Le respect de l’animal


   Dans les prés verts du village de T., les vaches de Paul, l’agriculteur, broutent tranquillement. Profitant de cette belle journée de printemps, Laura avait décidé de faire les tour du pré pour aller bronzer près de la rivière. Elle croise alors sur son chemin Marguerite, qui malgré ce beau soleil, n’a pas l’air dans son assiette.


Laura : « Marguerite, pourquoi n’as-tu pas l’air plus joyeuse en cette belle journée : l’herbe est verte et le soleil brille ! Que te faut-il de plus? »


Marguerite : « C’est ma patte qui me fait horriblement souffrir depuis plusieurs jours : à force d’être serrée et bousculée dans l’étable, j’ai fini par ne plus pouvoir marcher correctement. »

Laura : « Mais pourquoi n’es tu pas mieux traitée dans ton étable? C’est quand même de ton bien être que dépendra la qualité de ton lait non? »

   La question du bien-être animal est un des grands débats de l’élevage. L’abattage, l’élevage de masse et certaines « optimisations » introduites par l’élevage industriel (qui vont parfois jusqu’à supprimer l’auto- nomie de l’animal) sont des points très discutés. Cette question inquiète certes les éleveurs, mais aussi certains particuliers ou ONG sensibles au sujet de la défense des droits des animaux. En particulier, la question d’une éventuelle corrélation entre bien-être animal et qualité du produit fini (viande, lait, …) est de plus en plus soulevée.


Laura : « Mais alors pourquoi les éleveurs comme Paul continuent-ils à vous traiter ainsi ? »

   Les pratiques problématiques du point de vue du bien-être animal, telles que l’élevage en batterie par exemple, sont adoptées par les éleveurs justement parce qu’elles leur coûtent moins cher et permettent de baisser drastiquement leur coût de production, et d’optimiser (d’un point de vue quantitatif) le fonctionnement de leur exploitation. C’est donc avant tout la pression économique qui pousse les éleveurs à adopter ces pratiques remises régulièrement en question par certains consommateurs. Là encore, les avis des différents acteurs semblent converger sur le fait qu’il faut garantir des pratiques « justes », passant par le biais de réglementations ou de labels et faisant appel à une certaine transparence, mais coûtant aussi un certain prix supplémentaire.

Laura : « Mais il n’y a rien juridiquement pour vous protéger de tout ça? »


François, au ministère : « Les réglementations en vigueur en France n’insistent que peu sur la question des conditions de vie des animaux en élevage, seules les réglementations spécifiques à certains labels ou la Charte des Bonnes Pratiques de l’Élevage y font référence précisément. »


Marguerite : « Et en plus de mes problèmes d’articulations, je ressens aussi quelques nausées depuis quelques jours. Je sens que je couve quelque chose… un peu comme ma voisine d’étable… »

   Les pratiques considérées par certains mouvements de consommateurs comme non respectueuses de la vie de l’animal, sont souvent aussi montrées du doigt comme étant potentiellement dangereuses pour la santé du consommateur. Par exemple l’élevage de poulets en batterie, ou de façon générale les comportements impliquant une grande promiscuité, seraient favorables aux maladies et au manque d’hygiène. Ce problème est dénoncé par de nombreuses personnes condamnant l’élevage intensif, parmi lesquelles Jocelyne Porcher : elle pense au risque d’épidémie, car entre les Pays-Bas et l’Allema- gne des milliers de vaches traversent chaque jour les frontières. Il y a une très grande concentration d’animaux, les Pays-Bas ayant une grande expertise dans le « naissage » (l’ensemencement des bêtes et le suivi de leur grossesse) et l’Allemagne possédant les surfaces requises pour y élever les vaches et récupérer leur lait.


Marguerite : « Et je ne t’ai pas tout dit : les problèmes dus à l’élevage intensifs ne concernent pas que les animaux et les consommateurs ! »

   En effet, la concentration trop forte d’animaux peut avoir d’importantes conséquences environnemen- tales. Ainsi, la directive nitrates introduite en 1991 par la Commission Européenne avait pour but de limiter la quantité de nitrate que les exploitations agricoles peuvent légalement rejeter par an, et ce en décla- rant certaines zones comme à densité d’animaux trop élevée et en limitant la croissance de la taille des troupeaux. En effet, d’après les autorités de l’époque, une trop forte concentration d’animaux peut mener à des rejets de nitrates trop importants, nitrates qui peuvent ensuite s’infiltrer dans les cours d’eau et avoir des conséquences sur la biodiversité (notamment aquatique) environnante.

 

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