Chris Potter

Au cœur du modèle de la réparation réside la nécessité d’accéder à des données suffisantes, que l’on soit réparateur ou particulier. Le droit à la réparation devient un droit à l’information. “La partie délicate est quelles informations devraient être disponibles et quel sera le coût pour les fabricants d’outils de diagnostic. Chaque OEM (Original Equipment Manufacturer) semble avoir une perspective différente vis-à-vis de l’information, allant du tout à presque rien, avec des coûts minimaux ou importants. A part s’il y a une standardisation sur l’information accessible et son coût, on ne verra pas de changement majeur dans le futur proche, comme le Memorandum d’Entente fait référence aux fabricants d’outils de diagnostic” (1) pour Tim Bigwood directeur de l’exploitation de Noregon, société spécialisée dans l’exploitation des données de véhicules connectés. Si les fabricants d’équipements fixent le coût et le type d’information qu’ils décident de céder, il est probable qu’il en résultera une pression sur les réparateurs dont le fonctionnement économique serait viable. C’est ce que souligne Michael Riemer (vice president for Product & Channel Marketing at Decisiv) “les coûts associés aux outils de diagnostic et de réparation, ainsi que la formation nécessaire pour leur usage – est en train de créer un environnement où seules les plus grandes chaînes de réparateurs seront capable d’entretenir leurs magasins” (2)

 

“les coûts associés aux outils de diagnostic et de réparation, ainsi que la formation nécessaire pour leur usage – est en train de créer un environnement où seules les plus grandes chaînes de réparateurs seront capable d’entretenir leurs magasins” Michael Riemer

 

Ce type de données, une fois aux mains des utilisateurs pourrait mener à des situation qui bouleverserait une partie des concepts actuels de garantie. Michael Riemer développe notamment les usages qui pourrait être fait des données issues des logiciels, pour faire de l’analyse prédictive et ainsi prévoir par exemple le vieillissement des pièces tels qu’il est estimé par le fabricant et à quel stade celui-ci atteint sa valeur critique. Vient alors le problème suivant : “Si je suis un OEM, et qu’on me renvoie un turbo qui n’est pas cassé, mais dont l’algorithme dit qu’il allait bientôt se casser, pourquoi est-ce que j’assurerai la garantie dessus?” (3) (Riemer) Autant que la notion de propriété qui devient floue pour l’utilisateur, la garantie et son applicabilité devient plus complexe à cerner. Dans ce premier modèle, qui s’est notamment appliqué aux voitures aux États-Unis, les parties envisagent la réparation comme une activité cessible, moyennant le transfert monnayé de l’information après un mémorandum d’entente.

 

Les usagers, qui dépendent d’un matériel qu’ils possèdent mais qu’ils ne peuvent réparer font appel de leur volonté d’indépendance. A ce titre la composante juridique permettrait d’étendre les possibilités de la réparation de façon considérable mais le temps de la juridiction est à une autre échelle comme le souligne Marc Karon (President of Total Truck Parts Inc.) :  “Je pense qu’il y a beaucoup d’impatience. Et personnellement je suis un peu déçu que ça a pris autant de temps pour y arriver. Peut-être que j’ai mal compris, parce que j’imaginais que comme le code était déjà écrit – les concessionnaires l’ont, alors pourquoi les OEM ne nous le donne tout simplement? Mais ce n’est pas si simple. Il ne s’agit pas d’appuyer sur un bouton” (4)

 

“Je pense qu’il y a beaucoup d’impatience. Et personnellement je suis un peu déçu que ça a pris autant de temps pour y arriver. Peut-être que j’ai mal compris, parce que j’imaginais que comme le code était déjà écrit – les concessionnaires l’ont, alors pourquoi les OEM ne nous le donne tout simplement? Mais ce n’est pas si simple. Il ne s’agit pas d’appuyer sur un bouton” Marc Karon

 

Poursuivre vers : Propriété intellectuelle et la protection des consommateurs

 

 

(1) Traduit de “The tricky part is what data should be available and at what cost to the scan tool manufacturers. Each OEM (Original Equipment Manufacturer) seems to have a different perspective on the data, ranging from minimal to all-encompassing, and costing ranges from minimal to very expensive. Unless there is some standardization on the available data and cost, we don’t see any major changes in the near future as [the Memorandum of Understanding] relates to the scan tool manufacturers.”

(2) Traduit de “the associated costs of diagnostic and repair tools and training—is creating an environment where only the largest fleets will be able to maintain their own repair shops. ”

(3) Traduit de “If I’m an OEM, and you send me back a turbo that’s not broken, but your algorithm said it was going to break soon, why would I do the warranty on that?”

(4) Traduit de “I think there’s a lot of impatience out there. And I’m personally a little disappointed it’s taken so long to do this. Maybe I misunderstood, because I figured the software was already written—the dealers have it, so why can’t [the Original Equipment Manufacturers] just give it to us? But it’s not that simple. It’s not a matter of flipping a switch.”