Les débuts de la Big Society ont été marqués par la mise en place de zones d’expérimentation. Dès juillet 2010, soit deux mois après son élection, David Cameron annonce lors d’un discours à Liverpool que la Big Society sera testée dans quatre vanguard areas : Liverpool, la vallée d’Eden en Cumbria, la région de Windsor et Maidenhead et Sutton, un quartier de Londres.
Dans son discours (Cameron, 2010), David Cameron rappelle les outils qui aideront les communautés locales à mettre en place la Big Society : la décentralisation, la transparence, et les financements. L’objectif de transparence vise à donner aux collectivités locales les données dont elles peuvent avoir besoin ; pour les financements, il affirme que le rôle de l’État sera de connecter les entreprises privées et les collectivités locales.
L’expérimentation dans ces vanguards, quant à elle, sera une démonstration de l’objectif de décentralisation. Le principe de l’expérimentation est le suivant : laisser aux collectivités locales le choix des projets qui les intéressent et qu’elles vont mener. Le rôle du gouvernement n’est donc pas de définir des objectifs précis, mais d’accompagner les zones d’expérimentations dans la réalisation de projet qu’elles auront elles-mêmes défini. Cet accompagnement prendra les formes suivantes : aider les communautés locales à dépasser des problèmes bureaucratiques, ou à les mettre en relation avec des entreprises privées. Le but de l’expérimentation est précisément de se retrouver confronté à des obstacles, et de voir ce qui peut être fait pour les contourner :
This process is all about learning. […] It’s about unearthing the problems as they come up on the ground and seeing how we can get round them. (Cameron, 2010)
Les vanguard areas sont donc une expérimentation où l’expérimentateur, à savoir le gouvernement, ne définit pas d’objectifs précis, mais se concentre plutôt sur le déroulement réel de la politique de Big Society, en se concentrant sur les problèmes qui pourraient potentiellement surgir. Ceci paraît surprenant : les expérimentations politiques sont traditionnellement soumis à un processus d’analyse de résultats (Millo & al., 2006). Nous verrons plus loin ce que cet absence de cadre d’évaluation indique.
La question se pose également de savoir comment les résultats de ces expérimentations sont mesurés : le discours de David Cameron ne précise pas ce point, ni aucun document officiel. En quoi consistent donc réellement cette expérimentation de la Big Society ? Qu’a-t-elle apporté au déroulement de la politique ? Pour répondre à cela, nous analyserons le mode de sélection des quatre vanguard areas, puis ce qu’il y a été fait ou appris.