Les institutions financières sont la forme moins académique des économistes. Leur activité principale constitue à étudier les marchés financiers et commerciaux en tout genre, ce qui leur permet d’effectuer des analyses plus proches de la réalité, ou en tout cas moins théoriques que celles des économistes. Leur approche consiste à mettre en avant l’analyse directe des chiffres, plutôt que d’essayer de mettre en place un modèle de prévision d’impact qui pourrait fonctionner. Grâce à ce caractère concret de leurs études, il semblerait que leur voix se fait plus entendre que celle des académiques au sein de la controverse. Pour eux la mesure des impacts est réalisable à court comme à long terme, c’est ce qui leur permet de s’exprimer dans le débat.
Qui sont ils?
- Goldman Sachs:
Goldman Sachs est une banque d’investissement américaine dont le siège social se situe au Finance District de New York. Ses activités principales sont le conseil (fusion-acquisition), le financement d’entreprise, l’investissement de capitaux et le commerce de biens. L’entreprise travaille donc au plus près des données économiques et dispose d’une certaine expertise dans l’analyse financière. C’est avec légitimité qu’ils font part de leurs prévisions économiques et c’est pourquoi on les écoute. Malgré tout, leur contribution à la crise financière de 2007 a porté atteinte à leur image et par conséquent aux idées qu’ils soutiennent.
- Moody’s corporation:
Moody’s Corporation est une agence de notation américaine spécialisée dans la recherche financière à l’échelle internationale. Elle publie chaque année une mesure fiable de la capacité d’endettement des différents pays du globe. Leur savoir faire en terme d’analyse sur la dette des états et des entreprises leur procure un vaste éventail d’outils qui leur permet a priori de mesurer plus ou moins précisément l’impact économique qu’auraient les mega event sportifs. C’est pourquoi de la même manière que les banques d’investissement leur discours est souvent légitime.
Ce qu’ils disent:
Peter Oppenheimer, responsable de la stratégie actions de Goldman Sachs International s’est penché sur la question et malgré son expérience dans le domaine de l’analyse économique, son avis sur la question n’est pas en faveur de la mesure. En effet, l’investissement dans le méga event sportif, que ce soit de la part de l’état où des firmes indépendantes (sponsors, organisateurs) est très difficile à étudier et l’exactitude des projections réalisées laisse à désirer. Les variables à prendre en compte sont beaucoup trop nombreuses et leur évolution est imprévisible. De ce fait, les seuls mesures auxquelles les agences de notation peuvent se fier sont celles faites à court terme. Goldman Sachs montre ainsi que l’impact des « méga events » sur la croissance n’est visible qu’à court terme et qu’il est plutôt faible.
C’est aussi ce que soutient l’agence de notation Moody’s pour qui les méga event n’ont que peu d’impact économique. Cette analyse va dans le sens de celles faites par une grande partie des scientifiques ce qui nous permet à ce stade de placer grossièrement d’un côté les agences de notations et les économistes, d’accord majoritairement sur le fait qu’il est compliqué de mesurer l’impact des événements sportifs et que le résultat de ces mesures comporte une grande incertitude, et de l’autre côté l’état et les organisateurs qui semblent plutôt défendre la possibilité de mesure, bien qu’elle soit imparfaite, afin de justifier et d’encourager l’organisation des « méga events ».