Greenpeace s’est d’abord attaché à relever les incohérences présentes dans le rapport du HCB, Haut Comité aux Biotechnologies.
La pomme de terre génétiquement modifiée Amflora a été mise au point pour fabriquer du papier, de la colle ou des adhésifs. Toutefois, « les co-produits de la transformation industrielle de l’amidon (pulpes) pourraient être utilisés dans l’alimentation animale » a révélé le Haut Conseil des Biotechnologies dans son avis, ce qui rend nécessaire l’évaluation des risques en cas de consommation indirecte du féculent (voire directe car l’autorisation européenne permet des traces de cette pomme de terre à hauteur de 0,9 % dans l’alimentation humaine.)
Dans cet avis, le HCB estime donc que d’après les résultats des tests fournis (par la firme BASF elle-même) aucun risque majeur lié à la consommation d’Amflora ne peut être identifié. Mais, dans ce même rapport, le HCB s’interroge sur la fiabilité de ces tests, le Conseil Scientifique stipulant qu’il : « note que les analyses statistiques contenues dans le dossier ne permettent pas de certifier que le risque d’un effet biologiquement significatif puisse être détecté ». Le Haut Comité se prononce donc sur la base de résultats auxquels il n’accorde pas une pleine confiance.
Ensuite, Greenpeace critique le fait que cette pomme de terre intègre le gène nptII, gène de résistance à un antibiotique. L’Organisation Mondiale de la Santé et l’Agence Européenne de Médecine mettent en avant « l’importance critique » de l’antibiotique affecté par la pomme de terre Amflora, la kanamycine. Disséminer des OGM de cette pomme de terre de BASF dans l’environnement pourrait augmenter la résistance de certaines bactéries à des médicaments, comme des traitements contre la tuberculose.
Greenpeace souligne par ailleurs que pour la première fois un désaccord apparaît au sein de l’EFSA (l’Autorité européenne pour la sécurité des aliments) sur les risques liés aux semences génétiquement modifiées, et accueille avec joie la reconnaissance du manque de certitudes au sein de la communauté scientifique sur les semences génétiquement modifiées. En effet, des scientifiques consultés par l’EFSA, traditionnellement pro-ogm, ont émis pour la première fois des réserves sur l’innocuité de l’Amflora. L’EFSA a consulté deux panels d’experts scientifiques, l’un de 21 membres sur les OGM qui n’a rien trouvé à redire, et l’autre également de 21 membres sur les risques biologiques, comme la contamination à d’autres plantes. Dans ce dernier panel, pour la première fois l’avis scientifique n’a pas été unanime: deux d’entre eux, Christophe Ngyuen-Thé et Ivar Vagholm, ont estimé qu’il serait imprudent de minimiser des effets négatifs sur la santé et jugé probable des conséquences de la culture de la pomme de terre sur l’environnement par la dissémination.
Enfin, Greenpeace souligne le fait que, non seulement cette pomme de terre présente des risques pour la santé humaine et animale, mais qu’en plus elle ne soit pourvue d’aucun réel intérêt économique. Le HCB (et notamment le CEES – Comité économique, éthique et social) note dans sa recommandation que dans la situation actuelle, la pomme de terre Amflora, dont les débouchés sont en tout premier lieu papetiers, ne constituera pas une réponse aux difficultés économiques traversées par la filière féculière et même que ni la filière féculière ni l’industrie papetière, qui paraissent se satisfaire des amidons actuellement disponibles, n’envisagent d’utiliser Amflora.
Pour exprimer ses opinions, Greenpeace organise des manifestations de tout style. Ainsi, a été mise en place par exemple une soupe géante de pommes de terre biologiques servie sur des tables disposées de manière à former le mot « non ». Des militants de Greenpeace déguisés en chefs cuisiniers ont aussi distribué devant les locaux de la Commission européenne un livre de « recettes génétiquement modifiées pour un désastre assuré », dans le cadre d’une campagne contre l’introduction des OGM en Europe. Parmi les recettes figurent des « antipasti d’agriculteurs en colère », composés de « prix des semences élevés » et de « récoltes décevantes » d’OGM tolérant les produits phytosanitaires. Greenpeace essaie ainsi de faire entendre sa voix, afin que le principe de précaution soit appliqué dans la culture des OGM.