De nombreux indicateurs montrent que le paludisme est en recul. On peut lire dans le « World Malaria Report 2014″ ( ou « Rapport sur le paludisme dans le monde 2014″) publié par l’OMS que le nombre moyen d’infections palustres a chuté de 26% entre 2000 et 2013, passant de 173 millions à 128 millions. De plus, la mortalité due au paludisme a diminué de 47% au niveau mondial et de 54% dans la région Afrique de l’OMS pendant la même période. Cependant, ces chiffres sont à lire avec prudence, comme l’explique Paul Reiter, entomologiste médical français, chercheur à l’Institut Pasteur : la maladie peut progresser dans certains endroits et régresser ailleurs. De nombreux points de vue différents existent concernant la régression du paludisme. Hans Rietveld, responsable des programmes de lutte contre le paludisme chez Novartis, affirme : « Nous avons assisté à d’importants progrès ces dernières années : une réduction significative du nombre de cas et de leur mortalité. » Les résultats sont en effet globalement encourageants. Vincent Robert, directeur de recherche à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) ne laisse planer aucun doute sur la situation actuelle : « Avant les années 2000, il y avait environ 2 millions de morts par an. Nous sommes descendus à 600 000 en 2014. C’est extrêmement encourageant. »
Cet important progrès effectué depuis les années 2000 n’est pas un hasard. Bien que les crédits accordés à la lutte contre le paludisme ne soient pas suffisants, un véritable coup d’accélérateur a permis de sauver de nombreuses vies. Le docteur Alamissa Soulaman, du centre Muraz au Burkina Faso, explique qu’il faut « une conjugaison de tous les moyens pour une lutte efficace ». C’est ce qui a lieu depuis les années 2000 selon Vincent Robert: la conjonction de quatre éléments majeurs a été déterminante. Tout d’abord des crédits importants ont été accordés (par la banque mondiale, des ONG), ce qui a permis aux services de santé des pays africains de gagner en moyens et en efficacité. Ensuite l’apport technologique a débouché sur la réalisation de moustiquaires imprégnées de qualité et sur la mise au point de médicaments plus efficaces. Enfin, l’amélioration du niveau de formation des médecins a permis un diagnostic bien plus précis des cas de paludisme. Paul Reiter ajoute que chaque stratégie de lutte doit être adaptée en fonction des contraintes extérieures et de la situation géographique des zones touchées par le paludisme.
Bien que les avis divergent, l’ensemble de la communauté semble s’accorder sur le fait que le paludisme est en régression depuis les années 2000. Il reste néanmoins beaucoup de travail à réaliser et les efforts doivent être maintenus.
La nécessité de la lutte contre le paludisme a été évoquée avec plusieurs acteurs : un chercheur, des membres de l’IRD, de l’OMS. Certains n’ont que peu réagi, considérant comme évident qu’il fallait lutter contre le paludisme. D’autres nous proposent un discours savamment maîtrisé. Hans Rietveld de Novartis nous explique que « nous avons le devoir et l’obligation morale de lutter contre le paludisme. Les retombées économiques de la maladie sont très importantes surtout dans les pays pauvres en voie de développement. Le paludisme limite la croissance économique et enraie le développement du pays. En l’éliminant, nous favorisons l’éducation, notamment en limitant l’absentéisme. Les ménages auront alors moins de dépenses à faire concernant la maladie et le niveau de vie de la population s’améliorera. Une population en bonne santé relancera l’économie ».