Risques et dangerosité

En quoi Amflora peut-elle être dangereuse ?

La pomme de terre Amflora contient le gène nptII, qui entraîne chez l’organisme hôte une résistance aux deux antibiotiques kanamycine et neomycine. La kanamycine est notamment utilisée pour lutter la tuberculose, et la neomycine est présente surtout dans divers crèmes, pommades, collyres.

Le problème que pose la présence d’un tel gène est qu’il n’est pas impossible qu’il se propage dans la nature environnante. Or s’il est transmis à des bactéries, celles-ci deviennent résistantes à l’antibiotique en question ce qui pose des problèmes graves pour l’efficacité des traitements. Plusieurs faits reconnus par tous les experts, mais appréciés de manière fluctuante, viennent préciser ce constat :

  • La probabilité d’un échange de matériel génétique entre une pomme de terre et un autre organisme vivant est extrêmement faible, mais elle est contrebalancée par l’énorme quantité de matériel génétique et de possibilités d’échange que l’on trouve dans des dizaines d’hectares de culture. On obtient une probabilité d’échange de matériel qui est finalement très difficile à préciser, dont on ne peut même évaluer l’ordre de grandeur actuellement.
  • Les expériences en plein champ n’ont jamais détecté d’échange de matériel génétique, mais en revanche, les expériences en laboratoire en obtiennent.
  • Le matériel génétique se dégrade rapidement dans le sol.
  • Le gène NPII est déjà présent dans la nature. On n’arrive pas à prévoir si sa présence en plus grande quantité sera négatif ou passera inaperçu.

Ces critères constituent les principales connaissances des experts actuellement et ne connaissent pas


Autres risques

Il existe d’autres dangers liés à la pomme de terre Amflora mais aussi aux OGM de manière générale. Ces risques sont, non exhaustivement :

  • Le risque de dispersion des semences, qui pourraient s’installer dans des champs de cultures destinées à l’alimentation. Il y n’y pas de méthode précise permettant de détecter de telles pousses clandestines et l’on connaît mal l’effet d’ingestion d’organismes génétiquement modifiés.
  • BASF a demandé l’autorisation à l’Union Européenne d’utiliser les restes d’Amflora pour l’alimentation animale. De la même façon on ne connaît pas l’effet réel et sur le long terme de présence d’OGM dans l’alimentation humaine ou végétale.


A l’origine de la controverse

La controverse tire principalement son origine de ces dangers que présente Amflora. Leur principale caractéristique est qu’ils ne peuvent pas être quantifiés et ne peuvent être prouvés ou réfutés. Alors la position des différents groupes d’acteurs, experts et organismes décisionnels est en grande partie liée à leur goût plus prononcé pour le risque ou pour la prudence. D’où la grande quantité de termes d’appréciation trouvée dans les propos et publications : « théoriquement possible », « faiblement probable », « risque modéré », « danger existant ».

Voici pour premier exemple une confrontation d’avis de deux groupes d’expert qui sont issus de la même agence, le HCB. La vision du Comité Scientifique (CS) est presque aux anti-pôles de celle du Comité éthique, économique et social (CEES) :

Le CS estime que « les études de toxicologie entreprises n’ont pas identifié de risque majeur lié à la consommation de ce végétal ». Le CS balaie d’un revers de la main la controverse scientifique internationale : « considérant la présence naturelle de cette résistance dans l’environnement et dans la flore bactérienne de l’homme et des animaux, le CS a conclu que, si un transfert est théoriquement possible avec une très faible probabilité, celui-ci ne modifierait pas les équilibres des populations bactériennes existantes. La présence de ce transgène dans la pomme de terre Amflora ne constitue donc pas un risque singulier pour l’environnement et la santé ».[rapport du HCB]

En revanche, le CEES ne soutient pas une telle analyse et tempère ce jugement. Pour lui, les connaissances en matière de bactériologie du sol, science en plein essor mais relativement jeune, sont largement insuffisantes et doivent nous conduire à la plus grande prudence. Certains estiment par conséquent qu’une précaution maximale devrait être adoptée sous forme d’interdiction d’Amflora ; l’autorisation de cette pomme de terre véhiculerait pour eux un message négatif au regard des efforts de prévention des résistances aux antibiotiques. D’autres invitent à prendre acte de l’absence de risque à laquelle concluent les scientifiques et observent que le principe de précaution n’implique en rien de parvenir à un hypothétique risque zéro.

Les commentaires sont fermés.