Entretien avec le professeur Courvalin

Voici l’entretien que nous avons eu avec le Professeur Patrice Courvalin, travaillant à l’Unité des Agents Antibactériens de l’Institut Pasteur.

Monsieur,

Voici quelques questions qui nous semblent intéressantes dans le cadre de notre étude:

* La pomme de terre Amflora présente la particularité biologique de posséder le gène nptII comme gène marqueur, qui confère une résistance à certains antibiotiques comme la kanamycine.
Est-ce que certaines alternatives évoquées dans votre article (utilisation d’un gène de résistance à un herbicide, élimination du gène grâce à l’action d’une enzyme, etc…) auraient pu être mises en œuvre pour qu’Amflora soit fabriquée sans ce gène de résistance?

OUI, comme décrit dans l’article.


* Dans le rapport d’expertise publié le 12 juillet 2010 par le HCB, le CS a conclu que “si un transfert est théoriquement possible avec une très faible probabilité, celui-ci ne modifierait pas les équilibres des populations bactériennes existantes. La présence de ce transgène dans la pomme de terre Amflora ne constitue donc pas un risque singulier pour l’environnement et la santé.” Par ailleurs, dans l’article que vous m’avez envoyé, vous affirmez qu’ “il faut toujours conserver à l’esprit que les opportunités d’échange de matériel génétique entre organismes dans la nature sont immenses”. Que pensez-vous de la manière dont est produite l’expertise aujourd’hui, que ce soit par le HCB en France ou par l’EFSA au niveau européen ?

Elle ne suit apparemment pas mes recommandations ! Les décisions sont favorables à l’industrie.


* D’après les résultats de nos recherches, Amflora a été développée à des fins industrielles dans un premier temps. Selon vous, les besoins industriels justifient-ils l’autorisation de la culture de cette pomme de terre en Europe ?

Cette pomme de terre aurait pu être générée sans marqueur de résistance.

Il s’agit d’une très vieille construction génétique.

* Pour finir, le développement d’OGM génère beaucoup d’espoir pour l’avenir. Cependant, le cas d’Amflora montre que ces organismes suscitent également de nombreux débats. Pensez-vous qu’il soit intéressant de continuer à innover dans ce domaine? Et dans ce cas, certaines mesures devraient-elles être développées pour minimiser les risques que comportent les OGM ?

Le véritable problème est la dissémination, par exemple d’un gène de résistance à un herbicide, aux espèces reliées, notamment les “mauvaises herbes”.

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