La décroissance, un horizon inéluctable ?
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Chronologie de la partie :
Libérer ou réguler l’économie pour sauver l’environnement ?
Des théories de la croissance à la politique
Le contrôle de l’écologie par les Etats
ALLEGRE : « l’ écologie doit entrer dans l’économie »1
L’ « économie écologique » ou « éconologie » est une branche de l’économie qui étudie l’interdépendance entre les écosystèmes et les sociétés humaines. Cette discipline a été conçue afin de guider l’action des acteurs économiques pour assurer un développement durable par la mise en place de processus à la fois respectueux de l’homme et de son environnement et de la rentabilité économique. Cette approche fait consensus auprès des tenants de la croissance verte. Pour Claude Allègre « Il faut bâtir une écologie libre et responsable, qui serait liée à l’économie »2 Ainsi il ne s’agit pas de sortir de l’économie, mais d’intégrer à côté des buts de rentabilité et de partage du capital, qui ont occupé les débats politiques du XXème siècle, une composante écologique, qui viendrait s’insérer dans le système. Cette approche a notamment été défendue par René DUBOS, qui a contribué à la mise en place de l’économie écologique. Il est notamment l’auteur du célèbre « Think global. Act local. »
Pour parvenir aux objectifs posés par le développement durable, la plupart des politiciens qui le défendent, pensent que c’est le rôle de l’Etat et des institutions internationales de gérer la crise environnementale qui se profile. Ils ne font aucune confiance aux marchés dans le domaine de l’écologie et défendent une régulation internationale, chapotée par des instances comme l’ONU, respectueuse de l’environnement.
Une solution purement libérale
Mais pour certains libéraux, ces solutions sont inacceptables : « L'objectif de la secte verte, c'est pour l'homme la punition, la vie dure ; pour la société, c'est la contrainte, la règlementation. La méthode, c'est la peur. »4
Pour ces économistes, il faut déréglementer : l'écologie est une question économico-juridique réglable sur des marchés et dans l'appréciation de juges qui déterminent les torts et les montants des indemnisations. Les assurances doivent jouer pleinement leur rôle, et l’Etat ne devrait pas intervenir, au risque de déresponsabiliser les assurances.
C’est ce que défend Pascal SALIN, pour qui les solutions étatiques (règlementation, taxes écologiques) ne règlent pas les problèmes environnementaux, mais au contraire les aggravent. Par exemple, l'interdiction pour raisons "écologiques" de certains commerces (ivoire, écaille de tortue...), au lieu de permettre la sauvegarde des espèces d'animaux menacées, accélère leur disparition, car les exploitations locales qui rationalisent l'élevage et veillent à la perpétuation de l'espèce ne peuvent survivre, tandis que le braconnage bénéficie de trafics d'autant plus profitables que le risque est élevé. Quant aux taxes écologiques, elles sont arbitraires et absurdes, elles supposent implicitement que l'État est propriétaire de l'environnement, la seule solution serait donc d'étatiser l'univers. Le résultat serait qu'il n'y aurait plus de responsable vers qui se tourner en cas de pollution, et la collectivité dépersonnalisée serait le seul coupable de la pollution. Pire encore, l’Etat ne jouerait plus son rôle de dernier recours, en cas de litige.
Au contraire, il défend l’idée que les problèmes d’efficacité et de gestion liés à l’exploitation des ressources pourraient être résolus par la privatisation de ces ressources. En effet, un propriétaire, responsable d'une ressource naturelle, va l'évaluer et la gérer de façon à maximiser sa richesse et va donc l'entretenir. Pascal Salin prend comme exemple le problème de déforestation des forêts amazoniennes et écrit que « si des entreprises privées, véritablement capitalistes, pouvaient se porter acquéreurs de droits de propriété intégraux sur les forêts tropicales [...] elles seraient incitées à développer les plantations car la valeur de leurs terrains dépendrait de la valeur des arbres susceptibles d'y être coupés dans le futur »[]. Pascal Salin insiste également sur le progrès technique et sur les « capacités d'inventivité de l'esprit humain ».
Sources:
ALLEGRE C, « Réussir la croissance verte », octobre 2009, conférence pour le site www.nonaladecroissance.com
http://www.nonaladecroissance.com/en-video/article/claude-allegre-reussir-la
SALIN P. (2001) "La défense de l'environnement : bien public ou bien privé ?"Ch16, In Libéralisme, Edition Odile Jacob, Paris.
ALLEGRE C. (2007) Ma vérité sur la planète, Plon Fayard, Paris.
LA CONTROVERSE
• La croissance économique au secours de la croissance démographique
• Qui de la croissance ou de la décroissance est au service de l’éthnocentrisme européen