Quels intérêts économiques et écologiques pour Amflora ?

Le marché d’amidon en Europe

L’amylopectine est une substance aux propriétés intéressantes, elle est donc beaucoup recherchée par certaines industries. Elle a de nombreuses propriétés :

  • rétention d’eau
  • anti-gluante
  • anti-collante
  • visqueuse à chaud
  • texture souple au froid
  • ne craint pas le gel.

Cela fait d’elle un matériau de choix pour l’industrie des surgelés. D’autre part l’industrie du papier en fait aussi une forte utilisation car cet amidon rend le papier plus blanc, plus brillant et lui donne une meilleure tenue.

En Europe, ce ne sont pas moins de 14000 fermes qui cultivent les pommes de terres afin d’en extraire le fécule. 4000 personnes sont de plus employées dans l’industrie de sa transformation, souvent dans des régions pauvres et économiquement faibles. Ces champs de pomme de terre à fécule sont principalement situés en Allemagne, aux Pays-Bas, en France, au Danemark, Pologne, Suède, Finlande et Autriche, pays où est cultivée près de 90% de la production Européenne. La production européenne en 2010 était de 10 million de tonnes ce qui représente près de 80% de la production mondiale.

La place théorique d’Amflora dans ce marché

Actuellement l’amylopectine est extrait des pommes de terre traditionnelles à l’aide d’une technique d’extraction qui est coûteuse en temps, en eau et en énergie. La haute teneur en amylopectine d’Amflora permet de sauter ces lourdes étapes de traitement chimique des amidons. C’est pourquoi BASF présente sa pomme terre comme un tubercule écologique puisqu’il permet de sauter un certain nombre d’étapes de l’extraction de l’amylopectine.

D’autre part, l’amylopectine produite par la pomme de terre génétiquement modifiée est de grande qualité par rapport à une amylopectine classique. Notamment, elle a une belle transparence, une grande masse moléculaire, une grande résistance à l’étirement, et une bonne solubilité, autant de qualités qui sont recherchées dans l’industrie.

Le point de vue des producteurs et des industriels actuellement

Bien qu’en théorie, Amflora soit pensée par BASF comme une aubaine pour l’industrie papetière et des emballages, il semble que le besoin d’une telle patate ne se soit pas vraiment fait ressentir. Selon Patrick Trillon, président de l’association nationale des producteurs de pomme de terre (UNPT), cette demande des producteurs est même quasiment nulle, et ce parce que « les industriels ne souhaitent pas produire de fécule issue de pomme de terre génétiquement modifiée », alors qu’en France, « la production est 100% contractualisée, et de manière obligatoire, avec les deux féculeries françaises ».

Les producteurs pourraient en revanche y trouver un certain intérêt économique « si l’industriel était prêt à payer plus cher la pomme de terre OGM que la pomme de terre féculière classique, après avoir déduit le prix de la semence. Or aujourd’hui, nous n’avons aucune information sur l’accès et sur le coût de cette semence. De plus, le producteur qui choisirait de produire cette variété sait pertinemment qu’il s’expose à d’autres risques liés à la question globale des OGM. »


Conclusion

L’intérêt pour Amflora de l’ensemble de la chaîne féculière ne peut naître qu’avec l’initiative des coopératives de transformation et de valorisation du fécule, car ce sont ces industries qui choisissent ou non de modifier leur fonctionnement et du prix qu’elles sont prêtes à mettre dans l’achat de pommes de terre plus riches en amylopectine. Ces industries sont restées pour le moment sourdes à ces nouvelles avancées de la biotechnologie.

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