Les experts de sensibilité de droite partisans de la retraite par capitalisation, tels Didier Blanchet dans son article Un système de retraite mixte par capitalisation et par répartition permet-il de corriger les effets du vieillissement ?, avancent tout d’abord un argument lié à la démographie.
La capitalisation n’est pas insensible aux chocs démographiques…
Au premier abord, il peut sembler que la retraite par capitalisation permet d’échapper totalement aux effets du vieillissement de la population. Le raisonnement est le suivant : si chaque génération cotise pour elle-même, l’épargne qu’elle accumule sera quoi qu’il arrive proportionnée aux besoins de financement du système de retraite. Chaque individu épargnant pour sa propre retraite, celle-ci ne dépendra pas du nombre d’actifs.
D’après Didier Blanchet, démographe de l’INSEE, le phénomène est plus complexe et en réalité la capitalisation est également touchée par les évolutions démographiques, de sorte que les deux systèmes semblent confrontés aux mêmes problèmes de financement en cas de vieillissement de la population. En effet, lorsque la génération qui a épargné, en achetant des titres, arrive à la retraite et vend progressivement ses titres pour se procurer un revenu, ce sont les nouvelles générations d’actifs qui achètent les titres, dans le but de se constituer à leur tour une épargne pour la retraite. Par conséquent, si les deux générations sont déséquilibrées, par exemple si la nouvelle génération est moins nombreuse, alors les prix des titres baissent, et les revenus des retraités également.
… mais capitalisation et répartition sont-ils pour autant équivalents ?
Pour Didier Blanchet, qui est en faveur de la capitalisation, si effectivement les deux systèmes doivent faire face à des problèmes de financement semblables, cela ne signifie pas qu’ils sont équivalents.
D’une part, le financement par répartition est géographiquement localisé, c’est-à-dire que les caisses de retraite ne sont financées que par des cotisations provenant des actifs en France, alors que le financement par capitalisation ne l’est pas, il est internationalisé. Ainsi, le choc démographique peut être atténué en capitalisation en prenant en compte le fait que tous les pays dans le monde ne connaissent pas les mêmes évolutions démographiques. Pour reprendre l’exemple précédent, lorsque la génération plus nombreuse voudra vendre ses titres pour se procurer un revenu pendant la retraite, une partie de ces titres pourra être achetée par des générations qui n’ont pas encore été affectées par le ralentissement de la natalité, à l’étranger.
Par ailleurs, Didier Blanchet, étudie la résistance aux évolutions démographiques d’un système de retraite mixte, comportant une part de capitalisation et une part de répartition, dans son article Un système de retraite mixte par capitalisation et par répartition permet-il de corriger les effets du vieillissement ?. Les résultats dépendent du taux d’épargne « naturel » de l’économie, c’est-à-dire le taux d’épargne observé lorsqu’on fonctionne en répartition pure.
La règle d’or de l’accumulation, ou règle de Phelps, affirme la nécessité, pour maximiser la croissance économique, de rémunérer les capitaux selon un taux d’intérêt équivalent au taux de croissance de la population. Didier Blanchet montre que si la règle d’or de l’accumulation est vérifiée, alors le système par capitalisation et le système par répartition ont la même performance. En revanche, si l’accumulation réelle est sous-optimale, ce qui peut arriver en économie réelle comme le rappelle Didier Blanchet, alors la capitalisation a un meilleur rendement et semble moins sensible aux évolutions démographiques, comme le montre la courbe suivante, tirée de l’article cité plus haut :
Pour analyser le deuxième argument en faveur de la capitalisation, se reporter à la page : La capitalisation, une solution à meilleur rendement…