Le tissu associatif en Grande-Bretagne présente des disparités, géographique et surtout socio-économiques. L’engagement citoyen dépend lui aussi de ces mêmes facteurs socio-économiques. Les objectifs d’égalité et de coopération d’une politique comme celle de Big Society se heurtent ainsi à un problème avant même d’avoir démarré : elles peuvent certes s’appuyer sur un réseau de volontariat préexistant, comme cela a été le cas dans les vanguard areas mais ne peuvent pas se désinvestir des zones les plus défavorisées, où le réseau justement est moins actif (Mohan, 2011).
La New Economics Foundation, un think-tank de gauche, voit comme un défaut majeur de la Big Society le fait que ce sont les plus favorisés qui sont les plus enclins à s’investir :
[Big Society] pays no attention to forces within modern capitalism that lead to accumulations of wealth and power in the hands of a few at the expense of others. Nor does it recognise that the current structure of the UK economy selectively restricts the ability of citizens to participate. (Coote, 2010)
Elle appelle en ce sens la Big Society à être centrée autour d’une logique « d’égalité », et d’être particulièrement actives dans ces zones, au risque de creuser les inégalités déjà existantes. En prenant l’exemple particulièrement du développement, à l’échelle locale et non étatique, de projet de transitions énergétiques, l’article (Catney et al., 2013) aboutit aux mêmes conclusions : un désengagement de l’État dans de telles zones pourrait être un grand obstacle à l’essor d’initiatives du ressort du volontariat.
Or, le mode de sélection des vanguard areas, dans lesquels le tiers secteur était déjà très actif, n’a pas fait remonter concrètement ce problème important : quand bien même les associations bénévoles ont connu un gain de participation (notamment à Windsor and Maidenhead), l’expérience n’a pas permis d’apporter de réponse convaincante à cette question. Cependant, à Windsor et Maidenhead, le succès du projet Adopt-A-Street ne s’est pas démenti dans les zones les moins favorisées.
La question des coupes budgétaires revient ici encore : les zones qui en souffres le plus sont les zones déjà défavorisées : pour John Bird, ceci compromet d’autant plus la formation d’un environnement propice au progrès social (Bird, 2016).