Protection de la vie privée : que faire des données recueillies par Linky ?
La question de la protection des données et par conséquent de la vie privée est primordiale. Deux questions à ce sujet se posent : quelles sont les capacités du compteur Linky, c’est à dire de quelles informations disposera-t-il vraiment.
En novembre 2012, la CNIL a écrit des recommandations pour le respect de l’utilisation des données des utilisateurs. Selon elle, il faut réduire « le niveau de détail des données en fonction des différents usages ». De plus, certaines associations de consommateurs s’inquiètent qu’un relevé trop précis et trop détaillé de la consommation électrique pourrait permettre à la personne en possession de ces données de savoir tous les mouvements du client. Selon un spécialiste des compteurs intelligent, il est actuellement impossible de savoir dans quelle pièce se trouve un utilisateur qui allumerait une lumière ou de savoir quel type d’équipement est en train d’utiliser de l’électricité. Cependant, grâce à l’étude de la courbe de charge et des relevés réalisés toutes les 10 minutes par exemple, on peut identifier les heures de lever, de coucher ou d’absence du consommateur. Ainsi, la CNIL considère que :
« Le déploiement des compteurs communicants « n’est pas sans risque sur la vie privée tant au regard du nombre et niveau de détail des données qu’ils permettent de collecter. «
La CNIL a donc posé une première recommandation :
« la courbe de charge ne peut être collectée de façon systématique, mais uniquement lorsque cela est justifié par les nécessités de maintien du réseau ou lorsque l’usager en fait expressément la demande pour bénéficier de services particuliers (tarifs adaptés à la consommation, bilans énergétiques, proposition de travaux d’isolation, par exemple). »
Actuellement, contrairement à la recommandation de la CNIL, le compteur Linky fait des relevés de consommation au maximum toutes les trente minutes alors que la CNIL recommandait des relevés journaliers pour lisser l’exposition de la vie privée des utilisateurs.
Une question se pose alors, que compte faire ERDF de toutes ces données?
L’utilisation des données des consommateurs est donc un nœud important de la controverse car, pour que le projet Linky ait un sens et remplisse sa fonction, les fournisseurs ont besoin de données. La question n’est donc de savoir si ERDF aura libre accès à toutes les données mais ce qu’elle compte en faire. D’après un des employés de la société, il n’est pas impossible que cette liste de données soit vendue au plus offrant. En effet, il s’agirait d’une source de revenu non négligeable pour ERDF. La question n’est donc à l’heure actuelle pas tout à fait résolue.