Que l’industriel soit pour ou contre une politique d’accès à la réparation, il cherche souvent à la garder sous son propre contrôle.
L’entreprise obstacle à la réparation
Apple Store – www.pexels.com
Bien qu’il y ait des individus qui souhaitent réparer leurs objets personnels, certaines en
treprises essayent de s’y opposer de diverses manières qui peuvent être regroupés sous le terme d’“obsolescence indirecte”. Ceci est défini par le Service de Recherche du Parlement Européen dans ses Directives de mai 2016 comme étant une obsolescence où « le composant nécessaire à la réparation ne peut pas être obtenu ou tout simplement il n’est pas pratique ou ça ne vaut pas la peine de réparer le produit » (1).
» Le composant nécessaire à la réparation ne peut pas être obtenu ou tout simplement il n’est pas pratique ou ça ne vaut pas la peine de réparer le produit. »
Un exemple qui apparaît souvent dans les média est Apple, qui décourage ses utilisateurs de réparer leurs téléphones par eux-mêmes. En 2011, iFixit a ouvertement critiqué Apple sur son blog pour avoir utilisé des têtes de vis inhabituelles pour rendre l’ouverture d’un iPhone 4 plus difficile. En effet, cette tête peu utilisée n’avait pas de tournevis adapté sur le marché et en conséquence, il fallait impérativement faire réparer son téléphone dans un Apple Store.
De nos jours, les vis sont parfois inviolables – pixabay.com
La raison principale pour laquelle des utilisateurs souhaitent passer par un réparateur local plutôt que le Genius Bar est une question de coût. Prenons par exemple un iPhone 6S. Neuf, il coûte entre $549 et $749 selon la taille de la mémoire interne. Le prix d’Apple pour le remplacement de l’écran est de $149, ce qui peut donc être plus de 27% du prix d’origine.
Le prix d’Apple pour le remplacement de l’écran est de $149, ce qui peut donc être plus de 27% du prix d’origine.
Or, pour faire face à la concurrence de la réparation, The Guardian explique qu’Apple a commencé à transformer ses iPhones en “briques” indémontables. Lors de la réparation d’écran par un organisme autre qu’Apple, il était possible de ne pas reconnecter le bouton “home” correctement. Ainsi, lorsque le fabricant a lancé une mise à jour qui pouvait reconnaître ce défaut, ces téléphones se sont retrouvés inutiles, mais pouvait être remplacés par Apple à un prix de plusieurs centaines d’euros…
Un article du même journal relate qu’en réponse aux critiques, Apple a attribué l’erreur à une volonté de protection de ses clients face à une tentative de hack à travers un capteur d’empreinte digitale frauduleuse. Ainsi l’accès au téléphone et à certaines applications comme Apple Pay sont bloqués.
L’entreprise pro-réparation
SEB stocke ses pièces détachées dans un entrepôt de 15.000 m² – www.flickr.com
Certains grands groupes font toutefois exception, comme SEB, une entreprise française spécialisée dans l’électroménager, qui a fait l’objet d’un article de BFM TV. Elle a décidé de garantir une grande partie de sa gamme de produits sur 10 ans avec un stock de 5 millions de pièces de rechange. Elle certifie sur son site web une baise du prix de ces pièces d’en moyenne 30% et s’efforce de réduire les coûts des réparations. Le groupe a repensé les produits qu’il vend pour que 97% soit totalement (67%) ou partiellement réparables (30%) et envisage pour les modèles anciens d’utiliser des imprimantes 3D qui fabriqueraient les pièces de remplacement, dont la production s’est arrêtée depuis longtemps.
Elle a décidé de garantir une grande partie de sa gamme de produits sur 10 ans avec un stock de 5 millions de pièces de rechange.
SEB considère qu’en acquérant la fidélité des clients et un quasi-monopole de la réparation de ses appareils, cette initiative sera rentable. Certains activistes revendiquent tout de même leur droit de choisir le réparateur pour que ce monopole ne se transforme pas en une exploitation du client, comme l’a évoqué Gay Gordon-Byrne, directrice de The Repair Association, lors de notre entretien avec elle.
Dans le domaine automobile, on a pu observer les premiers pas de la lutte contre cet effet de monopole: depuis le 1er Janvier 2017, en France, les concessionnaires automobiles doivent obligatoirement proposer des pièces nouvelles et des anciennes pièces récupérées lors de la réparation de véhicule. Cela a comme conséquence un coût de maintenance plus faible pour le client et une facilitation du reconditionnement des véhicules.
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(1) Traduit de “the component required for repair is unobtainable or because it is simply not practical or worthwhile repairing the product”