Les rapports montrent tous, dans l’ensemble, une hausse du temps de trafic aux heures de pointe, une hausse des décibels sur ces horaires, ainsi que légère hausse du temps de trajet pour les transports collectifs : seule l’interprétation des chiffres diffère.
Dans ses conclusions[1], l’IAU pointe une augmentation du temps de circulation au cours du mois de novembre 2016, imputable au report sur les quais hauts et le Boulevard St-Germain.
Source : Comité régional de suivi et d’évaluation des impacts de la piétonisation des voies sur berge rive droite à Paris – 3e rapport d’étape de l’IAU
Plus largement, le comité régional note une augmentation de 74% du temps de trafic, entre septembre 2015 et septembre 2016.
Une augmentation du temps de parcours est également constatée par la Ville de Paris mais elle n’est pas du même ordre : l’allongement serait de 39% entre 2015 et 2016[2]
Il y a donc bien un point sur lequel tout le monde s’accorde : les temps de parcours sont allongés du fait de la fermeture des voies sur les berges rive droite. Cependant, l’interprétation des chiffres donnés, qui sont différents mais qui convergent tout de même, s’avère moins consensuelle. En effet, alors que la Ville affirme que « La situation est donc encourageante et cohérente avec les prévisions de l’étude d’impact », Valérie Pécresse estime que « la pollution de l’air s’aggrave».[3]
L’absence d’interprétation uniforme s’avère d’autant plus problématique que selon Olivier Blond[4], Président de l’association Respire et membre du conseil d’administration d’Airparif, certains opposants au projet se seraient servis des chiffres à tort, notamment en omettant les travaux publics et les grèves de RER durant l’été alors que ceux-ci ont eu un impact sur le trafic routier.
En somme, s’il existe des contradictions entre les différents rapports portant sur la hauteur des chiffres, Christophe Nadjovski les explique par une différence de méthodologie. Il affirme notamment que les rapports commandés par la Mairie de Paris suivent une méthodologie stricte, une méthodologie qui serait différente de celle adoptée par l’IAU [5]. En outre, les rapports ne se baseraient pas sur les mêmes données[6] : les différents comités d’enquêtes ne s’appuieraient pas sur les mêmes jours, ni sur les mêmes tranches horaires, ce qui expliquerait les divergences. Ceci sous-entendrait donc que la région et la ville ne mesureraient pas les mêmes phénomènes, de sorte que le débat autour des chiffres n’aurait plus lieu d’être.
Au-delà de cette guerre des chiffres, quels ont été les véritables conséquences de la piétonnisation de la rive droite des berges de Seine ?
[1] Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Ile de France (2017), Comité régional de suivi et d’évaluation des impacts de la piétonisation des voies sur berge rive droite à Paris – 3e rapport d’étape – Bilan septembre à décembre 2016, Paris, 32 p. Consulté le 12 avril 2017. Disponible sur : https://www.iau-idf.fr/fileadmin/DataStorage/SavoirFaire/NosTravaux/Amenagement/voiesberges/Rapport3-ComiteRegionVSB-19012017.pdf
[2] VAN EECKHOUT L., « Circulation à Paris, la guerre des chiffres », Le Monde, publié le 18 novembre 2016. Consulté le 31 mai 2017.
[3] PIALOT D., « Voie sur berges : la guerre des chiffres », La Tribune, publié le 27 janvier 2017. Consulté le 31 mai 2017. Disponible sur http://www.latribune.fr/regions/ile-de-france/voies-sur-berges-la-guerre-des-chiffres-633663.html
[4] BLOND O., « Berges de Seine : aux opposants de bien lire les documents d’Airparif avant de s’exprimer ! », Le Monde, publié le 14 septembre 2016. Consulté le 28 mai 2017. Disponible sur : http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/09/13/berges-de-seine-aux-opposants-de-bien-lire-les-documents-d-airparif_4996819_3232.html
[5] « Voies sur berges : « des difficultés localisées dans le centre de Paris », interview téléphonique avec Christophe Najdowski, RTL
[6] VAN EECKHOUT L., « Circulation à Paris, la guerre des chiffres », Le Monde, publié le 18 novembre 2016. Consulté le 31 mai 2017