Un véritable impact ?

Ce changement progressif des résultats nous amène à nous questionner sur le véritable impact sanitaire et environnemental de la mesure.

Les rapports des premiers mois étant peu concluants, les détracteurs de la piétonnisation des berges rive droite se sont emparés des résultats pour la critiquer. Ainsi, des associations d’automobilistes et des élus de droite ont assuré un report de la pollution plutôt qu’une diminution de celle-ci. La piétonnisation apparaissait donc comme inefficace du point de vue environnemental et sanitaire. Ces acteurs ont aussi clamé un manque d’alternatives. En effet, les alternatives auraient permis aux automobilistes de se replier sur d’autres moyens de transports. Le report de circulation (et donc de pollution) aurait alors été minimisé.

Mais les changements graduels de comportements entraînent une reconsidération de cette inefficacité. L’impact progressif de la mesure sur les comportements affirme la « théorie de l’évaporation » (ndlr : nom donné par les médias) développée par Frédéric Héran. Selon le chercheur, l’évaporation du trafic n’est pas une théorie mais une « réalité ». Cette dernière consiste à dire qu’une réduction de la voirie entraine une évaporation du nombre de voitures. En effet, de nombreuses personnes renoncent à se déplacer en voiture, utilisent les transports en commun ou se déplacent d’une distance moindre. Un membre du groupe LR au Conseil de Paris nous a ainsi dit que cette théorie était plutôt celle de « la résignation » car tous les axes de report ne peuvent être mesurés. Selon cette personne, cette théorie est aussi celle de « l’adaptation ». Malgré cette différence d’appellation, les chiffres montrent que la circulation commence à se réduire. Le nombre de voitures diminuant, la pollution émise se réduit elle aussi et les résultats vont dans le sens voulu par la Mairie de Paris. La piétonnisation des berges rive droite impacte donc réellement la qualité sanitaire de la capitale.

Selon la Mairie de Paris, cet impact est bénéfique pour les générations futures. Celles-ci auront accès à une ville moins polluée. Les maladies liées à la pollution les toucheront donc moins, et ces générations seront moins victimes de morts prématurées dues à la pollution de l’air. De même, si la Mairie de Paris tient ses engagements pour la réduction du bruit dans les bâtiments, elles vivront dans des lieux plus calmes. La réduction du bruit et de la pollution n’est donc pas qu’un enjeu actuel, mais c’est aussi un enjeu futur qui doit être pris en compte.

Si la piétonnisation de la voie Georges Pompidou permet une réduction de la pollution dans la ville, il ne faut pas oublier qu’elle s’inscrit dans une politique beaucoup plus large. En effet, la Mairie de Paris adopte une politique de mise en avant des modes de déplacements doux tels que le vélo ou la marche. Plusieurs places de la capitale ont donc été réaménagées pour leur laisser plus de place et réduire celle de la voiture. Nous pouvons ici penser à la place de la Nation, où le rond-point est passé de 8 à 4 voies. La fermeture des berges rive droite s’inscrit donc dans une politique à l’échelle de la ville entière. Cette dernière vise à redonner plus de place aux piétons et cyclistes, ainsi qu’à réduire significativement la pollution pour une meilleure qualité de vie. Les aménagements prévus pour la ville vont donc dans le même sens que la piétonnisation des berges rive droite ; et cela impacte le niveau de pollution dans la capitale. Il faut néanmoins prendre en compte le temps d’adaptation des automobilistes, qui doivent trouver de nouvelles solutions.

Maintenant que vous savez tout des impacts possibles de ce projet sur la pollution sonore et aérienne de Paris, vous allez vous rendre compte que ces résultats n’ont pas été obtenus paisiblement, mais qu’ils ont été l’objet d’une guerre des chiffres