Le grand public

Si nous avons décidé de considérer le grand public comme l’un des acteurs de la controverse, c’est pour la simple raison que chaque français utilise l’électricité produite par les centrales nucléaires, et à l’avenir par les EPR. En outre chaque français possède le droit de vote, et par conséquent choisit des représentants. Ces représentants prennent des décisions sur des projets tels que l’EPR. La population influe donc indirectement sur les décisions. Ce sont autant de raisons qui font que ce que l’on regroupe sous le terme « grand public » a une place à part entière dans cette controverse nationale sur l’EPR.

Ce sont là les raisons fondamentales de l'organisation des débats publics sur les EPR de Flamanville et Penly, bien que nombre d'organisations (notamment Stop EPR qui a décidé de boycotter le débat actuel) reprochent aux industriels leur mainmise sur de tels événements, qui ne peuvent donc pas réellement faire évoluer la décision.

En outre, le public assistant à de tels débats est souvent constitué d'une faible minorité de la population, bien renseignée et souvent engagée. Ainsi, France 3 Normandie31.2 souligne le fait que le premier débat (le 29 mars à Dieppe) s'est transformé en confrontation entre EDF et une salle à 90% hostile à l'installation de ce réacteur nucléaire.


Considérer maintenant le grand public comme un acteur de la controverse est périlleux car il faut tout à la fois tenir compte de la diversité des opinions exprimées, tout en ne connaissant pas la position de chaque français, ni en ne disposant de statistique fiable sur le sujet. Mais avant d’aller plus loin, regardons de plus près ce que nous allons considérer derrière ce mot « grand public ».

Il serait agréable de pouvoir dire que nous sommes le grand public, que chacun est le grand public. Cela impliquerait qu’il y ait une sorte de pensée commune. Et pourtant… Et pourtant il est plus réaliste de le voir comme il est, c'est-à-dire comme un masse informe, difficile à cerner – si ce n’est impossible. Les seuls éléments que l’on puisse dire à sont sujet sont ce qu’il n’est pas, et c’est ce que nous allons faire maintenant.

Le terme grand public contient le mot grand. Cela signifie qu’il est présent, géographiquement, partout. Dans le cadre de cette controverse nous allons considérer que ne font pas partie du grand public l’ensemble des autres acteurs. Si l’on détaille, il vient que les populations locales par exemple ne font pas partie du grand public, de même que les membres des associations impliquées dans la controverse, les employés concernés des entreprises telles qu’EDF, Areva etc, les décideurs de l’État. Les médias, autre ensemble très diffus, n’est pas considéré non plus comme faisant partie du grand public.


Nous pouvons maintenant dire sans trop nous avancer que contrairement au problème du réchauffement climatique, qui s’est imprégnée dans la population, la question de l’EPR est moins bien connue. Il n’est pas rare de trouver quelqu’un qui ne connaît que de très loin ce dossier. Les médias ont sans doute un rôle à jouer dans la connaissance d’un sujet parmi la population. Nous avons voulu rencontrer des personnes qui, a priori, ne sont pas impliquée de près sur la question de l’EPR pour recueillir des perceptions du projet. Loin de pouvoir représenter l’ensemble de la population, les avis et réflexions que nous avons recueillis au hasard des personnes interrogées donnent un regard différent sur la controverse. Il est bien évident que ce qui est rapporté est à chaque fois la parole d’une personne et en aucun cas du « grand public » auquel il serait dangereux de prêter une pensée.


Parmi les personnes que nous avons interrogées22.2, quelques unes ne connaissaient pas du tout l’EPR, et même après explications de notre part, nous leur parlions chinois ou grec. D’autres au contraire en avaient entendu parler. Le sujet n’est donc pas totalement inconnu. Le manque d’intérêt était parfois marqué, et dû à l’écartement géographique selon leurs propres termes. Pour d’autres ils estimaient ne pas avoir les compétences nécessaires ce qui a mené une personne à dire qu’ il faut faire confiance à un moment aux scientifiques. A l’opposer l’une ou l’autre des personnes nous disaient que c’était une horreur. Pour cette personne l’EPR n’était qu’un détail, la véritable question étant celle du nucléaire en général. Et lorsque nous avons demandé à l’occasion à différentes personnes si leur point de vue changerait s’il habitaient à proximité, nous avons obtenu plusieurs fois des réponses expliquant qu’ils se renseigneraient effectivement un peu plus. Opacité ou disponibilité des informations pour peu qu'on les cherche sur le nucléaire ? Personne n’était vraiment convaincu de l’un ou de l’autre.

Nous laisserons maintenant le soin à d'’autres de faire des pourcentages sur la quantité de personnes « favorables » ou « défavorables » au projet, la nuance des propos de nos interlocuteurs ainsi que leur nombre nous ayant interdit toute démarche de ce genre.

La blogosphère est représentative des préoccupations de la frange de la population intéressée par le projet EPR. Ainsi, la cartographie de la blogosphère se fait l'écho d'un dynamisme certain dans ce domaine très hiérarchisé (l'information provenant principalement des sites associatifs ou d'entreprises).

Les associations