Les ONG ne forment pas un groupe homogène dans notre controverse. En effet, malgré leur rôle privilégié dans les questions environnementales, elles ne sont pas toutes d’accord concernant l’évaluation économique de la biodiversité, ce qui réduit fortement leur champ d’influence.
On retrouve des ONG environnementales dans les acteurs favorables à l’évaluation de la biodiversité. Celles-ci ont compris qu’en s’appropriant l’évaluation, elles se donnent un nouveau moyen d’influence.
Le fait que ces ONG travaillent selon des méthodes économiques joue en faveur de l’évaluation, qui se voit presque exonérée des désaccords éthiques: “La simple mention du « capital social » détenu par les ONG sert de justification à leur intervention sans que leurs actions, le type d’influence qu’elles exercent, les formes de légitimité dont elles pourraient se prévaloir ne soient analysés.”*.
WWF
Depuis plusieurs années déjà, WWF, consciente de la nécessité de fonds pour développer son action, s’engage dans des partenariats avec des multi-nationales. WWF proposa en 1987 un système d’échange dette-nature pour des pays très endettés souhaitant investir dans la biodiversité. Ce système de récompense un peu oublié n’est pas le seul allant dans le sens de l’évaluation, le Fonds ayant notamment développé avec le cimentier Lafarge l’IBL, Indice de Biodiversité à Long terme, qui a pour objectif d’évaluer la nature selon une échelle économique mais non convertible en devises car relative.*
Cependant, certaines sont moins ouvertement pour l’évaluation, conservant une certaine méfiance à l’égard de l’économie. En voici quelques exemples:
WEED (World Economy Ecology & Development)
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La WEED, elle, surveille de très près les évolutions de l’évaluation de la biodiversité. En effet, elle craint que “le prix de la nature soit sous-évalué”, et que la biodiversité soit victime d’un libre marché comme celui des quotas d’émission. Selon Markus Henn*, “croire que ces mesures permettraient de préserver la biodiversité est un leurre”. Sans être complètement opposée – car à l’affut d’évolutions positives – , la WEED ne voit pas l’évaluation comme une voie positive.
France Nature Environnement
L’ONG France Nature Environnement est représentative de la position contrastée des ONG. Elles n’arrivent le plus souvent pas à montrer une position nette. Arnaud Gossement, ancien porte-parole et avocat en droit de l’environnement, déclare ainsi : ”le débat fait rage, j’ai moi même changé d’avis et suis devenu favorable à la compensation”.*
Greenpeace & Attac
Greenpeace est très critique envers la position des ONG comme WWF, dénonçant leur dépendance à l’industrie dans leurs actions. La compensation, en premier lieu, est la cible de critiques violentes de la part de certaines ONG. Attac est signataire d’une pétition, “Non à la compensation biodiversité!”. La visée des critiques s’est donc de l’évaluation elle même, dont les critiques étaient plus abstraites, à ses méthodes d’application.*
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