Entretien avec Paul Reiter

Paul_Reiter

Paul Reiter est un entomologiste médical français travaillant à l’Institut Pasteur.  C’est un des spécialistes au niveau mondial des maladies propagées par les moustiques telles que le paludisme.

 

 

Voyez-vous un lien entre paludisme et réchauffement climatique?

Le paludisme est un problème multifactoriel qu’on ne peut pas expliquer par une seule cause. Par exemple en Europe il a disparu alors que le climat n’a pas changé. Cela a notamment été dû à la révolution industrielle, à l’amélioration de l’agriculture ( drainage des eaux) et car les moustiques préfèrent piquer le bétail que les hommes. En conclusion, un climat plus chaud n’implique à priori pas plus de paludisme.

Le changement climatique est complètement politisé. Il y a une forte polarisation entre les écologistes et les conservateurs.
« science doesn’t live independently of politics : greenpeace or other group are too political today. »

Les gens se servent de la problématique du paludisme pour attirer l’attention sur le réchauffement climatique. Car la climatologie est une science jeune, contrairement au paludisme. Le réchauffement climatique est un moyen de pousser les gouvernements à investir plus d’argent.

L’OMS a bâti un modèle de projection du nombre de cas de paludisme, mais celui-ci repose sur une corrélation entre température et paludisme, ce qui n’a pas été vérifié.

Pouvez-vous nous parler des moyens de lutter contre le paludisme?

Le DDT est un insecticide qui a sauvé plein de vies mais a provoqué des résistances du moustique.
On rencontre le même problème pour les moustiquaires car l’insecticide qui les recouvre devient de moins en moins efficace.

Pour ce qui est du vaccin on finira par en produire un mais le réel enjeu est de pouvoir le diffuser. Par exemple en France, les gens ont encore des réticences vis-à-vis des vaccins. Il y aura donc un gros travail à faire pour changer la mentalité des gens et cela ne sera pas une mince affaire.

Beaucoup d’argent est investi, pensez-vous qu’il y en a suffisamment?

Bien entendu il n’y a jamais assez d’argent; surtout dans le domaine de la recherche et dans le secteur médical.
Cela étant c’est certain qu’il faut une répartition de l’argent différente ; plus sur le terrain que dans les laboratoire. On favorise en fait la science à la mode pour avoir des budgets.

Pour finir je voudrais dire qu’il faut oublier une éradication totale du paludisme. Car pour y arriver il faudrait engager des moyens colossaux et cela ne vaudrait vraiment pas le coup.