Face à ces élans contestataires, soubresauts d’une controverse convulsée, des entreprises ont décidé de faire de la réparation une marque de fabrique, et donc de se positionner en faveur de celle ci. SEB, entreprise française d’électroménagers, affirme que la réparation est parfaitement compatible avec un bon développement économique. Ainsi Alain Pautrot, ex-directeur du service après vente et désormais directeur général de l’entreprise, explique que ‘réparer, pour un industriel, est une solution rentable’ et donc même s’il a été nécessaire de repenser l’organisation des chaînes de production, s’orienter vers une telle voie pourrait amener à fidéliser le client, en lui assurant la disponibilité de pièces de rechange à des prix non prohibitifs. Cette entreprise soutient donc la réparation bien qu’elle conserve le rôle principal dans sa mise en place. D’autres entreprises vont encore plus loin dans cette direction, Fairphone par exemple, fabricant de téléphones mobiles, a décidé plutôt que de s’orienter vers les tendances actuelles du marché, vers des téléphones facilement réparables par les consommateurs. Cela illustre l’existence d’une controverse entre les acteurs économiques en ce qui concerne leurs modèles de production et la manière dont ils envisagent la propriété intellectuelle.
Si de tels comportements peuvent entrer en résonance avec les revendications des mouvements citoyens, ceux ci attendent tout de même de se faire convaincre. Stéphane Gauchon appuie que les initiatives de SEB pourraient finir comme une simple campagne de communication aboutissant à une nouvelle forme de monopole, la volonté de liberté accrue des citoyens à nouveau frustrée. Il confirme par contre soutenir les projets d’entreprises comme Fairphone qui illustrent bien les revendications de son mouvement. De plus il explique que les collectivités territoriales, appareil de l’état, soutiennent le ‘repair café’ en lui apportant des fonds, lui même étant employé de la mairie de Paris. Ces mouvements marchent également conjointement avec les institutions politiques ‘sous réserve que leurs revendications’ soient respectées, ce qui illustre la complexité relationnelle propre aux acteurs de cette controverse.