Pour les automobilistes

Les automobilistes ont une place centrale au sein de la controverse. En effet, la fermeture des berges rive droite à Paris les impacte directement. Il est ici nécessaire de prendre en compte les automobilistes parisiens comme ceux venant d’en dehors de Paris, qui utilisaient la voie Georges Pompidou pour traverser la ville.

Deux types d’acteurs entrent donc en compte ici : les automobilistes parisiens et les automobilistes franciliens. Cette distinction est importante puisque les Franciliens n’ont parfois d’autre choix que de prendre leur voiture, tandis que les parisiens ont un accès facilité aux transports en commun. Ainsi, la piétonnisation des berges rive droite semble plus toucher les Franciliens, qui utilisaient chaque jour la voir Georges Pompidou pour traverser Paris.

La première conséquence pour ces deux types d’automobilistes est un allongement du temps de parcours. Celui-ci est particulièrement marquant lors des heures de pointe. Ainsi, le premier rapport de l’IAU[1] (Institut d’Aménagement et d’Urbanisme d’IDF) publié le 10 octobre 2016 notait qu’il fallait :

« environ 3 minutes et demi de plus pour parcourir les 2,6 kilomètres entre les Tuileries et Châtelet le matin et 9 minutes le soir » en septembre 2016 par rapport à septembre 2015. 

L’augmentation du temps de trajet est donc significative. Le graphique ci-dessous, tiré du même rapport, montre bien la hausse du temps de trajet entre 2015 et 2016. Par exemple, aux alentours de 17h30, il fallait 18 minutes pour aller de la Concorde à l’Hôtel de Ville, contre un peu moins de 8 minutes un an plus tôt.

Cette hausse du temps de trajet est principalement due au report de circulation sur les grands axes de la capitale. La fermeture des berges rive droite a effectivement amené les automobilistes à choisir d’autres itinéraires. Les principaux axes de report sont, d’après ce même rapport, les quais hauts rive droite, le Boulevard Saint-Germain, les Grands Boulevards, le Boulevard des Invalides, le Boulevard de Sébastopol et le périphérique Sud. Néanmoins, si ces axes sont ceux privilégiés, il ne faut pas oublier que d’autres axes peuvent servir d’axes de report. L’absence de capteurs sur l’ensemble des routes de la capitale ne permet pas de tout comptabiliser. De même, il est nécessaire de prendre en compte les travaux tels que ceux de la Samaritaine, qui peuvent impacter la circulation.

Néanmoins, la Mairie de Paris indique qu’entre février 2016 et février 2017 le trafic a baissé de 25,7% aux heures de pointe du matin. Ce chiffre comprend les quais haut et bas rive droite, ainsi que le boulevard Saint-Germain[2]. Cette baisse laisse entendre un changement des comportements et une adaptation des automobilistes. Presque un an après la fermeture officielle des berges rive droite, la Mairie de Paris voit donc les effets attendus émerger.

Si cette hausse du temps de parcours peut être assimilée à une diminution du confort des automobilistes, elle pose aussi des questions quant aux véhicules d’intervention. Ces derniers se trouvent effectivement coincés dans le trafic et ont parfois quelques minutes de retard sur les lieux d’intervention. Mais le temps perdu est parfois très important lors d’interventions urgentes ou graves. Pour pallier ce problème, la Mairie a gardé la possibilité pour les véhicules d’intervention de passer par les quais bas rive droite en cas par exemple d’attaque terroriste multisite.

Cette hausse du temps de trajet a en outre des conséquences économiques pour les professionnels. Les artisans ou entrepreneurs localisés en proche banlieue renoncent à des chantiers parisiens car le temps passé en voiture représente une perte de chiffre d’affaire. Certaines entreprises ont donc vu leurs marges diminuer[3]. Selon un membre LR au Conseil de Paris, cette conséquence touche de même les cafés implantés quais hauts rive droite. Le bruit de la circulation et la pollution désincitent les passants à s’arrêter en terrasse et fait baisser leur chiffre d’affaire de ces lieux.

Selon un membre LR au Conseil de Paris, cette conséquence touche de même les cafés implantés quais hauts rive droite.

Enfin, certains acteurs déplorent la non mise en place d’alternatives qui auraient pu favoriser une fluidification du trafic. Des projets d’allongement de certaines lignes de transports en commun ou le projet du Grand paris Express ne seront mis en place que dans les années à venir. Ainsi, au lieu de synchroniser ces mesures, la Mairie de Paris a d’abord fermé les berges rive droite. Cela crée donc un autre point de débat concernant la concertation des différents acteurs. L’allongement de la ligne de bus 72 et du RER E devraient, à terme, aider à diminuer la circulation dans la capitale. Mais en attendant, la saturation des lignes existantes n’incite pas les automobilistes à troquer leur voiture contre les transports en commun. Ainsi, le contre-projet soumis par le groupe LR (Les Républicains) au Conseil de Paris avait comme horizon l’année 2020. Cet horizon temporel permettait à ces alternatives d’être mises en place et aux automobilistes de s’adapter à la fermeture de la voie Georges Pompidou.

Cependant, à plus long terme, quelles sont les conséquences de ce projet sur la ville et l’urbanisme ?