La valeur éthique de la viande


     Lorsqu’on s’intéresse à la crise de l’élevage, on découvre rapidement que beaucoup, notamment les mouvements écologistes ou certains sociologues, reprochent à l’élevage industriel de produire de façon peu éthique, allant même jusqu’à parler « d’aberration énergétique ».


Laura : « Mais alors, que peut-on bien reprocher à l’élevage du point de vue éthique ? »

    Comme nous l’avons vu auparavant, les animaux dont sont issus les produits de l’élevage ont de grands besoin en nourriture et donc en fourrage et en céréales, qu’il faut tout d’abord faire pousser. Les quantités d’énergie, d’eau et la superficie de terres arables nécessaire pour produire une certaine quantité de produits d’origine animale (de la viande par exemple), sont par conséquent nettement supérieures aux quantités permettant de produire la même quantité de produits végétaux. Energie, eau et terres arables seront donc moins « rentabilisés » (au sens écologique du terme) que si les céréales produites avaient été directement consommées par des Hommes. De fait, les animaux comme les vaches ont un « rendement » masse de viande produite/masse de fourrage consommée faible. L’élevage serait en partie responsable de la faim dans le monde en gaspillant des terres qui auraient pu nourrir de nombreuses personnes, et de l’eau potable: nous avons au cours de l’étude de notre controverse souvent rencontré de tels reproches. Ici, l’élevage intensif, lié à la forte demande en viande et donc à sa surconsommation, pose donc du point de vue de certains acteurs des problèmes éthiques liés à la répartition des ressources (1). Le graphique suivant, issu du site viande.info, dénonce par exemple la, selon les auteurs, trop importante utilisation des terres arables pour nourrir des animaux plutôt que des Homes (il est aussi précisé dans le même paragraphe que 70% des cultures de soja sont destinées à l’alimentation du bétail par exemple).

Graphique représentant l'occupation des terres arables pour les seuls besoins de l'élevage

Graphique représentant l’occupation des terres arables pour les seuls besoins de l’élevage, issu du site viande.info

 

Graphique

Graphique représentant les besoins en eau par kilo d’aliments produit, issu du site Water Foot Print

 

    Le graphique ci-dessus illustre par exemple les besoins en eau de différents types d’aliments, en présentant en colonne le volume d’eau nécessaire à la production d’un kilo du produit concerné (là encore, pour les produits de l’élevage, la production de la nourriture des bêtes est prise en compte, et c’est elle qui augmente le plus significativement la balance). On peut observer un clair saut de 1800 à 3900 L (plus de deux fois plus) lors du passage des produits purement agricoles (céréales, légumes, fruits) aux produits animaux, en l’occurrence les œufs, et on peut bien sûr voir que la viande de bœuf est largement la plus gourmande en eau parmi tous les produits considérés. C’est sur de tels arguments que s’appuie une partie de la communauté scientifique et écologique pour montrer que l’élevage intensif entraîne, d’après eux, un certain gaspillage des ressources.

Caricature

Caricature issue du site de réflexion philosophique Vue Sur Chambre

 

    L’image ci-dessus est elle aussi très représentative de ce reproche souvent fait au secteur de l’élevage: elle montre un personnage en situation de malnutrition, symbolisant très probablement la population des pays pauvres d’Afrique, et un bœuf, engraissé avec les céréales qui pourraient nourrir la personne. L’élevage est ici jugé comme « trop gourmand », à la fois en énergie, en ressources naturelles, et en terres.

    Beaucoup d’acteurs de la controverse, du côté scientifique et écologique, souhaitent trouver un équilibre dans la proportion de céréales produites destinées aux animaux face à celle destinée aux Hommes, afin de pouvoir nourrir toute la population. Mais certains vont plus loin et soulignent que, d’un point de vue éthique, les sociétés occidentales devraient consommer moins de viande afin d’économiser les ressources et de les répartir de façon plus juste.

 

(1) L’Est Républicain, 15/03/2015, Désormais ne gaspille plus !(retour)

 

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