Entretien avec une chercheuse, principalement en sociologie : pour une révolution éthique de l’élevage

    Nous avons eu un entretien avec une chercheuse, principalement spécialisée en sociologie, qui étudie la question de l’élevage.

 

Positionnement :

 

   Selon elle, ce qui se pratique aujourd’hui dans les grandes porcheries et toutes les « usines » où les animaux sont concentrés, n’est pas de l’élevage, mais de la production animale. Elle pense que ce système est archaïque, il date de la Révolution industrielle et considère l’animal comme une machine. Aujourd’hui, il faut revenir au vrai élevage, celui où la relation entre l’homme et l’animal est primordiale pour obtenir le bonheur de l’animal. Elle trouve que le « bien-être » animal tel qu’il a été défini dans les années 1980 (ne pas frapper l’animal…) ne correspond en réalité qu’à des règles pour assurer un minimum de survie à l’animal. Mais cela n’empêche pas une grande violence envers l’animal, même en respectant ces critères. Elle pense que le système actuel de compétition pour produire toujours plus n’est pas durable, d’autant plus que l’arrivée de la viande in vitro d’après elle va créer un autre concurrent que l’élevage industriel ne pourra pas affronter.

 

   Nous l’avons d’abord contacté par mail, puis elle nous a donné son téléphone. Nous avons réalisé notre entretien avec elle vendredi 22 janvier.

 

Chronologie :

 

   Elle n’avait au départ aucun rapport avec le monde de l’élevage quand elle a commencé à travailler. Elle a rencontré des éleveurs et des éleveuses de chèvre. Séduite, elle s’est lancé dans l’élevage de brebis. Elle adorait ce métier. Puis elle déménage en Bretagne et est employée comme salariée dans une porcherie : elle y éprouve un choc, trouve ce travail horrible et que la façon dont on traite les animaux abominable.

 

   Dans ses thèses, elle cherche à expliquer le lien de bonheur et de souffrance entre l’éleveur et l’animal. Elle participe à de nombreux débats publics et écrit de nombreux travaux.

 

Lien avec les autres acteurs :

 

   Ses thèses sont très controversées. Seuls quelques chercheurs et des éleveurs qui élèvent selon des méthodes non industrielles leurs animaux, la soutiennent. Les autres éleveurs sont plutôt méfiants vis-à-vis d’elle; ils pensent qu’elle cherche à détruire leur modèle d’élevage. Or, d’après elle, elle veut simplement le réinventer. Les autres chercheurs, comme Jean-Jacques Dhomps, n’apprécient pas ses travaux car ils sont trop engagés politiquement ; pour eux, elle est une fanatique. Ils pensent que la recherche doit plus viser la neutralité. Jean-Jacques Dhomps lui a reproché sa manière de mettre tout le monde d’accord sur la mort des animaux, en racontant qu’elle apportait de la souffrance à l’éleveur, or la mort de l’animal est pourtant le nœud central du débat et il ne faut pas l’éviter ainsi. Les véganes aussi sont en désaccord total avec elle car elle ne prône pas le renoncement à l’élevage, mais un élevage dans de meilleures conditions de vie pour les animaux.

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