Les mutations du travail
La question du travail est centrale. Or le débat autour des différentes formes de travail et du type de politique de l’emploi requis nécessite une réflexion sur l’évolution structurelle du système productif. L’un des changements majeurs qui a transformé notre société depuis 30 ans est le choc d’automatisation et avec lui la mise en place du chômage structurel ainsi qu’une baisse importante du secteur industriel au profit du secteur tertiaire.
Depuis 25 ans, comme on le voit sur le graphique, le taux de chômage oscille entre 7 et 11%. Ce phénomène est observable dans de nombreux pays européens. Ces données permettent de défendre l’idée que le choc d’automatisation combiné à une logique de délocalisation dans les pays du tiers-monde a entraîné la création d’un chômage structurel. Tout le monde n’a pas subi ce changement de mode de production de la même façon. Les travailleurs non-qualifiés ainsi que les ouvriers du secteur secondaire en ont été les grands perdants.
Certes, une minorité de travailleurs très qualifiés tire profit de l’automatisation. Mais pour les autres, l’emploi se fait de plus en plus rare et ne garantit plus un revenu décent.
L’automatisation menace directement la sécurité financière et l’intégration sociale procurées par l’emploi.
Jean-Eric Hyafil dans Le Monde.
Cependant la modification de la structure de l’emploi dans nos sociétés ne s’arrête pas là. On assiste désormais au développement de la robotisation et de la numérisation de l’économie.
Automatisation et robotisation, un rôle majeur dans l’arrivée au Revenu de Base
L’automatisation et la robotisation sont des processus via lesquels des activités réalisées initialement par des hommes deviennent progressivement la tâche de machines. Cela va de pair avec la numérisation des emplois, dont les conséquences sont analogues et conduisent à une diminution du nombre d’emplois nécessaires dans l’acte productif.
Une extension de ce mouvement
Cette dynamique n’est pas nouvelle et s’observe depuis l’apparition du travail à la chaîne, mais R. Lucazeau explique que la phase d’automatisation que l’on connaît depuis les années 2000 est inédite par rapport à ce qui a été connu. En effet, les robots n’effectuaient avant que des tâches simples et répétitives et remplaçaient les hommes dans les usines, mais ils ne se limitent désormais plus à cela. Des activités cognitivement compliquées peuvent maintenant être réalisées par des machines. Par exemple, La Poste opère un test de livraison par drone. R. Lucazeau explique ainsi que « le robot sort de l’usine ».
M.Benchoufi déclare que l’intelligence artificielle peut s’avérer plus performante que l’homme dans des domaines qui paraissent aussi peu automatisables que le diagnostic médical. Ainsi, par l’usage du Big Data Watson, le programme d’intelligence artificielle de IBM, est plus efficace que l’homme pour diagnostiquer des maladies. En effet il peut maîtriser l’intégralité des connaissances médicales et prend en compte en quelques secondes toutes les avancées et découvertes scientifiques sur le sujet.
Une informatisation de toute l’économie
À cela s’ajoute le travail collaboratif, servi par l’informatisation et l’essor d’internet, qui permet de produire de manière plus performante et avec moins d’emplois. Le travail prend une forme immatérielle, on parle de travail cognitif qui repose sur l’échange de connaissances. Il intègre un travail du consommateur, qui devient partie prenante de l’acte productif. On peut notamment citer des plateformes comme Air-BnB, dont la croissance est bien plus forte que celle du secteur de l’hôtellerie et qui rend obsolètes des emplois dans ce milieu, tout en nécessitant un très faible nombre de travailleurs.
Un processus encore à son commencement
D’après un rapport mené par un cabinet de stratégie Allemand, 42% des emplois français actuels ont une très grande probabilité d’être automatisés à moyen/long terme. La destruction d’emplois dans l’industrie, du fait de leur automatisation, a conduit à une tertiarisation de l’Économie. C’est notamment pour s’adapter à cette situation que le Revenu de Base est défendu.
En résumé
L’idée d’un Revenu de Base a éclos en partie grâce aux problématiques soulevées par l’automatisation, sur le partage de la valeur, le chômage, l’emploi ou encore sur le revenu. Face aux transformations de l’emploi, certains défenseurs du Revenu de Base argumentent en faveur d’une nouvelle conception de l’emploi, puisque la robotisation remet en cause la pertinence de l’obtention d’un revenu en contrepartie de l’acte productif. Il ne s’agit donc pas de remettre en cause la robotisation ou la numérisation mais plutôt d’en démocratiser les fruits. Elles sont ainsi appréhendées comme un bien commun dont tous devraient tirer parti. Le partage des richesses est d’ailleurs une des justifications idéologiques du Revenu de Base. Enfin, ces deux phénomènes font également émerger de nouvelles sources de financement.