La concurrence internationale
« Plus d’une semaine après le début des manifestations, et malgré l’annonce d’un nouveau plain d’aide gouvernemental, les éleveurs en colère poursuivent leur mouvement. La mobilisation est forte et les actions coup-de-poing se multiplient, telles les opérations escargot en cette période de départ en vacances. Reportage au péage des Tournesols avec notre envoyé spécial, Jean-Charles Bourquin.
– Tout à fait Aline, un bouchon de plusieurs kilomètres s’est formé … »
La voiture s’engage sur une petite route de campagne. Le soleil chauffe à travers les vitres en cette belle après-midi de juillet, et fait ressortir le vert de la campagne normande environnante. Laura ouvre la fenêtre.
« Les syndicats souhaitent « maintenir la pression tout l’été » pour protester contre les prix actuels… » Laura coupe la radio alors qu’elle se gare devant l’exploitation familiale. Paul, son frère, sort pour l’accueillir. La conversation s’engage, et bifurque rapidement sur le sujet des manifestations. Paul soupire.
Paul : « C’est vrai que c’est pas facile tous les jours. Pour être franc, j’ai même parfois du mal à joindre les deux bouts ! Je suis plus tout jeune, en plus… »
Les éleveurs français traversent une crise importante. Les symptômes en sont multiples, mais semblent tous être liés d’une manière ou d’une autre à la concurrence internationale. L’arrivée de producteurs étrangers peu chers paraît en effet tenir en échec le modèle de l’élevage français, et soulève des interrogations quant à son éventuelle restructuration. Question politique s’il en est : les acteurs sont partagés entre envie de maintient d’un certain mode d’élevage traditionnel – visant à donner un côté « luxueux » à la viande française – et désir de modernisation – pour redevenir compétitif sur le marché des produits à basse valeur ajoutée, à l’instar des autres pays européens.
Laura : « Tu pourrais essayer de trouver un apprenti, non ? Cela te simplifierait peut-être la vie.
Paul : « C’est pas si simple… j’ai l’impression que le métier n’intéresse plus les jeunes de nos jours. »
A l’échelle nationale, deux tendances sont notables : d’abord, une forte diminution du nombre d’exploi- tations, ensuite, une forte tendance au vieillissement – du point de vue des infrastructures comme des éleveurs eux-mêmes.
Ainsi, cette planche graphique, issue des travaux de recensement agricole 2010 par la MSA d’Armorique et la chambre d’agriculture des Côtes d’Armor, reflète bien ces phénomènes. Les deux sont liés, bien évidemment, puisque le désamour des jeunes pour la filière entraîne mécaniquement la diminution du nombre d’exploitations, les exploitants ne trouvant pas de repreneurs et se voyant contraints de fermer. La conjecture économique actuelle rend l’investissement dans une exploitation d’élevage encore plus risqué. En plus de dissuader les repreneurs, et de ternir un peu plus l’image d’une profession déjà peu populaire auprès des jeunes générations, cela peut aussi expliquer le vieillissement des exploitations. Peu efficaces, ces dernières ne génèrent pas assez de revenus pour permettre aux agriculteurs de moderniser leur équipement, et ainsi de suite.
Paul : « Et en plus, on est pas aidé par les politiques et leurs mesures écologiques ! »
Jusque dans les années 80, porté par des exploitations dynamiques et des investissements permettant la mise en place d’installations modernes et performantes, l’élevage français se portait bien. Cependant, l’arrivée soudaine de réglementations Européennes à coïncidé avec un arrêt net de la croissance. On peut donc raisonnablement penser que ces directives – qui témoignent d’un souci écologique, comme la loi nitrate votée en 1991 – sont pour partie à l’origine des difficultés actuelles. Très rigoureuses, ces réformes sont considérées par leurs détracteurs comme favorisant l’aspect écologique, au mépris de toute considération économique – elles interdisent par exemple aux éleveurs de zones denses en terme d’agriculture, appelées Zones d’Excédent Structurel (ZES), d’augmenter la taille de leurs troupeaux. Ces lois sont-elles effectivement trop contraignantes pour les éleveurs ? Certains, comme une agroéconomiste que nous avons pu interroger, considèrent qu’il vaudrait mieux contraindre les éleveurs sur les résultats à atteindre (en matière d’écologie, etc.) plutôt que sur les moyens d’atteindre ces résultats. Pour reprendre l’exemple de la directive nitrate, il aurait ainsi fallu limiter la quantité de nitrate et autres polluants rejetée lors du traitement des déjections animales, mais pas imposer aux éleveurs le choix des moyens de traitement comme cela a été fait.
Paul : « Ça fait plusieurs mois que je devrais réparer le toit de ma grange, mais je n’ai pas les fonds pour… »
Laura : « Il me semble pourtant avoir lu que l’Union Européenne fournissait de l’aide aux éleveurs en difficulté. Tu as essayé de leur demander des subventions ? »
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Paul : « C’est vrai que c’est pas facile tous les jours. Pour être franc, j’ai même parfois du mal à joindre les deux bouts ! Je suis plus tout jeune, en plus… »
Laura : « Tu pourrais essayer de trouver un apprenti, non ? Cela te simplifierait peut-être la vie.
Paul : « C’est pas si simple… j’ai l’impression que le métier n’intéresse plus les jeunes de nos jours. »
A l’échelle nationale, deux tendances sont notables : d’abord, une forte diminution du nombre d’exploi- tations, ensuite, une forte tendance au vieillissement – du point de vue des infrastructures comme des éleveurs eux-mêmes.
Ainsi, cette planche graphique, issue des travaux de recensement agricole 2010 par la MSA d’Armorique et la chambre d’agriculture des Côtes d’Armor, reflète bien ces phénomènes. Les deux sont liés, bien évidemment, puisque le désamour des jeunes pour la filière entraîne mécaniquement la diminution du nombre d’exploitations, les exploitants ne trouvant pas de repreneurs et se voyant contraints de fermer. La conjecture économique actuelle rend l’investissement dans une exploitation d’élevage encore plus risqué. En plus de dissuader les repreneurs, et de ternir un peu plus l’image d’une profession déjà peu populaire auprès des jeunes générations, cela peut aussi expliquer le vieillissement des exploitations. Peu efficaces, ces dernières ne génèrent pas assez de revenus pour permettre aux agriculteurs de moderniser leur équipement, et ainsi de suite.
Paul : « Et en plus, on est pas aidé par les politiques et leurs mesures écologiques ! »
Jusque dans les années 80, porté par des exploitations dynamiques et des investissements permettant la mise en place d’installations modernes et performantes, l’élevage français se portait bien. Cependant, l’arrivée soudaine de réglementations Européennes à coïncidé avec un arrêt net de la croissance. On peut donc raisonnablement penser que ces directives – qui témoignent d’un souci écologique, comme la loi nitrate votée en 1991 – sont pour partie à l’origine des difficultés actuelles. Très rigoureuses, ces réformes sont considérées par leurs détracteurs comme favorisant l’aspect écologique, au mépris de toute considération économique – elles interdisent par exemple aux éleveurs de zones denses en terme d’agriculture, appelées Zones d’Excédent Structurel (ZES), d’augmenter la taille de leurs troupeaux. Ces lois sont-elles effectivement trop contraignantes pour les éleveurs ? Certains, comme une agroéconomiste que nous avons pu interroger, considèrent qu’il vaudrait mieux contraindre les éleveurs sur les résultats à atteindre (en matière d’écologie, etc.) plutôt que sur les moyens d’atteindre ces résultats. Pour reprendre l’exemple de la directive nitrate, il aurait ainsi fallu limiter la quantité de nitrate et autres polluants rejetée lors du traitement des déjections animales, mais pas imposer aux éleveurs le choix des moyens de traitement comme cela a été fait.
Paul : « Ça fait plusieurs mois que je devrais réparer le toit de ma grange, mais je n’ai pas les fonds pour… »
Laura : « Il me semble pourtant avoir lu que l’Union Européenne fournissait de l’aide aux éleveurs en difficulté. Tu as essayé de leur demander des subventions ? »
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Paul : « C’est pas si simple… j’ai l’impression que le métier n’intéresse plus les jeunes de nos jours. »
A l’échelle nationale, deux tendances sont notables : d’abord, une forte diminution du nombre d’exploi- tations, ensuite, une forte tendance au vieillissement – du point de vue des infrastructures comme des éleveurs eux-mêmes.
Ainsi, cette planche graphique, issue des travaux de recensement agricole 2010 par la MSA d’Armorique et la chambre d’agriculture des Côtes d’Armor, reflète bien ces phénomènes. Les deux sont liés, bien évidemment, puisque le désamour des jeunes pour la filière entraîne mécaniquement la diminution du nombre d’exploitations, les exploitants ne trouvant pas de repreneurs et se voyant contraints de fermer. La conjecture économique actuelle rend l’investissement dans une exploitation d’élevage encore plus risqué. En plus de dissuader les repreneurs, et de ternir un peu plus l’image d’une profession déjà peu populaire auprès des jeunes générations, cela peut aussi expliquer le vieillissement des exploitations. Peu efficaces, ces dernières ne génèrent pas assez de revenus pour permettre aux agriculteurs de moderniser leur équipement, et ainsi de suite.
Paul : « Et en plus, on est pas aidé par les politiques et leurs mesures écologiques ! »
Jusque dans les années 80, porté par des exploitations dynamiques et des investissements permettant la mise en place d’installations modernes et performantes, l’élevage français se portait bien. Cependant, l’arrivée soudaine de réglementations Européennes à coïncidé avec un arrêt net de la croissance. On peut donc raisonnablement penser que ces directives – qui témoignent d’un souci écologique, comme la loi nitrate votée en 1991 – sont pour partie à l’origine des difficultés actuelles. Très rigoureuses, ces réformes sont considérées par leurs détracteurs comme favorisant l’aspect écologique, au mépris de toute considération économique – elles interdisent par exemple aux éleveurs de zones denses en terme d’agriculture, appelées Zones d’Excédent Structurel (ZES), d’augmenter la taille de leurs troupeaux. Ces lois sont-elles effectivement trop contraignantes pour les éleveurs ? Certains, comme une agroéconomiste que nous avons pu interroger, considèrent qu’il vaudrait mieux contraindre les éleveurs sur les résultats à atteindre (en matière d’écologie, etc.) plutôt que sur les moyens d’atteindre ces résultats. Pour reprendre l’exemple de la directive nitrate, il aurait ainsi fallu limiter la quantité de nitrate et autres polluants rejetée lors du traitement des déjections animales, mais pas imposer aux éleveurs le choix des moyens de traitement comme cela a été fait.
Paul : « Ça fait plusieurs mois que je devrais réparer le toit de ma grange, mais je n’ai pas les fonds pour… »
Laura : « Il me semble pourtant avoir lu que l’Union Européenne fournissait de l’aide aux éleveurs en difficulté. Tu as essayé de leur demander des subventions ? »
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Paul : « Ça fait plusieurs mois que je devrais réparer le toit de ma grange, mais je n’ai pas les fonds pour… »
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Paul : « Ça fait plusieurs mois que je devrais réparer le toit de ma grange, mais je n’ai pas les fonds pour… »
Laura : « Il me semble pourtant avoir lu que l’Union Européenne fournissait de l’aide aux éleveurs en difficulté. Tu as essayé de leur demander des subventions ? »