La controverse sur les impacts des évènements sportifs peut être de prime abord abordée via quelques points majeurs explicités ci-dessous:
Les grands évènements sportifs ne sont pas rentables économiquement.
Si l’on raisonne seulement sur les impacts purement financiers, il est vrai que les coûts engendrés par la construction de nouvelles infrastructures (stades, transports…) ne sont pas compensés par les recettes (vente des places, sponsoring….) dans les cas des Jeux Olympiques ou des Coupes du Monde ces 10 dernières années. Cependant, les points de vue diffèrent selon les économistes :
L’économiste Edward Elgar explique dans International Handbook on the Economics of Mega Sporting Events que les dépenses sont sous-estimées et les retombées économiques surestimées par les organisateurs. Patrice Bouvet, journaliste économique, publie en 2013 dans « Revue de la Régulation » une analyse plus mitigée sur la question. Selon lui, les retombées ne sont pas que purement économiques : la satisfaction de la population, la production ou le capital-marque sont autant d’impacts à prendre en compte sur le long terme.
Les grands évènements sportifs sont de plus en plus chers.
Pour les Jeux Olympiques de Pékin en 2008, la Chine a investi 42 milliards de dollars, soit 31 milliards d’euros. Les JO de Londres en 2012 ont coûté 10,4 milliards d’euros, tandis que l’argent investi pour les JO 2016 à Rio est estimé par le Maire de Rio à 11,5 milliards d’euros (le lecteur comprendra après avoir fait le tour de la controverse qu’on ne peut pas raisonnablement penser que les coûts se limiteront à cette somme). Les Jeux Olympiques d’hiver ne sont pas en reste : 5 milliards de dollars (3,7 milliards d’euros) investis en 2010 à Vancouver, 50 milliards de dollars (37 milliards d’euros) pour les JO de Sotchi en 2014.
Mais c’est avec l’organisation de la coupe du monde de football que cette augmentation démesurée des dépenses est la plus frappante. Les journalistes sportifs du site Mondial de Football attirent l’attention du lecteur sur « les questions relatives à la pertinence économique de la compétition » et donnent les chiffres suivants :
France 1998 : 360 millions €
Allemagne 2006 : 430 millions €
Brésil 2014 : 15 milliards €
Russie 2018 : 21 milliards € (estimation)
Qatar 2022 : 146 milliards € (estimation)
Les pays organisateurs trouvent leur intérêt dans ces évènements sportifs.
La promotion d’une image de marque du pays constitue un facteur essentiel dans le choix d’accueillir ou non un grand évènement sportif. Le pays hôte est sous le feu des projecteurs, et c’est l’occasion pour lui de partager sa culture et son patrimoine à travers le monde.
Selon M. Philippe Augier, Maire de Deauville, dans une étude réalisée le président Nicolas Sarkozy en avril 2009 :
« Un grand évènement crée de la visibilité à l’international, grâce à une mise en valeur du patrimoine et à la diffusion d’une image de dynamisme, d’innovation et d’efficacité en tant que pays organisateur. »
Un grand évènement est créateur de valeur, grâce à une créativité boostée pour répondre aux exigences de l’évènement (exemple : la cérémonie d’ouverture), et une approche durable pour le territoire. Ainsi, les JO 2012 ont été l’occasion pour la ville de Londres de combattre la crise du logement qui sévissait alors, avec un vaste projet de rénovation urbaine.
Un grand évènement est un facteur de croissance, grâce à l’attraction des investissements étrangers, à la création d’emplois et au levier de soutien pour les industries du BTP, par exemple.
Le journaliste Philippe Cantin écrit l’article « La Colère des Brésiliens » un an avant le mondial. Il souligne la différence d’intérêts, et donc de perspectives, entre les dirigeants sportifs mondiaux comme la FIFA et le pays organisateur. Dans cet article il est suggéré que le Brésil se fait « exploité » par la FIFA. Il rappelle que certains pays ne veulent pas organiser de tels évènements : la Suisse a rejeté par référendum une candidature pour les JO 2022.
Les pays accueillant de grands évènements sportifs ressentent une nette influence sur le tourisme.
Les retombées économiques dues au tourisme font partie des retombées non prises en compte dans le bilan financier, elles ne sont pourtant pas négligeables.
Dans « l’Echo touristique », Jérôme Bourgigne affirme que tout le monde s’accorde sur une chose : le tourisme connaît un impact positif. Il précise : « Londres en est un bon exemple. La capitale britannique a vu sa fréquentation augmenter de plus de 1,1 % en 2012 et les dépenses des touristes surtout, s’élever de plus de 7 %. Même les jeux grecs d’Athènes (2004) furent une réussite promotionnelle. »
Cependant pour le PDG du tour-opérateur « Voyages du Monde », Jean-François Rial, « l’impact d’une grande manifestation sportive est toujours très, très négatif pour le tourisme ». Il explique que les prix s’envolent et la destination devient alors invendable.
L’organisation de grands évènements sportifs permet d’améliorer les infrastructures et les services du pays hôte.
Des sommes considérables sont dépensées pour construire de nouvelles infrastructures (principalement des stades et des aéroports), pour améliorer le réseau des transports, les conditions sanitaires, ou encore pour revoir l’urbanisation. Victor A. Matheson propose dans « Mega-sporting event in developing nations: playing the way to prosperity? » d’envisager ces progrès comme des « coûts d’opportunités ». Cependant, ces « coûts d’opportunités » n’ont pas toujours les résultats escomptés : si les JO 2012 ont permis à la ville de Londres de lancer un vaste projet de rénovation urbaine aboutissant au nouveau quartier de « East Village », on peut malheureusement aussi citer les stades construits en Grèce pour les JO 2004, qui sont désormais à l’abandon.