Les Etats touchés par le paludisme sont majoritairement des Etats pauvres. On peut d’ores et déjà se demander si cette pauvreté est une cause, un effet du paludisme ou s’il n’y a pas de lien. Pour Hans Rietveld, directeur Global Access et Marketing chez le laboratoire Novartis, la maladie « limite la croissance économique et enraie le développement du pays ». En effet, d’une part cela favorise l’éducation car l’absentéisme diminue, et d’autre part les familles dépensent moins dans les traitements contre le paludisme. On voit donc que paludisme et pauvreté forment en fait un cercle vicieux et sont étroitement liés.
Cela fait dire au docteur Soulaman que les firmes pharmaceutiques n’investissent pas suffisamment car ces pays pauvres ne sont pas un assez bon marché. En effet, le paludisme est une très vieille maladie et « on peut ressentir une certaine lassitude » reconnaît-il. Car beaucoup de recherches ont été entreprises mais les résultats ne sont pas toujours là. Et les jeunes chercheurs ont des idées mais n’ont pas les financements nécessaires. Tous les essais pré-cliniques sont réalisés dans les laboratoires de ces firmes, et quand elles arrivent sur place elles ont déjà leurs protocoles, leurs molécules etc… Le docteur Soulaman n’hésite pas à affirmer que si les phases pré-cliniques avaient été testées sur place « peut-être aurait-on déjà trouvé un vaccin ».
L’OMS tente de coordonner tous ces efforts, ce qui n’est pas une mince affaire car « c’est un peu du chacun pour soi » nous confie Frédéric Simard. En effet chaque pays a son propre « Plan National de Lutte contre le Paludisme » (PNLP) et l’OMS doit donc composer au mieux avec chacun. Les Etats d’Afrique subsaharienne en particulier ont, en effet, un sens aigu de la liberté et de l’ingérence et même s’ils accueillent avec plaisir les différentes aides, ils cherchent des conseils et non qu’on leur impose des programmes de lutte, nous explique le docteur Soulaman.