Dans un premier temps, les consommateurs tendent à vouloir maximiser l’usage de leurs produits et cherchent à pouvoir réparer pour minimiser les coûts relatifs à leurs utilisations. Tandis que les entreprises souhaitent maximiser leur profit et peuvent adopter une démarche de réparation ou non, selon ce qui satisfait le plus efficacement cet objectif. C’est dans ce contexte que l’économie laisse paraître les premières balafres de la controverse sur le visage encore trouble de la réparation.

 

Schéma des noeuds et des acteurs représentatifs

 

La multiplicité des arguments, présentée par la plupart des entreprises en opposition à la réparation, dont notamment Apple ou John Deere, fabricant de tracteurs, converge essentiellement vers le refuge argumentaire qu’est la propriété intellectuelle. Laisser accès aux plans de leurs produits pour permettre la réparation c’est aussi implicitement dévoiler à la concurrence une part de leurs secrets industriels, c’est ce que revendiquent ces deux entreprises parmi tant d’autres. Seulement si les entreprises tentent d’imposer une manière de consommer en s’appuyant sur la propriété intellectuelle, certains consommateurs ou acheteurs revendiquent au contraire le droit à la réparation.  En effet la majorité des problèmes liés à la réparation sont connexes à l’implémentation de logiciels dans les produits vendus ce qui s’avère particulièrement contraignant pour les agriculteurs clients de John Deere, qui n’ont légalement pas le droit d’opérer des réparations sur leurs tracteurs à cause de la charte qu’ils signent au moment de l’achat.

 

Tracteur John Deere – www.unsplash.com

 

En cela des acteurs politiques comme Zoe Lofgren, une membre du parti Républicain américain, affirment que cette invasion des logiciels incorporés ne fera que croître, réduisant progressivement le droit des consommateurs sur leurs objets de consommation ‘Il ne s’agit pas que des téléphones portables, mais de tous les appareils, en fait, ces clauses ont été utilisées pour supporter des pratiques de monopole d’affaire, pas pour empêcher une atteinte aux droits.'(1) À cela s’ajoute également la création d’associations telles qu’iFixit qui ont fait du droit à la réparation leur fer de lance ; ainsi que des manifestations de bien plus petites envergures comme la mise en place de ‘repair cafés’, murmures grandissants de la réparation dont les traits se dessinent peu à peu dans les esprits. Il faut alors que la propriété intellectuelle saigne pour que la pensée prenne chair, c’est dans ces considérations que Zoe Lofgren agit au quotidien, cherchant à entailler le DMCA, acte américain qui assure aux entreprises américaines la protection de leurs secrets industriels.

 

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(1) « It’s not just cell phones, it’s any device and, in fact, those provisions have been used to support monopolistic business practices, not to prevent infringement. »