étude là vous démontrera aisément qu'avec le même budget que l'EPR on peut produire deux fois plus d'énergie, 15 fois plus d'emplois et surtout pas de déchets.
E. : On a rencontré des arguments d'EDF.
C.G. : Non mais alors EDF a travaillé sur ce sujet-là, sur ce dossier là, et ils n'ont pas réussi à démontrer quoi que ce soit, et à le démonter surtout. Ils n'ont pu que reconnaitre les vérités de ce dossier-là. Donc c'est quand même vachement intéressant. Donc nous on se base aussi sur cette étude pour dire « attendez arrêtez vos conneries, arrêtez de balancer des milliards d'euros par les fenêtres ». On a des solutions qui sont économiques, sociales et environnementales.
extrait de l'interview de Christophe Gosselin